Fontaine de la Croix-du-Trahoir
| Destination initiale |
Fontaine |
|---|---|
| Destination actuelle |
Fontaine |
| Créateurs |
Jacques-Germain Soufflot (structure architecturale), Louis Boizot (sculpture) |
| Construction |
1776 |
| Reconstruction |
et |
| Propriétaire |
Commune |
| Patrimonialité |
Bâtiment protégé par le PLU parisien (d) Inscrit MH () |
| Département | |
|---|---|
| Arrondissement |
| Coordonnées |
48° 51′ 41″ N, 2° 20′ 33″ E |
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La fontaine de la Croix-du-Trahoir est une fontaine publique située au carrefour des rues de l'Arbre-Sec (à hauteur du no 53) et Saint-Honoré (à hauteur du no 111), dans le 1er arrondissement de Paris. Elle est inscrite au titre des monuments historiques depuis le [1].
Bâtiment
Construit en par l'architecte Jacques-Germain Soufflot, comme l'indique une plaque apposée sur la façade nord, c'est un bâtiment technique faisant office de répartiteur d'eau pour les services du Palais-Royal et des hôtels des ministres. Il était alimenté par la pompe de la Samaritaine située sur le Pont-Neuf. Les locaux ont été occupés par les fontainiers jusqu'au milieu du XXe siècle, puis restaurés en sur ordre de Raymond Haas-Picard, alors préfet de la Seine[2]. Le général de Gaulle, président de la République, y a inauguré le [3] la Maison de l'Andorre[4],[5], qui abritait des bureaux touristiques[6] et un musée[2] consacrés à la principauté.
Inoccupé de à , le bâtiment a ensuite été squatté par un collectif d'artistes, Le Laboratoire de la création, qui est aujourd'hui conventionné par la ville de Paris et parrainé par Gao Xingjian, prix Nobel de littérature. Il compte une galerie d'art au rez-de-chaussée, ouverte au public, un studio de musique au sous-sol, et quatre ateliers de plasticiens et cinéastes dans les étages.
Place de la Croix du Trahoir
Ce carrefour se situait au croisement des principales voies nord-sud et est-ouest d'entrée dans Paris. Pendant plusieurs siècles, il a été un des carrefours les plus animés de Paris.
Il doit son nom, « trahoir », anciennement « tiroir », à ce que l'on tirait les étoffes sur la place[7].
Les exécutions capitales de la juridiction de Saint-Germain-l'Auxerrois[8] y ont eu lieu jusqu'en . Y ont notamment été exécutés les faux-monnayeurs, la maison où l'on fabriquait la monnaie étant toute proche[7]. Des luthériens y ont aussi été brûlés vifs le [9]. Le marquis de Bonnesson, meneur de la révolte des sabotiers et huguenot normand, y fut décapité le [10]. Jusqu'en , on y coupait les « oreilles des serviteurs indélicats[11][réf. à confirmer] ». Elle comportait une roue de supplice pour servir d'exemple aux passants et une potence, parfois assimilée à l'« arbre sec[11] ». C'est toutefois une erreur, car l'arbre sec est un arbre mythique des récits de Marco Polo, parfois assimilé au Chêne de Mambré de l'Ancien Testament.
La place comportait une croix d'origine très ancienne pour favoriser les dernières prières des condamnés. Elle a été détruite en [7]. Son soubassement en pierre avec des degrés servait d'étal à des bouchers et marchands de légumes[11].
Lorsque, en vertu de l'édit de François Ier en date du , les effectifs du guet ont été augmentés, plusieurs nouveaux postes ont été créés, dont un à la « croix du Tiroir »[12].
Une station de chaises à porteurs y a été créée en . C'est là qu'a eu lieu l'arrestation de Pierre Broussel, conseiller au Parlement de Paris, surnommé le « père du peuple », le . C'est un épisode marquant du début de la Fronde. Ce carrefour a aussi été le centre d'une répression sanglante, puis des barricades élevées jusqu'à la libération du conseiller. C'est la Journée des barricades du [13].
Le , les trois assassins du baron de Saint-Eglan y ont été exécutés, deux semaines après l'homicide commis le lors de l'attaque du carrosse du duc de Beaufort[14].
Fontaine de la Croix-du-Trahoir
La première fontaine de la Croix-du-Trahoir a été construite par le sculpteur Jean Goujon à l'initiative de François Ier en . Elle a été reconstruite en puis déplacée de quelques mètres en pour améliorer la circulation dans la rue Saint-Honoré.
Jacques-Germain Soufflot, chargé de la rebâtir en , hérita d'une fontaine en très mauvais état. Il l'inscrivit dans un édifice polygonal situé à l'intersection des rues de l'Arbre-Sec et Saint-Honoré. Il confia à Louis-Simon Boizot la sculpture de la nymphe qui apparaît rue Saint-Honoré[11]. Elle est inspirée des nymphes réalisées par Jean Goujon pour la fontaine des Innocents. On remarque l'utilisation d'un bossage en stalactites, similaire à celui de la Fontaine Médicis[15]. Un mascaron permet à l'eau de la fontaine de s'écouler.
Inscription
La fontaine porte l'inscription suivante :
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Fontaine et détail de l'inscription.
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Bas-relief
Bas-relief et détail de l'inscription.
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Notes et références
- ↑ « Fontaine du Trahoir », notice no PA00085807, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Pierre de Lagarde, Guide des chefs-d'œuvre en péril, vol. 1 : Paris et l'Île-de-France, Paris, Jean-Jacques Pauvert, , 160 p. (BNF 35322211), p. 25.
- ↑ La Condition juridique des vallées d'Andorre, Paris, A. Pedone, , VIII-344 p., p. 68.
- ↑ Jacques-Louis Delpal, Paris aujourd'hui, Paris, Jeune Afrique, coll. « … Aujourd'hui » (no 13), , 239 p. (ISBN 2-85258-016-0), p. 105.
- ↑ Adélaïde Barbey (dir.), Paris, Paris, Hachette et Pariscope, coll. « Guides bleus », , 926 p. (ISBN 2-01-015614-5), p. 264.
- ↑ Bernard Champigneulle, Paris : architectures, sites et jardins, Paris, Seuil, , 639 p. (ISBN 2-02-002916-2), p. 135 [lire en ligne].
- Viénot 1914, p. 26.
- ↑ Félix Lazare et Louis Lazare, « Arbre-Sec (rue de l') », dans Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, Paris, F. Lazare, 1844-1849, 1re éd., VIII-702 et 24, p. 24 [lire en ligne] [lire sur Wikisource].
- ↑ Viénot 1914, p. 27.
- ↑ Maxime Du Camp, « La Cour d'assises », dans Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie dans la seconde moitié du XIXe siècle, t. 3, Paris, Hachette, (lire sur Wikisource), p. 133–193.
- « Fontaine de la Croix-du-Tahoir », sur Insecula (version du sur Internet Archive).
- ↑ François Husson, Artisans français : étude historique – Les charpentiers, Paris, Marchal & Billard, , p. 57–58 [lire en ligne].
- ↑ Serge Jodra, « Rue de l'Arbre-Sec, à Paris », sur cosmovisions.com (consulté le ).
- ↑ « Un fait divers en », BnF Essentiels, sur essentiels.bnf.fr, Bibliothèque nationale de France (consulté le ).
- ↑ « La fontaine de la Croix du Trahoir », sur paris-promeneurs.com, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- John Viénot, chap. II « La Croix du Tiroir », dans Promenades à travers le Paris des martyrs, -, Paris, Fischbacher, , 2e éd. (1re éd. 1913), 179 p. (BNF 34054829), p. 23–28 [lire en ligne].
- Marie-Hélène Levadé (photogr. Hughes Marcouyeau), Les Fontaines de Paris : L'eau pour le plaisir, Paris et Bruxelles, Éditions Chapitre Douze, , 592 p. (ISBN 978-2-915345-05-6).
- Dominique Massounie (dir.), Pauline Prévost-Marcilhacy (dir.) et Daniel Rabreau (dir.), Paris et ses fontaines : De la Renaissance à nos jours, Paris, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 318 p. (ISBN 2-905-118-80-6).
Articles connexes
Liens externes
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