Croque-monsieur

Croque-monsieur
Lieu d’origine France
Place dans le service Plat principal, restauration rapide
Température de service Chaud
Ingrédients Pain de mie, jambon blanc, beurre, fromage
Mets similaires Croque-madame, jambon-beurre
Classification Sandwich, cuisine française, cuisine parisienne

Un croque-monsieur ou croquemonsieur est un sandwich chaud traditionnel des cuisine parisienne et cuisine française, variante du croque-madame, à base de pain de mie grillé, de jambon blanc, de beurre et de fromage (emmental, gruyère, comté…).

Il est cuit à la cuisinière, ou plus traditionnellement au feu de bois, au poêle à charbon ou même dans la cheminée grâce à un ustensile de cuisine spécialisé en fonte muni de longs manches (appelé « fer à croque-monsieur » ou « fer à sandwiches »), ou grillé à la poêle, au four, ou encore, depuis les années 1970, dans un appareil à croque-monsieur (en).

Histoire

Plat typique de la cuisine des brasseries, bistros et cafés parisiens (variante du jambon-beurre, avec du jambon de Paris), les plus anciennes mentions connues du croque-monsieur remontent au XIXe siècle, avec par exemple, cet article de La Revue athlétique de 1891 :

« Il est tard et nous avons grand faim. Que faire pour le déjeuner ? Le jambon devient monotone à la longue. Le Diplomate qui est un peu gourmand, en quoi il ressemble à Talleyrand, a une idée « Faisons des croque-monsieur ». Vite le pain à toast, le beurre, le fromage de gruyère, le jambon, un peu de poivre de Cayenne et à l'œuvre. L'un coupe, l'autre beurre, le troisième réunit le tout en sandwichs que Vincent fait sauter dans la poêle. Ils sont exquis, les croque-monsieur, un peu gros peut-être, faits pour des mâchoires de géants, mais qu'importe. On en mange, on y revient, on s'extasie[1]. »

En 1893, dans La Liberté, un journaliste fait l'éloge d'un « plat tout à fait délicieux » qu'il vient de découvrir : les croque-monsieur[2]. Il en donne sensiblement la même recette. Au début du XXe siècle, le croque-monsieur a fait son entrée dans la cuisine familiale[3]. L'apparition du « croque-madame » semble plus tardive, mais néanmoins antérieure[4] à 1948, date indiquée dans la notice du mot dans Le Petit Robert.

Marcel Proust fait mention du croque-monsieur dans À l'ombre des jeunes filles en fleurs, paru en 1919 : « Or, en sortant du concert, comme, en reprenant le chemin qui va vers l'hôtel, nous nous étions arrêtés un instant sur la digue, ma grand-mère et moi, pour échanger quelques mots avec madame de Villeparisis qui nous annonçait qu'elle avait commandé pour nous à l'hôtel des croque-monsieur et des œufs à la crème. »[5],[6]

Lors de la première séance du Dictionnaire de l'Académie française à laquelle Louis Leprince-Ringuet a assisté, en 1966, il a été discuté du mot « croque-monsieur ». La définition retenue a été : « Mets composé de deux tranches de pain de mie entre lesquelles on a placé du jambon recouvert de fromage et que l'on passe au four. » De retour chez lui, madame Leprince-Ringuet lui fit remarquer que c'était bien la preuve que cette assemblée était uniquement masculine, puisque, comme toutes les femmes le savent, un croque-monsieur ne se cuit pas au four, mais au moyen d'un ustensile ménager spécifique. À la session suivante, Louis Leprince-Ringuet montra cet ustensile à ses collègues. Malgré cette démonstration amusante, la définition est restée inchangée[7].

Il serait apparu pour la première fois en 1910 au menu d'un café parisien, boulevard des Capucines[8]. L'origine du mot resterait néanmoins inconnue, la légende urbaine la plus répandue étant que le bistrotier du café, Michel Lunarca[9], aurait lancé à ses clients, sous forme de boutade humoristique et d'idiotisme gastronomique, que la viande du sandwich était du « Monsieur »[10].

Variantes

Le pain, parfois gratiné, peut être baigné dans des œufs battus et de la crème fraîche avant d'être grillé.

Un croque monsieur campagnard peut être préparé avec des tranches de pain de campagne.

Des variantes améliorées peuvent êtres préparées avec de la sauce Mornay ou béchamel, avec un compromis entre le craquant et le moelleux du pain une fois passée au four.

Le croque-madame est un croque-monsieur surmonté d'un œuf au plat (ou œuf à cheval).

L'ajout ou la substitution d'un ingrédient ont donné naissance à d'autres variantes, telles que le sandwich Monte Cristo (en)[11] ou le croque gallois.

Orthographe

Le nom « croque-monsieur » est invariable selon l'orthographe traditionnelle. On trouve néanmoins parfois l'orthographe « croque-messieurs », comme dans le Dictionnaire Quillet de la langue française, édition de 1965[12].

Depuis les rectifications orthographiques du français en 1990, il s'écrit aussi sans trait d'union et alors, il « suit la règle générale du singulier et du pluriel[13],[14] ».

Dans la culture populaire

  • Dans l'épisode 95 de la saison 2 de Kaamelott, Guethenoc se plaint à Arthur que la Bretagne n'a pas de plat national. Soulignant que la paysannerie bretonne produit le plus mauvais vin et le plus mauvais pain, Arthur invite Karadoc pour inventer le fameux plat composé de deux tranches de pain, deux tranches de jambon fumé et deux tranches de fromage. Guethenoc propose de l'appeler le Karadoc, qui répond : « Non, c'est trop long. Ma famille m'appelle Croque. » Arthur présente donc le fameux mets : « Le croque, messieurs[15]. »
  • « Monsieur Croque-Monsieur » est le titre d'une chanson de Chantal Goya[16] et le nom du crocodile dont parle la chanson[17].

Notes et références

  1. « En wherry. Trois semaines dans les broads du Norfolk », sur Gallica, La Revue athlétique, (consulté le ), p. 541.
  2. Arnolphe, « Notes d'un vieux garçon », sur Gallica, La Liberté, (consulté le ), p. 2.
  3. « Leçons complètes de bonne cuisine », encart publicitaire, sur Gallica, Le Petit Écho de la mode, (consulté le ), p. 355.
  4. « Une maison sympathique : Chez Ramponneau, 21 avenue Marceau », sur Gallica, La Semaine à Paris : Paris-guide… : tout ce qui se voit, tout ce qui s'entend à Paris, (consulté le ), p. 53.
  5. « L'histoire du croque-monsieur », sur club-sandwich.net (consulté le ).
  6. Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Paris, Nouvelle Revue française, 1918, tome 2, p. 231.
  7. Bruno Fuligni, Folle histoire. Les gourmands mémorables, Éditions Prisma, 2015 (ISBN 2810416060 et 9782810416066).
  8. « Tartines craquantes et croque-monsieur fondants », www.cuisine.larousse.fr.
  9. « La savoureuse histoire du «croque-monsieur» », sur LEFIGARO (consulté le ).
  10. « Origine des mots », sur originedesmots.blogspot.be (consulté le ).
  11. « Le sandwich Monte Cristo », recette-americaine.com.
  12. « Définition de croque-monsieur », CNRTL (consulté le ).
  13. « Règles », renouvo.org.
  14. « Liste de mots selon l'orthographe de 1990 », renouvo.org.
  15. Hypnoweb, « Kaamelott : S02E95. Le Plat national », sur kaamelott.hypnoweb.net (consulté le ).
  16. Spotify, « Spotify : Chantal Goya, Monsieur Croque-Monsieur ».
  17. « Paroles de la chanson Croque Monsieur par Chantal Goya », sur www.paroles.net (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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