Condition des personnes transgenres sous le Troisième Reich

Dans l'Allemagne nazie, les personnes transgenres sont victimes de persécution : interdites de participer à la vie publique, attaquées en justice, forcées à détransitionner, emprisonnées ou tuées dans des camps de concentration. Certaines personnes transgenres sont épargnées ou traitées différemment pour plusieurs raisons : être considérées comme aryennes, être considérées hétérosexuelles par rapport à leur sexe assigné à la naissance, ou encore dotées de connaissances et compétences rendant leur travail important.

Tout ceci se fait sur la base de lois existantes mais qui ne sont pas appliquées sous la république de Weimar. En effet, à cette période, l'Allemagne est un havre de paix pour les personnes LGBT, notamment grâce aux recherches de Magnus Hirschfeld pour son Institut de sexologie. À partir de 1933, les communautés homosexuelles et transgenres sont persécutées, les certificats de travestissement ne sont plus considérés comme valables et la littérature LGBT est détruite.

La persécution des personnes trans est méconnue, ce qui a amené à une reconnaissance tardive en tant que victimes du régime nazi. Le nombre de personnes transgenres emprisonnées et tuées dans les camps de concentration est difficile à estimer.

Méthodologie

Magnus Hirschfeld reconnaît dès les années 1920 la catégorie des « travestis totaux » ou « travestis extrêmes »[1],[2]. En 1923, il invente le terme de transsexualité (transsexualismus)[3]. À l'époque, en allemand, on utilise le plus souvent les mots travestit pour les personnes transféminines et travestitin pour les personnes masculines[4]. La différence entre les personnes transgenres et travesties est donc très ténue à l'époque, rendant l'étude de l'histoire des personnes transgenres difficile[4],[5].

Contexte de la république de Weimar

Faible application des lois de l'empire allemand

Sous l'Empire allemand, il n'est pas illégal d'être transgenre en soi. Cependant, deux textes de loi affectent les personnes transgenres, notamment les femmes trans : le Paragraphe 175 interdit l'homosexualité masculine et le Paragraphe 183 interdit le travestissement en public. Ces lois ne sont cependant appliquées que si elles mènent à un problème d'ordre public. Elles ne se basent pas sur les papiers d'identité mais sur l'apparence, ainsi les personnes trans ayant un passing correct ne sont pas visées par ces lois[4]. Ainsi, la persécution policière des personnes transgenres et travesties est à géographie variable et aléatoire[4],[6],[7].

Âge d'or de Berlin

En 1928, le médecin et sexologue Magnus Hirschfeld convainc la direction de la police de Berlin de créer des « certificats de travesti » pour ne pas être arrêtées sous suspicion de travestissement public. Il s'agit d'une des premières reconnaissances juridiques du statut des personnes transgenres dans le monde[7],[8].

Sous la république de Weimar, les personnes transgenres ont plus de droits que jamais auparavant en Europe[9],[10]. La recherche sur la transition de genre médicale avance rapidement sous l'impulsion de Magnus Hirschfeld, qui fonde le Comité scientifique humanitaire pour dépénaliser l'homosexualité en 1897 et l'Institut de sexologie en 1919 pour étudier la transidentité[11],[12],[13]. En 1920, Friedrich Radszuweit fonde la Fédération des droits humains, qui milite pour les droits des personnes homosexuelles et transgenres. Dans la même décennie, Max Spohr fonde une maison d'édition de textes LGBT[14].

À l'Institut de sexologie se déroulent les premières études académiques de médecine de la transidentité. L'institut accueille certaines des premières opérations médicales de transition de genre, dont la transition hormonale. Ses chirurgiens, dont Ludwig Levy-Lenz et Erwin Gohrbandt, effectuent des chirurgies de réattribution sexuelle d'homme vers femme et de féminisation faciale pour les femmes trans et des chirurgies de masculinisation faciale, mastectomies, hystérectomies et ovariectomies pour les hommes trans[15]. Plusieurs personnalités transgenres de l'époque sont traitées à l'Institut de sexologie, dont Lili Elbe, Dora Richter, Toni Ebel et Gerd Katter[16],[17],[18]. L'Institut emploie par ailleurs des personnes trans pour la réception et le nettoyage, dont Ebel et Richter[19].

De 1930 à 1932 paraît le journal Das 3. Geschlecht, le premier journal transgenre connu au monde[9]. Le journal lesbien Freundin inclut régulièrement un supplément pour femmes trans ou hommes travestis[20]. La république de Weimar autorise même quelques changements de prénom à l'état civil[9]. Des clubs comme Eldorado sont connus pour leurs artistes transgenres et s'adressent à des publics homosexuels et hétérosexuels[21],[22],[9] ; d'autres clubs existent ailleurs qu'à Berlin, dont un Eldorado à Hanovre, qui reste ouvert six mois en 1930[21], le Dornröschen à Cologne qui emploie les deux artistes transféminines Tilla et Resi, et plusieurs clubs à Hambourg[4].

Premières persécutions dans les années 1920

Le mouvement homosexuel et l'Institut de sexologie sont la cible des critiques de conservateurs. Le Parti nazi, ainsi que de nombreuses églises catholiques et protestantes, les accusent d'être dégénérés, anti-allemands et de promouvoir des mœurs contraires aux valeurs familiales[23],[20].

Magnus Hirschfeld est personnellement visé à plusieurs reprises, à la fois dans le débat politique et dans la presse. En 1921, il est attaqué et battu dans la rue à Munich[24].

Les conservateurs s'attaquent notamment à la littérature LGBT, qu'ils considèrent comme relevant de la pornographie. Ils font passer la loi de 1926 sur les publications néfastes pour limiter ou réguler la circulation de ces contenus[20].

Coup de Prusse et repénalisation de l'homosexualité et du travestissement

Le , Franz von Papen organise le coup de Prusse. Von Papen, un catholique conservateur, fait appliquer beaucoup plus strictement qu'auparavant le paragraphe 175, qui interdit les relations entre hommes, ainsi que d'autres textes pénalisant l'homosexualité et le travestissement dans la région berlinoise[25]. Le gouvernement Papen essaie par ailleurs d'interdire la littérature LGBT ou pornographique, sans grand succès, notamment parce que les magistrats refusent très souvent de condamner les accusés[25].

À partir de 1932, les bars gay, lesbiens et transgenres sont régulièrement visés par des descentes de police. Aucun nouveau bar LGBT n'obtient d'autorisation d'activité[25]. Début 1933, il est très probable que tous les bars Eldorado aient fermé leurs portes[6],[21]. La vaste majorité des certificats de travestissement sont soit officiellement révoqués, soit ignorés par la police en cas de contrôle[26].

Opinion des Nazis au sujet de la transidentité

En règle générale, les Nazis considèrent que les personnes non cisgenres sont affligées d'une maladie mentale qui ne peut pas, et ne devrait pas, être soignée[27],[5]. Les Nazis soutiennent et renforcent les rôles de genre traditionnels et conservateurs dans la société allemande, ce qui implique de combattre les identités transgenres ainsi que les présentations non conformes, comme les lesbiennes butch et les homosexuels efféminés[27].

Les peines sont différentes entre des femmes trans et des hommes homosexuels, ce qui montre une conscience que les deux types de personnes sont différents[28],[27],[29], mais le gouvernement nazi ne s'intéresse pas suffisamment à la transidentité pour arriver à des décisions cohérentes et standardisées à leur sujet[30].

Circonstances aggravantes

Dans les cas juridiques, le travestissement et la transidentité sont considérés comme des circonstances aggravantes dans la pénalisation de l'homosexualité. Ainsi, les femmes transgenres font face à des peines plus lourdes que des hommes homosexuels ; les femmes transgenres lesbiennes ne sont pas considérées comme des homosexuels, mais tombent quand même sous le coup de la loi[26],[30].

Circonstances atténuantes

Une partie des personnes trans peuvent échapper à certaines formes de persécution si elles sont aryennes et considérées comme hétérosexuelles (c'est-à-dire, exclusivement attirées par des personnes du sexe opposé à leur sexe de départ), d'autant plus si elles peuvent fournir un travail utile[9].

Une lesbienne transgenre connue sous le nom de R., considérée comme hétérosexuelle, Aryenne et bonne travailleuse, est arrêtée en 1938 et libérée deux ans plus tard. Elle refuse de changer de comportement et est à nouveau arrêtée en 1941. Le 10 novembre 1941, elle est envoyée à l'hôpital de Berlin-Wittenau pour « devenir un membre fonctionnel de la Volksgemeinschaft » en subissant une thérapie de conversion. Elle meurt, probablement par suicide, le 12 mars 1943[9].

Destruction de l'Institut de sexologie

Adolf Hitler est élu chancelier allemand le et il met rapidement en place de nombreuses actions contre les personnes homosexuelles et travesties. Le , un groupe d'étudiants du Nationalsozialistischer Deutscher Studentenbund accompagné d'une fanfare se rend à l'Institut de sexologie[25]. N'y trouvant pas Hirschfeld, qui est en congrès à l'étranger[19], ils scandent Brenn Hirschfeld (« Brûle, Hirschfeld! ») et pillent l'Institut. Ils arrachent les portraits et illustrations des murs, versent des bouteilles d'encre sur les tapis et détruisent les collection pendant que la fanfare joue à l'extérieur[19],[25]. Certains étudiants posent pour des photos pendant le pillage[25].

L'après-midi, la Sturmabteilung (SA) arrive et confisque tous les biens de l'Institut, dont des milliers de livres et de documents d'archive de la bibliothèque[19]. Les seuls documents épargnés sont les questionnaires médicaux de Hirschfeld : on ne sait pas si c'est parce que les employés de l'Institut parviennent à convaincre les SA qu'il s'agit de simples dossiers médicaux ou si c'est parce qu'ils sont si nombreux et lourds que les SA ne sont pas équipés pour les emmener[19]. En 1933, l'hebdomadaire français Voilà estime les pertes à 14 000 ouvrages[31], un nombre revu à la hausse par les historiens[32].

Quatre jours plus tard, le , un autodafé a lieu sur l'Opernplatz. Y sont brûlés jusqu'à 25 000 ouvrages de l'Institut, dont la majorité n'existent qu'en un exemplaire[33],[34],[35],[25],[36].

L'Institut de sexologie ferme définitivement après l'attaque[19]. Hirschfeld s'exile en France jusqu'à sa mort en 1935[37],[38] et son image est régulièrement utilisée dans la propagande anti-juive et anti-homosexuelle des Nazis[39],[38]. D'autres employés de l'Institut fuient l'Allemagne, comme le chirurgien Ludwig Levy-Lenz, tandis que quelques personnes dont Erwin Gohrbandt collaborent. Gohrbandt devient médecin pour la Luftwaffe puis mène des expérimentations médicales sur des prisonniers de Dachau[39]. Dora Richter disparaît pendant l'attaque, et on ne découvre qu'en 2024 qu'elle a survécu, changé de sexe à l'état civil en 1946 et est morte en 1966[40] ; jusque-là, le consensus était qu'elle est morte le [23],[41],[42].

Pénalisation du travestissement

Identification par la délation

En raison de la difficulté à identifier des personnes trans avec un passing de genre ou des personnes qui ne se travestissent qu'en privé, le gouvernement nazi s'appuie essentiellement sur la délation, souvent de la part de voisins, pour persécuter les personnes trans[28],[27].

À cette époque, un préjugé veut que les personnes trans soient menteuses par nature en raison de leur « mensonge » sur leur genre, ce qui motive certaines dénonciations[27]. Pendant la Première Guerre mondiale, le préjugé est si répandu que les personnes trans sont encouragées par leurs propres associations à ne pas se montrer en public dans leur genre d'arrivée, afin de ne pas être accusées de traîtrise[28]. Les délations proviennent aussi de personnes convaincues par la propagande nazie[27].

Criminalisation

Le 10 octobre 1936, l'Office central du Reich pour la lutte contre l'homosexualité et l'avortement est créé par décret de Heinrich Himmler et reçoit la mission d'établir des règlements sur la pénalisation de l'homosexualité. Les poursuites envers les personnes transgenres font également partie de ses missions. Spécifiquement, l'office est responsable de « collaborer à la conception du traitement des dégénérés sexuels par la police de sécurité », le public étant constitué de « travestis, fétichistes, et d'autres »[5]. La branche « homosexualité » de la Gestapo est également impliquée dans la recherche et la persécution des personnes transgenres[5].

Les personnes transgenres sont arrêtées en masse et leurs communautés en Allemagne se délitent[43]. Le paragraphe 175, qui condamne l'homosexualité et parfois le paragraphe 183 (en), qui s'attaque à l'exhibitionnisme et inclut l'interdiction du travestissement, sont utilisés à l'encontre des personnes trans et surtout des femmes transgenres[44]. Le gouvernement nazi fait arrêter les magazines trans encore en circulation, bien que le principal, Das 3. Geschlecht, ait déjà fermé en 1933 à la mort de Friedrich Radszuweit[45].

Les hommes transgenres subissent des persécutions différentes de celles des femmes transgenres, et certains peuvent même continuer à vivre sous leur identité masculine sous le régime nazi. Un homme trans est arrêté pour travestissement en août 1940 et libéré après avoir promis de ne plus s'habiller qu'en femme, une forme de détransition[46]. Un facteur trans du nom de Gerd W. demande en 1940 à retrouver son certificat de travestissement, qui lui est accordé à condition de n'avoir aucune relation sexuelle avec des femmes[46].

Camps de concentration

Les prisonniers catégorisés comme homosexuels et/ou travestis peuvent être forcés à porter le triangle rose[47]. Des femmes trans considérées comme des homosexuels par les Nazis[48] sont concernées par ce triangle[49]. Il arrive que le triangle noir des personnes « socialement inadaptées » soit utilisé pour des personnes assignées femmes à la naissance, dont les femmes cisgenres lesbiennes et hommes transgenres ; c'est un autre motif d'envoi en camp de concentration[50]. Les femmes trans sont beaucoup plus ciblées que les personnes transmasculines[51],[26].

Il est certain que de nombreuses personnes trans sont emprisonnées et tuées dans les camps de concentration nazis, bien qu'on ne puisse pas les compter précisément[52],[53] ; on sait qu'environ 10 à 15 000 hommes gay, une catégorie incluant certainement les femmes trans dans ce contexte, ont été déportés[54]. De nombreuses personnes trans sont enfermées sans procès[27] ou leur trace est perdue en raison de l'utilisation incohérente de leurs deux identités dans les rapports. D'autres sont clairement condamnées à la déportation, mais leur arrivée en camp n'est pas enregistrée : c'est le cas de la propriétaire de clubs dansants Toni Simon[6],[26].

À la fin de la guerre, les personnes trans ne sont pas toutes libérées. Certaines deviennent des prisonnières de droit commun[48].

Femmes transgenres en camp de concentration

Le 11 novembre 1933, la police de la ville de Hambourg reçoit l'ordre de surveiller les personnes travesties et de les déporter[51],[26].

Kurt von Ruffin, un survivant gay du camp de concentration de Lichtenburg, raconte que le personnel du camp traite les personnes trans avec encore plus de violence que les autres. Les femmes trans déportées sont forcées à se mettre nues devant les autres puis humiliées, insultées et frappées. Il témoigne qu'une femme trans est forcée à ôter ses vêtements féminins puis qu'un garde la noie dans des toilettes sales[27].

Lucy Salani est internée à plusieurs camps dont Dachau ; elle est libérée et meurt en 2023. C'est la seule survivante trans italienne connue[55],[56],[57]. Une femme trans autrichienne, Bella P., est déportée après avoir été condamnée pour « fornication contre-nature »[58]. Une femme trans, H. Bode, est tuée à Buchenwald[6].

La femme trans et travailleuse du sexe allemande Liddy Bacroff demande à subir une castration volontaire le 4 avril 1938 lors de son procès pour avoir eu un rendez-vous amoureux dans un restaurant avec un homme[30],[59]. Elle est arrêtée plusieurs fois auparavant en raison de lois contre l'homosexualité, dont le paragraphe 175, et contre la prostitution. Elle exprime par cette demande une volonté de guérir de l'homosexualité, qu'elle présente comme la maladie l'ayant poussée vers la prostitution[59]. Elle est examinée par le docteur Wilhelm Reuss à Hambourg, qui affirme qu'elle est « travesti jusqu'à la mœlle […] son habitus entier est féminin et infantile, la voix eunuquoïde ». Il en conclut que Bacroff n'étant jamais la personne pénétrante lors des rapports sexuels, la castration n'arrêterait pas son comportement[30]. Bacroff est donc renvoyée en prison. Fin 1942, elle est déportée au camp de concentration de Mauthausen, où elle est tuée le 6 janvier 1943[60],[30],[59].

Hommes transgenres en camp de concentration

Gerd Kubbe perd son certificat de travestissement en 1933. Il est arrêté en janvier 1938 pour travestissement sur les ordres de Reinhard Heydrich et déporté au camp de concentration de Lichtenburg[46],[5]. En octobre de la même année, il est libéré et reçoit un nouveau certificat de travestissement qui l'autorise à s'habiller en homme et conserver son nom masculin, mais lui interdit d'utiliser des toilettes ou bains publics sous une apparence masculine[46],[26].

Postérité

Reconnaissance universitaire

La reconnaissance de la transidentité ne prend forme qu'à la fin du XXe siècle, après la répression des premières communautés de la république de Weimar[61]. Le monde universitaire s'y intéresse peu, et la recherche sur les conditions de vie des personnes transgenres sous le régime nazi ne démarre que dans les années 2010[6].

Reconnaissance juridique et administrative

Le 23 juin 2017, le Bundestag vote des réparations pour les victimes du Paragraphe 175. Toutes les personnes ayant été arrêtées en raison de cette loi sont innocentées et reçoivent 3 000  (3 551,27 2024) et 1 500  (1 775,64 2024) supplémentaires pour chaque année passée en prison[62].

L'année suivante, le gouvernement allemand consacre sa commémoration annuelle des victimes du nazisme aux victimes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres du génocide. La présidente du Bundestag Bärbel Bas affirme que la visibilité des souffrances de toutes les victimes est importante. Le statut des personnes trans en tant que victimes de la Shoah est reconnu par la Human Rights Campaign[63], Amnesty International[64], le Parlement européen[65], le Museum of Jewish Heritage[66] et l'Organisation des Nations unies[67].

Négationnisme

La chercheuse Eli Erlick affirme que : « L'une des formes les plus courantes de négationnisme prétend que les personnes queer et trans n'ont pas été persécutées[68] ». En anglais, l'historien spécialiste de l'Holocauste Waltman Beorn (en) présente ces définitions : « Le terme "Shoah" fait référence au génocide des personnes juives uniquement. Le terme "Holocauste" est, typiquement, beaucoup plus inclusif pour toutes les victimes de la persécution systématique des Nazis […], incluant les personnes homosexuelles et transgenres »[69].

En 2022, la biologiste allemande Marie-Luise Vollbrecht, dont une conférence gender-critical a été annulée quelques mois plus tôt, tweete que dire que les personnes transgenres ont été persécutées sous le nazisme « se moque des vraies victimes de la Shoah ». La Société allemande pour la transidentité et l'intersexuation lance en réponse le hashtag #MarieLeugnetNS-Verbrechen (« Marie nie les crimes nazis ») et elle porte plainte pour diffamation auprès du tribunal régional de Cologne[70],[71],[72]. Le tribunal régional de Cologne statue que nier que les personnes transgenres aient été victimes des nazis relève bien du négationnisme et que la Société allemande pour la transidentité et l'intersexuation ne l'a donc pas diffamée[6],[70],[71],[72].

Le 13 mars 2024, une personne tweete à J. K. Rowling : « Les Nazis ont brûlé les livres de médecine et d'études trans, pourquoi voulez-vous autant soutenir leur idéologie sur le sujet du genre ? », en référence aux positions transphobes de l'autrice[73],[74]. Rowling répond en public : « Comment avez-vous pu écrire cela et l'envoyer sans vous dire "Je devrais vérifier mes sources, parce que j'ai peut-être eu un délire fiévreux" ? »[73],[75],[74],[54]. De nombreuses réponses lui partagent l'histoire de l'Institut de sexologie, notamment un long thread très médiatisé de George Takei[75]. L'avocate spécialisée en droits civiques Alejandra Caraballo lui répond qu'elle est en train de tenir des propos négationnistes[74],[75]. La journaliste britannique Rivkah Brown tient les mêmes propos : elle est Britannique et J. K. Rowling menace de lui intenter un procès en diffamation, chose beaucoup plus complexe pour un ressortissant étranger. Brown supprime son tweet[54]. Certains journaux rappellent le procès de Cologne tenu deux ans plus tôt[73]. D'autres personnes encore font le lien entre ces propos négationnistes et la description controversée des gobelins de l'univers de Harry Potter, des personnages correspondant à de nombreux stéréotypes antisémites[73],[75]. Rowling publie sur son blog personnel qu'elle est un soutien de la communauté juive et que les accusations sont « infondées et écœurantes[76] ».

Notes et références

  1. Sutton, « "We Too Deserve a Place in the Sun": The Politics of Transvestite Identity in Weimar Germany », German Studies Review, vol. 35, no 2,‎ , p. 348 (DOI 10.1353/gsr.2012.a478043, JSTOR 23269669, lire en ligne)
  2. « Paragraph 175 and the Nazi Campaign against Homosexuality », The United States Holocaust Memorial Museum (consulté le ) : « Not everyone arrested under Paragraph 175 identified as a man. During the German Empire and the Weimar Republic, Germany was home to a developing community of people who identified as 'transvestites.' [...] Initially, this term encompassed people who performed in drag, people who cross-dressed for pleasure, as well as those who today might identify as trans or transgender. »
  3. (en) Marc-Antoine Crocq, « How gender dysphoria and incongruence became medical diagnoses – a historical review », Dialogues in Clinical Neuroscience, vol. 23, no 1,‎ , p. 44–51 (ISSN 1958-5969, PMID 35860172, PMCID 9286744, DOI 10.1080/19585969.2022.2042166 )
  4. Katie Sutton, « "We Too Deserve a Place in the Sun": The Politics of Transvestite Identity in Weimar Germany », German Studies Review, vol. 35, no 2,‎ (DOI 10.1353/gsr.2012.a478043, JSTOR 23269669, lire en ligne [archive du ] , consulté le )
  5. (de) Ilse Reiter-Zatloukal, « Geschlechtswechsel unter der NS-Herrschaft "Transvestitismus", Namensänderung und Personenstandskorrektur in der "Ostmark" am Beispiel der Fälle Mathilde/Mathias Robert S. und Emma/Emil Rudolf K. » [« Changement de genre des « travestis » sous le régime nazi, changement de nom et d'état civil dans l'Ostmark avec l'exemple de Mathilde/Mathias Robert S. et Emma/Emil Rudolf K. »], Beiträge zur Rechtsgeschichte Österreichs, vol. 1,‎ , p. 172–209 (DOI 10.1553/BRGOE2014-1s172, lire en ligne, consulté le )
  6. (en-US) Laurie Marhoefer, « Historians are learning more about how the Nazis targeted trans people », sur The Conversation, (consulté le )
  7. (en) J. Caplan, « The Administration of Gender Identity in Nazi Germany », History Workshop Journal, vol. 72, no 1,‎ , p. 171–180 (ISSN 1363-3554 et 1477-4569, DOI 10.1093/hwj/dbr021, lire en ligne, consulté le )
  8. (en-US) Livia Gershon, « Gender Identity in Weimar Germany », sur JSTOR Daily, (consulté le )
  9. (en) Zavier Nunn, « Trans Liminality and the Nazi State », Past & Present, vol. 260, no 1,‎ , p. 123–157 (ISSN 0031-2746 et 1477-464X, DOI 10.1093/pastj/gtac018, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Arnaud Alessandrin, Transidentities: the History of a Category, (lire en ligne)
  11. (en-US) Emma Finamore, « Meet the gay doctor and LGBT+ activist who became a Nazi target », sur PinkNews | Latest lesbian, gay, bi and trans news | LGBTQ+ news, (consulté le )
  12. (en) « Documenting Berlin's Gay History », Deutsche Welle,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Kate Fisher et Jana Funke, « Sexual science beyond the medical », The Lancet, vol. 387, no 10021,‎ , p. 840–841 (DOI 10.1016/S0140-6736(16)00517-1, lire en ligne, consulté le )
  14. (de) Stephen Micheler, « Zeitschriften, Verbände und Lokale. » [archive du ], (consulté le )
  15. Robert Beachy, Gay Berlin: birthplace of a modern identity, Knopf, (ISBN 978-0-307-27210-2)
  16. (en) Marta V Vicente, « The Medicalization of the Transsexual: Patient-Physician Narratives in the First Half of the Twentieth Century », Journal of the History of Medicine and Allied Sciences, vol. 76, no 4,‎ , p. 392–416 (ISSN 0022-5045 et 1468-4373, DOI 10.1093/jhmas/jrab037, lire en ligne, consulté le )
  17. (en) Marc-Antoine Crocq, « How gender dysphoria and incongruence became medical diagnoses – a historical review », Dialogues in Clinical Neuroscience, vol. 23, no 1,‎ , p. 44–51 (ISSN 1958-5969, PMID 35860172, PMCID 9286744, DOI 10.1080/19585969.2022.2042166, lire en ligne, consulté le )
  18. (de) tagesschau.de, « Berlin: Was wurde aus Dora? » [archive du ], sur tagesschau.de (consulté le )
  19. (en) Heike Bauer, « The Hirschfeld Archives: Violence, Death, and Modern Queer Culture », sur hcommons.org (DOI 10.17613/m6m20d, consulté le )
  20. (en-US) Hannah Steinkopf-Frank, « Publishing Queer Berlin - JSTOR Daily », JSTOR Daily,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  21. Clayton John Whisnant, Queer identities and politics in Germany: a history, 1880-1945, Harrington Park Press, (ISBN 978-1-939594-09-9 et 978-1-939594-08-2), p. 94-102, 201
  22. (de) « Das Eldorado - Berlin Street » (consulté le )
  23. (en-US) Harvard Public Health Magazine, « To protect gender-affirming care, we must learn from trans history », Harvard Public Health Magazine,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  24. (en) « Magnus Hirschfeld », dans Holocaust Encyclopedia (lire en ligne [archive du ])
  25. Laurie Marhoefer, Sex and the Weimar Republic: German homosexual emancipation and the rise of the Nazis, University of Toronto Press, coll. « German and European studies », (ISBN 978-1-4426-4915-6 et 978-1-4426-2657-7, OCLC 907565880, lire en ligne), p. 174-187
  26. (en) Laurie Marhoefer, « Transgender Life and Persecution under the Nazi State: Gutachten on the Vollbrecht Case », Central European History, vol. 56, no 4,‎ , p. 595–601 (ISSN 0008-9389 et 1569-1616, DOI 10.1017/S0008938923000468, lire en ligne, consulté le )
  27. W. Jake Newsome, Pink triangle legacies: coming out in the shadow of the Holocaust, Cornell University Press, (ISBN 978-1-5017-6550-6 et 978-1-5017-6549-0)
  28. (en) Laurie Marhoefer, « Lesbianism, Transvestitism, and the Nazi State: A Microhistory of a Gestapo Investigation, 1939–1943 », The American Historical Review, vol. 121, no 4,‎ , p. 1167–1195 (ISSN 0002-8762 et 1937-5239, DOI 10.1093/ahr/121.4.1167, lire en ligne, consulté le )
  29. (en) Laurie Marhoefer, « Transgender Life and Persecution under the Nazi State: Gutachten on the Vollbrecht Case », Central European History, vol. 56, no 4,‎ , p. 595–601 (ISSN 0008-9389 et 1569-1616, DOI 10.1017/S0008938923000468, lire en ligne, consulté le )
  30. (en) Bodie A Ashton, « The Parallel Lives of Liddy Bacroff: Transgender (Pre)History and the Tyranny of the Archive in Twentieth-Century Germany », German History, vol. 42, no 1,‎ , p. 79–100 (ISSN 0266-3554 et 1477-089X, DOI 10.1093/gerhis/ghad071, lire en ligne, consulté le )
  31. « Voilà n°119 - VOILAsurlenet », sur collections.museeniepce.com (consulté le )
  32. (en) Zavier Nunn, « Trans Liminality and the Nazi State », Past & Present, vol. 260, no 1,‎ , p. 123–157 (ISSN 0031-2746 et 1477-464X, DOI 10.1093/pastj/gtac018, lire en ligne, consulté le )
  33. (en) Tim Fitzsimons, « Historian unearths evidence of one of America's earliest gay rights activists » [archive du ], sur NBC News, (consulté le )
  34. (en) Christopher Turner, « The rise and rise of sexology » [archive du ], sur The Guardian, (consulté le )
  35. (en) Irene Katz Connelly, « It was a pioneering trans library — until the Nazis burned it », sur The Forward, (consulté le )
  36. (en) The Holocaust: an encyclopedia and document collection, ABC-CLIO, (ISBN 978-1-4408-4084-5), p. 457-458
  37. Charlotte Wolff, Magnus Hirschfeld: a portrait of a pioneer in sexology, Quartett Books, (ISBN 978-0-7043-2569-2)
  38. (en) Ralf Dose, Magnus Hirschfeld and the origins of the gay liberation movement, Monthly Review Press, (ISBN 978-1-58367-439-0)
  39. (en) Brandy Schillace, « The Forgotten History of the World's First Trans Clinic », sur Scientific American, (consulté le )
  40. (de) « Dora ging nach Böhmen », sur www.rbb24.de, (consulté le )
  41. (de) « Was wurde aus Dora? » [archive du ], sur www.rbb24.de (consulté le )
  42. (en-US) Hannah Thomasy, « A Rose for Dora Richter », Proto Magazine,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  43. (en-US) « Transgender Experiences in Weimar and Nazi Germany », Museum of Jewish Heritage — A Living Memorial to the Holocaust,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  44. « Paper: Trans Identities and "Cross Dressing" in Nazi Germany: Trans People as a Discrete Target of State Violence (134th Annual Meeting (January 3-6, 2020)) » [archive du ], sur aha.confex.com (consulté le )
  45. (en) Laurie Marhoefer, « Transgender Life and Persecution under the Nazi State: Gutachten on the Vollbrecht Case », Central European History, vol. 56, no 4,‎ , p. 595–601 (ISSN 0008-9389 et 1569-1616, DOI 10.1017/S0008938923000468, lire en ligne, consulté le )
  46. (en) J. Caplan, « The Administration of Gender Identity in Nazi Germany », History Workshop Journal, vol. 72, no 1,‎ , p. 171–180 (ISSN 1363-3554 et 1477-4569, DOI 10.1093/hwj/dbr021, lire en ligne, consulté le )
  47. (en-US) W. Jake Newsome, « Why We Need the Pink Triangle in the Era of “Don’t Say Gay” », sur Nursing Clio, (consulté le )
  48. (en) « Nazi Persecution of Queer People | Pink Triangle Legacies Project », sur Pink Triangle LP (consulté le )
  49. Danielle Bobker, « Ce que nous commémorons le 14 février, Journée du triangle rose », sur ledevoir.com, (consulté le )
  50. (en-CA) « Queer Women and AFAB People During the Holocaust », sur Making Queer History, (consulté le )
  51. (en-US) « Illuminating the Darkness - OutSmart Magazine » [archive du ], sur www.outsmartmagazine.com (consulté le )
  52. (en-US) Maggie Baska, « The devastating persecution of trans people by the Nazis still echoes down the ages », sur PinkNews | Latest lesbian, gay, bi and trans news | LGBTQ+ news, (consulté le )
  53. (en) « German parliament spotlights Nazis' LGBTQ victims for first time », sur France 24, (consulté le )
  54. (en) Britt Hayes, « J.K. Rowling's Legal Threat to Journalists for Calling Out Holocaust Denial Backfires », sur The Mary Sue, (consulté le )
  55. (it) « Morta Lucy Fasani, l'unica transessuale sopravvissuta ai campi di concentramento nazisti: aveva quasi 99 anni », sur www.ilmessaggero.it, (consulté le )
  56. (it) « È morta Lucy Salani, l'unica persona trans italiana sopravvissuta ai lager nazisti », sur Il Post, (consulté le )
  57. (it) « Addio a Lucy Salani, unica transessuale sopravvissuta al lager di Dachau », sur BolognaToday (consulté le )
  58. (en) Zavier Nunn, « Against anticipation, or, camp reading as reparative to the trans feminine past: A microhistory in Nazi-Era Vienna », Gender & History, vol. 36, no 1,‎ , p. 191–207 (ISSN 1468-0424, DOI 10.1111/1468-0424.12721, lire en ligne, consulté le )
  59. « Liddy Bacroff (Heinrich Habitz) », sur raumdernamen.mauthausen-memorial.org (consulté le )
  60. (de) « Stolpersteine-Projekt vertont Biografien - WELT », sur DIE WELT (consulté le )
  61. (en-US) « How historians are documenting the lives of transgender people », History,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  62. (en) « Germany to compensate victims of anti-gay law – DW – 06/23/2017 », sur dw.com (consulté le )
  63. (en-US) « HRC Observes International Holocaust Remembrance Day » [archive du ], sur Human Rights Campaign (consulté le )
  64. (en) « Remembering the Holocaust: The murder of LGBTI people is not yet history » [archive du ], sur www.amnesty.org.uk (consulté le )
  65. Magdalena Pasikowska-Schnass, « International Holocaust Remembrance Day: The fragility of freedom » [archive du ], sur www.europarl.europa.eu, Parlement européen, (consulté le )
  66. (en-US) « Transgender Experiences in Weimar and Nazi Germany », sur Museum of Jewish Heritage — A Living Memorial to the Holocaust (consulté le )
  67. « Attempts to ‘Deny, Distort and Rewrite’ Holocaust History Gaining Global Currency, Secretary-General Warns, Calling for Facts on International Remembrance Day | Meetings Coverage and Press Releases », sur press.un.org (consulté le )
  68. (en-US) « Coloring the Past - Eli Erlick », (consulté le )
  69. (en) Waitman W. Beorn, « Post », sur x.com, (consulté le )
  70. (de) « Prozess um Tweet zu NS-Verbrechen: Umstrittene Biologin der Berliner Humboldt-Uni unterliegt vor Gericht », Der Tagesspiegel Online,‎ (ISSN 1865-2263, lire en ligne, consulté le )
  71. (de) Eva Maria Braungart, « Umstrittene Biologin: Tweet von Vollbrecht zählt als NS-Verharmlosung », sur Berliner Zeitung, (consulté le )
  72. (de) LTO, « Die juristische Presseschau vom 11. November 2022: Ergebnisse der JuMiKo / Härtere Strafen für Klimaaktivisten? / BVerfG zu Windrädern in Wäldern », sur Legal Tribune Online (consulté le )
  73. (en) Mira Fox, « It wasn't just the goblins — is J.K. Rowling doing Holocaust denial now? », sur The Forward, (consulté le )
  74. (en-US) Aja Romano, « Is J.K. Rowling transphobic? Let’s let her speak for herself. », sur Vox, (consulté le )
  75. (en) Nardos Haile, « "You're engaging in Holocaust denial": Critics slam J.K. Rowling's latest anti-trans stance », sur Salon, (consulté le )
  76. (en-GB) « Statement from J.K. Rowling, 14th March 2024 - J.K. Rowling », J.K. Rowling,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Evans et Mailänder, « Cross-dressing, Male Intimacy and the Violence of Transgression in Third Reich Photography », German History, vol. 39, no 1,‎ , p. 54–77 (DOI 10.1093/gerhis/ghaa031)
  • Laurie Marhoefer, « Historians are learning more about how the Nazis targeted trans people », The Conversation,‎ (lire en ligne)
  • Herrn, « Transvestitismus in der NS-Zeit – Ein Forschungsdesiderat », Zeitschrift für Sexualforschung, vol. 26, no 4,‎ , p. 330–371 (DOI 10.1055/s-0033-1356172, S2CID 163793534)
  • (de) Rainer Herrn, Homosexuelle im Nationalsozialismus, De Gruyter Oldenbourg, , 101–106 p. (ISBN 978-3-486-85750-4, DOI 10.1524/9783486857504.101), « „In der heutigen Staatsführung kann es nicht angehen, daß sich Männer in Frauenkleidung frei auf der Straße bewegen.“ »
  • Marhoefer, « Lesbianism, Transvestitism, and the Nazi State: A Microhistory of a Gestapo Investigation, 1939–1943 », The American Historical Review, vol. 121, no 4,‎ , p. 1167–1195 (DOI 10.1093/ahr/121.4.1167, lire en ligne)
  • Marhoefer, « Transgender Life and Persecution under the Nazi State: Gutachten on the Vollbrecht Case », Central European History,‎ , p. 1–7 (DOI 10.1017/S0008938923000468)
  • « Everyday Encounters with Fascism: Photo of the Eldorado Club », The United States Holocaust Memorial Museum (consulté le )
  • Portail du nazisme
  • Portail LGBT+
  • Portail de la transidentité