Coin d'atelier

Coin d'atelier
Artiste
Date
Type
Matériau
huile sur carton (d)
Dimensions (H × L)
67 × 52 cm
No d’inventaire
576, 10043487
Localisation

Le Coin d'atelier est un tableau réalisé en 1876 par Adrien de Witte, peintre belge et professeur à l'Académie royale des beaux-arts de Liège. Il s'agit de l'une des rares incursions de l'artiste dans le genre pictural de la nature morte[1].

Élaboration et genre artistique

Selon le catalogue effectué en 1927 par Charles Delchevalerie et Armand Rassenfosse, Adrien de Witte a produit une douzaine de natures mortes sur un total de 78 peintures à l'huile[2] et 52 aquarelles[3]. La majorité est réalisée entre 1875 et 1879[4], hormis deux œuvres, l'une de 1887 et l'autre de 1893[5]. Toutes les natures mortes de l'artiste sont des peintures à l'huile[6]. Comme le remarque l'historienne de l'art Caroline Jamaer, le peintre, qui est surtout intéressé par le modèle humain, exploite donc « un genre peu abordé » dans son œuvre lorsqu'il peint ce tableau en 1876[1].

À ce moment, l'artiste a déjà effectué un premier voyage en Italie qui dure quelques semaines, fin 1872-début 1873, en compagnie de son ami Félix Nisen. Ils passent par Munich et le Tyrol, visitent Venise, Florence et Vérone puis séjournent à Rome[7],[8],[9]. Une fois revenu à Liège, de Witte retourne pendant quelque temps à l'Académie royale des beaux-arts puis s'installe dans son atelier rue Hocheporte où il dessine, peint et poursuit son initiation à la gravure[7],[8],[9].

Parcours de l'œuvre

En 1927, la peinture fait partie de la collection Amédée Brahy selon le catalogue Delchevalerie-Rassenfosse[10],[11]. Elle est acquise par la ville de Liège en 1948 et entre, dès 1952, dans les collections du musée de l'Art wallon avec le no 576 d'inventaire[12],[13]. Elle y reste ensuite jusqu'en 2016, quand l'ensemble des collections des musées des Beaux-Arts et de l'Art wallon (regroupées depuis 2011 aux Beaux-Arts) est transféré au musée de La Boverie[11],[14].

Description

En 1927, les éléments qui composent la peinture sont brièvement décrits dans le catalogue Delchevalerie-Rassenfosse : une « chaise supportant des papiers, un chapeau noir, une guitare, une table avec un tapis rouge, sur laquelle il y a divers objets »[10]. En 2001, le catalogue de l'exposition Vers la modernité : le XIXe siècle au pays de Liège fournit une description plus détaillée de l'œuvre : « à l'avant-plan, une chaise, quelques partitions musicales laissées à l'abandon, un feutre noir et une guitare, puis, en second plan, une table recouverte d'un tissu rouge, un vase de Delft, un magot chinois et une statuette de terre cuite rosée »[15].

Réception critique

En 1930, le conservateur de musée et critique d'art Jules Bosmant estime que les natures mortes de l'artiste, ainsi que quelques-unes de ses œuvres qui étaient restées méconnues du public jusqu'à ce qu'elles soient exposées lors du Salon de la Société royale des Beaux-Arts de mai-juin 1926, sont une « magistrale révélation »[16]. De son côté, Charles Delchevalerie commente en 1949 : « à vingt-six ans, il [Adrien de Witte] peint un autre morceau souverain, son Coin d'atelier (nature morte à la guitare) »[17].

De façon plus générale, le conservateur de musée Léon Koenig ne décèle « pas une outrance, pas une fausse note, pas de cris ni de gesticulations ; de Witte est un peintre classique et sa perfection même donne à ses sujets tout quotidiens (femme ou nature morte) leur grande profondeur et leur permanence d'accent »[18],[19]. Caroline Jamaer quant à elle considère la présente œuvre comme « un morceau simple, hérité de l'observation du quotidien » où, « malgré le désordre apparent, l'ensemble respire le calme et l'harmonie »[15]. Elle évalue aussi positivement le fait que « la peinture n'est pas asservie au dessin » et que « les couleurs se marient sans heurt et se juxtaposent avec souplesse »[15].

L'œuvre comme illustration

La peinture est reproduite dans le catalogue Delchevalerie-Rassenfosse de 1927[20] et la monographie sur l'artiste rédigée par Charles Delchevalerie en 1949[21] puis dans les ouvrages Le Musée de l'Art wallon de Liliane Sabatini, publié en 1988[12], et Le Musée de l'art wallon et le Cabinet des estampes et des dessins de la ville de Liège : de la richesse et de la complémentarité des collections rédigé par Liliane Sabatini et Régine Rémon en 2002[22].

Expositions

  • 1964 : 125e anniversaire de l'Académie royale des Beaux‑Arts, du au , musée des Beaux-Arts, Liège[23].
  • 2001-2002 : Vers la modernité : le XIXe siècle au pays de Liège, du au , musée de l'Art wallon et salle Saint-Georges, Liège (catalogue no 70)[1].

Notes et références

  1. Jamaer 2001, p. 323-324.
  2. Delchevalerie 1927, p. 63-67.
  3. Delchevalerie 1927, p. 69-71.
  4. Delchevalerie 1927, p. 63-65.
  5. Delchevalerie 1927, p. 67.
  6. Delchevalerie 1927, p. 63-65, 67.
  7. Delchevalerie 1927, p. 9.
  8. Delchevalerie 1949, p. 5.
  9. Clercx-Léonard-Etienne et Lejeune 1981, p. 13.
  10. Delchevalerie 1927, p. 64.
  11. « Coin d'atelier, nature morte. » , sur Art-info.be (consulté le ).
  12. Sabatini 1988, p. 77.
  13. « Coin d'atelier » , sur Belgian Art Links and Tools (consulté le ).
  14. « Historique du musée des Beaux-Arts de Liège » , sur La Boverie (consulté le ).
  15. Jamaer 2001, p. 324.
  16. Bosmant 1930, p. 151.
  17. Delchevalerie 1949, p. 9.
  18. Koenig 1951, p. 58.
  19. Parisse 1975, p. 32.
  20. Delchevalerie 1927, p. 33.
  21. Delchevalerie 1949, p. 18.
  22. Sabatini et Rémon 2002, p. 57.
  23. Marc Renwart, « Biographie développée d'Adrien de Witte » , sur Art-info.be, p. 18

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jules Bosmant, La peinture et la sculpture au pays de Liège de 1793 à nos jours, Liège, Mawet éditeur, , 316 p. (OCLC 458651068, BNF 31848054, SUDOC 020550065). 
  • Françoise Clercx-Léonard-Etienne et Sylvie Lejeune, Adrien de Witte : Dessins - Pastels - Gravures (Catalogue de l'exposition organisée au cabinet des Estampes - musée de la Boverie du au ), Liège, Imprimerie Georges Thone, , 104 p. (OCLC 10610655). 
  • Charles Delchevalerie, Adrien de Witte : peintre, dessinateur et graveur. Catalogue de son œuvre précédé d'une notice par Charles Delchevalerie, Liège, Imprimerie Bénard, , 94 p. (OCLC 31671709). 
  • Charles Delchevalerie, Monographies de l'art belge : Adrien de Witte, Anvers, De Sikkel, , 43 p. (OCLC 459141599). 
  • Jean-Patrick Duchesne (directeur scientifique), Vers la modernité : le XIXe siècle au pays de Liège (Catalogue de l'exposition organisée au Musée de l'Art wallon et à la salle Saint-Georges, à Liège, du au ), Stavelot, Imprimerie J. Chauveheid, , 565 p. (OCLC 66405174). 
    • Caroline Jamaer, « Notices : Les arts plastiques : 70. De Witte Adrien Coin d'atelier (1876) », Vers la modernité : le XIXe siècle au pays de Liège,‎ , p. 323-324. 
  • Léon Koenig, Histoire de la peinture au pays de Liège, Liège, Éditions de la Commission des beaux-arts de l'Association pour le progrès intellectuel et artistique de la Wallonie (A.P.I.A.W.), , 136 p. (OCLC 40435491). 
  • Jacques Parisse, Actuel XX : la peinture à Liège au XXe siècle, Liège, Éditions Pierre Mardaga, , 264 p. (ISBN 978-2-8021-0006-5 et 2-8021-0006-8, OCLC 419624811). 
  • Liliane Sabatini, Le Musée de l'Art wallon, Bruxelles, Ministère de la Communauté française de Belgique et Crédit Communal de Belgique, , 128 p. (OCLC 231872025). 
  • Liliane Sabatini et Régine Rémon, Le Musée de l'art wallon et le Cabinet des estampes et des dessins de la ville de Liège : de la richesse et de la complémentarité des collections, Bruxelles ; Tournai, Dexia ; La Renaissance du Livre, , 327 p. (ISBN 9782871932987 et 9782804606541, OCLC 493455007). 

Liens externes

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