Noisetier

Corylus (noisetier, appelé aussi coudrier dans l'Ouest de la France ou avelinier dans l'Est et le Sud, particulièrement dans les Vosges) est un genre d'arbres, d'arbrisseaux et d'arbustes de la famille des Bétulacées (sous-famille des Coryloïdées) des régions tempérées de l'hémisphère nord. Son fruit s'appelle la noisette. Les noisettes sont particulièrement appréciées de nombreux rongeurs (dont l'écureuil qui les stocke pour l'hiver) et de certains ours. Le noisetier est un arbuste forestier (la noisette pouvant alors être considérée comme un produit forestier non ligneux), mais il est cultivé hors des forêts. L'espèce principalement cultivée est le Noisetier commun (Corylus avellana).

Étymologie

Corylus signifie « casque » en latin. C'est une référence à la forme des cupules (bractées membraneuses et frangées) qui entourent la noisette[1].

Si la racine indo-européenne pour l'arbre est koselos, le latin vulgaire emploie corulus pour désigner le coudrier ou noisetier. Corulus est devenu par métathèse en bas latin *colurus , puis *colrus, sous l'influence possible du gaulois *collos, noisetier[2]. On trouve ensuite par altération d'un hypothétique coldir, coudir et l'ancien français coudre. Le mot latin colurētum signifie la coudraie

Cependant le terme français coudrier[3], jadis coudre provient de la suffixation typique en -ier, comme dans peuplier, noisetier, etc.

L'arbre a donné son nom au toponyme Coudray (ou Coudraie, Coudrais, Coudreaux, Cauroir, Caurou, Colroy, Carel, Courade, Coudrasses...)[3], par exemple dans la Manche (Rancoudray, Beaucoudray). On retrouve avelines dans l'est (différents Laveline dans les Vosges) et dans le sud.

Histoire, préhistoire

À l'ère Tertiaire, un ensemble continental englobe l'Amérique du Nord, le Groenland et le nord de l'Asie, jusqu'à la Sibérie et la Chine ; on trouve des noisetiers au Groenland[4].

Avant d'être un arbuste cultivé et d'ornement, le noisetier est une espèce sauvage ancienne, dont le pollen dans les diagrammes polliniques présente des courbes très irrégulières qui ont été associées à des périodes de déglaciation[5] ou de «  mise en lumière » d'un milieu antérieurement boisé (à la suite d'incendies de forêt, de violentes tempêtes ou à la suite d'occupations humaines accompagnant des défrichements (avec ou sans mises en culture).

De telles observations ont été faites par exemple dans le Jura par Hervé Richard en 1995[6], ou encore dans le Nord de l'Angleterre, au sud de l'Écosse ou en Irlande par Oliver Rackham (1980) dès le Néolithique[7]. Les pics passés de pluies de pollens fossilisées dans les tourbières correspondent d'ailleurs à des pics de pollens d'herbacées remarquait Bent Aaby au Danemark en 1986[8] et/ou de plantes typiquement héliophiles de milieux ouverts comme Calluna ou Pteridium complétait Svend Thorkil Andersen en 1973[9], pouvant signer des modifications du milieu induites par des troupeaux d'herbivores ou une déforestation d'origine humaine (quand par exemple l'accroissement de la pluie de pollens de Corylus s'accompagne de l'apparition de celle de plantes cultivées (Richard, 1997) ou de traces de pâturage (forte proportion de plantes herbacées selon Andersen, 1988)[10].

Ces traces des pluies polliniques anciennes sont conservées dans les tourbières, mais aussi dans le sol de certaines grottes[11] et les sédiments lacustres (ainsi un sondage palynologique des sédiments du lac de Remoray a montré dans le Doubs une apparition de pollens de céréales (Richard et Ruffaldi, 1996) concomitante à une augmentation de pollens du noisetier.

Principales espèces

Le genre Corylus compte onze espèces :

Galerie photos

Autres usages et homonymes

D'autres espèces peuvent porter le nom de noisetier sans en être, par exemple

Références

  1. (en) David Gledhill, The Names of Plants, Cambridge University Press, , p. 122
  2. Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, éditions Errance, 1994.
  3. Roger Brunet, Trésor du terroir. Les noms de lieux de la France: Les noms de lieux de la France, CNRS Editions, (ISBN 978-2-271-09278-6, lire en ligne)
  4. Henri Gaussen, Géographie des plantes, Paris, Armand Colin, , 222 p., p. 55
  5. Clark J.S, T.J Merk & Muller H (1989) Postglacial fire, vegetation, and Human history on the northern Alpine forelands, south-western Germany. Journal of Ecology, 77, 897-925
  6. Richard Hervé (1995) Analyse de l'anthropisation du milieu à partir de quelques exemples de variations de pollens d'arbres et d'arbustes. L'homme et la dégradation de l'environnement, XVe Rencontres lnternationales d'Archéologie et d'Histoire d'Antibes, eds APDCA, Sophia-Antipolis, 143-159.
  7. Rackham 0liver (1980) Ancient woodland its history, vegetation and uses in England. Edward Arnold, London, 402p.
  8. Aaby Bent (1986) Trees as anthropogenic indicators in regional pollen diagrams from eastern Denmark. In: Geological survey of Denmark, A.A. Balkema (eds), Copenhagen. 73-93.
  9. Andersen Svend Thorkil (1973) The differential pollen productivity of trees and its significance for the interpretation of a pollen diagram from a forested region. In: Quaternary plant ecology. H.J.B. Birks & R.G. West (eds). Blackwell Scientific Publications, Oxford, 109-115.
  10. Andersen S.T (1988) Changes in cultural practices in the Holocene indicated in a pollen diagram from a small hollow in Denmark. In: The cultural lanscape past, present and future. H. H. Birks, H.J.B. Birks, P.E. Kaland & D. Moe (eds), Cambridge University Press, 394-402.
  11. ex : Leroi-Gourhan A (1959) Résultats de l'analyse pollinique de la grotte d'Isturitz. Bulletin de la Société préhistorique de France, 56(Fasc. 9/10), 619-624.
  12. Moupela, C., Vermeulen, C., Lebailly, P., Brostaux, Y., & Doucet, J. L. (2010). Étude écologique d'une espèce importante pour l'alimentation des populations forestières: cas du noisetier d'Afrique (Coula edulis) à l'est du Gabon.
  13. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 23.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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