Clique de Shanghai
La clique de Shanghai (chinois simplifié : 上海帮 ; chinois traditionnel : 上海幫 ; pinyin : Shànghǎi bāng), également appelée gang de Shanghai, clique de Jiang ou faction de Jiang, désigne un groupe informel de responsables du Parti communiste chinois (PCC) qui ont accédé à l'importance sous l'ancien secrétaire général du PCC, Jiang Zemin, alors qu'il était chef du parti et maire de Shanghai[1],[2].
La politique chinoise a longtemps été définie par la compétition entre les factions internes du parti pour placer des membres clés et des alliés à des postes de pouvoir au sein du PCC et du gouvernement chinois. Dans les années 1990, lorsque Jiang Zemin était secrétaire général du PCC, la politique chinoise était dominée par la clique de Shanghai, Jiang Zemin cherchant à placer des partisans idéologiques cultivés à des postes importants au sein du gouvernement. Sous Hu Jintao, le gang de Shanghai a équilibré la faction de la Ligue de la jeunesse communiste chinoise (LJCC) de Hu au sein du gouvernement et sous Xi Jinping, le gang de Shanghai continue de lutter contre la faction de Xi, les deux factions tentant d'obtenir l'avantage politique par la nomination de fonctionnaires choisis à des postes importants[3].
La clique de Shanghai est perçue comme une force politique mettant l'accès sur le libéralisme économique, le développement des villes côtières et la défense des intérêts des plus hauts dirigeants du parti. Elle s'oppose à la faction de Qinhua, populiste et tournée vers les villes intérieures. En raison des similitudes historiques, l'analyste politique Cheng Li de la Brookings Institution les nomment respectivement "élitistes" et "populistes" en référence aux Optimates et Populares romains[4].
Histoire
Origines
La clique de Shanghai est née en juin 1989, lorsque Jiang Zemin, alors secrétaire du Parti de Shanghai, a été nommé secrétaire général du Parti communiste après les manifestations de la place Tian'anmen[5]. Cependant, au cours des premières années, Jiang Zemin a été fortement influencé par des anciens du Parti tels que Deng Xiaoping et Chen Yun. Durant cette période, Jiang n'a nommé Zeng Qinghong, alors secrétaire adjoint du Parti de Shanghai, à Pékin qu'au poste de directeur adjoint du Bureau central. Après le XIVe Congrès du Parti en 1992, certains proches de Jiang, tels que Li Lanqing et Wu Bangguo, ont pu obtenir un siège au Bureau politique[6]. Dans les années suivantes, certains proches de Jiang ont été nommés à des postes importants. Wu Bangguo est devenu vice-Premier ministre en 1994, et Huang Ju est devenu secrétaire du Parti de Shanghai et a intégré le Bureau politique la même année. Jia Qinglin, un autre proche collaborateur de Jiang Zemin, devint secrétaire du Parti du Fujian en 1993. Zeng Qinghong prit également la tête du Bureau central la même année, succédant à Wen Jiabao au poste de directeur du bureau[7]. Certains opposants politiques de Jiang furent démis de leurs fonctions clés. Chen Xitong, alors secrétaire du Parti de Pékin et membre du Politburo, fut arrêté pour corruption en 1995, mais beaucoup pensèrent que la chute de Chen était principalement due à ses mauvaises relations avec Jiang Zemin et à son opposition à ses politiques[8]. La clique de Shanghai devint la force dominante de la politique chinoise après la mort de Deng Xiaoping en 1997, où certains proches collaborateurs de Jiang, comme Li Lanqing, obtinrent un siège au puissant Comité permanent du Politburo et d'autres comme Huang Ju, Zeng Qinghong, Li Changchun et Jia Qinglin entrèrent tous au Politburo. Qiao Shi, principal rival politique de Jiang Zemin, a pris sa retraite la même année, la clique de Shanghai ayant invoqué son âge pour lui demander de démissionner[9]. Cependant, Jiang n'a pas pu choisir son successeur, Deng Xiaoping ayant déjà désigné Hu Jintao comme successeur en 1992[10].
Hors de Chine continentale, après l'accession de Hu Jintao au poste de secrétaire général du Comité central du PCC en 2002, de nombreux ouvrages ont été consacrés aux relations entre le « Gang de Shanghai » et le gouvernement central alors dirigé par Hu. Au sein du Bureau politique du Comité central du PCC, élu par les XVIe et XVIIe Congrès nationaux, le « Gang de Shanghai » a occupé plusieurs postes au sein du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du PCC. Jiang Zemin lui-même a également continué d'exercer les fonctions de président de la Commission militaire centrale du PCC après l'accession de Hu Jintao au poste de secrétaire général du Comité central. En 2004, il a démissionné de son poste de président de la Commission lors de la quatrième session plénière du 16e Comité le 19 septembre 2004, mais a en réalité conservé son poste de président de la Commission militaire jusqu'au 18e Congrès national du Parti communiste chinois en 2012[11],[12].
Sous Hu Jintao
Le 24 septembre 2006, Chen Liangyu, secrétaire du Comité municipal du PCC de Shanghai, qui était un membre important de la clique de Shanghai, a été licencié pour son implication dans l'affaire du Fonds de sécurité sociale de Shanghai. La campagne menée par la faction du Qinhua contre le Gang de Shanghai au nom de la lutte contre la corruption a conduit à la démission de Chen Liangyu[11]. Après la démission de Chen Liangyu, Xi Jinping, alors secrétaire du Comité du Parti pour la province du Zhejiang, a été muté à Shanghai en mars 2007 pour occuper le poste de secrétaire du Comité municipal du Parti, devenant ainsi le premier secrétaire municipal du Parti à être parachuté depuis 1985.
Le 2 juin 2007, Huang Ju, alors membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du PCC et vice-Premier ministre du Conseil des affaires d'État, est décédé, ce qui a porté un nouveau coup dur au membre du groupe[13]. Moins de deux mois après la mort de Huang Ju, Wang Weigong, directeur général adjoint du Shanghai Shenergy Group, qui avait été secrétaire de Huang Ju, a également été arrêté pour son implication dans l'affaire du Fonds de sécurité sociale de Shanghai[14].
Le 15 octobre 2007 s'est tenu le 17e Congrès national du Parti communiste chinois. Après cela, Zeng Qinghong, considéré comme la figure centrale du Gang de Shanghai, a pris sa retraite, et Li Keqiang, ancien premier secrétaire du Comité central de la Ligue de la jeunesse communiste, a rejoint le Comité permanent du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois, marquant ainsi la prise de pouvoir effective de la faction de la Ligue de la jeunesse.
En 2011, le magazine Commonwealth a révélé la lutte de pouvoir entre le gouvernement central du Parti communiste chinois, contrôlé par Hu Jintao et Wen Jiabao, et les forces locales de Shanghai dirigées par Jiang. La situation de Zemin s’est aggravée parce que le gang de Shanghai préconisait que le développement économique des zones côtières ne soit pas affecté par une surévaluation du développement des zones rurales[15].
Sous Xi Jinping
En novembre 2012, Xi Jinping a pris ses fonctions de secrétaire général du Comité central du PCC, et Wu Bangguo, Jia Qinglin, Li Changchun et Zhou Yongkang, qui étaient considérés comme des membres importants de la clique de Shanghai au sein du Comité permanent du 17e Bureau politique central, ont pris leur retraite après le 18e Congrès national du PCC[16]. Parmi les membres nouvellement élus du Comité permanent du Politburo du 18e Comité central, la faction Jiang est toujours considérée comme majoritaire. Cependant, après que Xi Jinping et Wang Qishan aient lancé une campagne anti-corruption après le 18e Congrès national du Parti communiste chinois, de nombreux responsables de la faction de Jiang ont été limogés notamment Zhou Yongkang, l'ancien secrétaire du Comité politique et juridique du Comité central du Parti communiste chinois, Guo Boxiong, l'ancien vice-président de la Commission militaire centrale du Parti communiste chinois, Xu Caihou et d'autres[17].
Purge de Shanghai
Selon un reportage de la BBC, le 29 juillet 2014, après l'annonce de l'enquête sur Zhou Yongkang, l'équipe d'inspection centrale était en poste à Shanghai. Après l'arrivée de l'équipe d'inspection centrale à Shanghai, Wang Zongnan, l'ancien président du Shanghai Bright Food Group, a été fiché. Wang Zongnan était l'un des confidents de Jiang Zemin[11]. L'équipe d'inspection de la Commission centrale de contrôle de la discipline était en poste à Shanghai, et des personnes au courant du dossier ont déclaré au Financial Times que l'influence de Jiang Zemin au sein du parti et de l'armée avait irrité Xi, et que l'enquête anti-corruption avait ciblé de nombreux associés de Jiang Zemin, dont Xu Caihou, l'ancien vice-président de la Commission militaire centrale, qui comme Wang Zongnan, président du groupe Bright Food, a également fait l'objet d'une enquête pour suspicion de détournement de fonds publics et d'acceptation de pots-de-vin[18]. Le 29 octobre 2014, Zhang Wenyue, chef de la deuxième équipe d'inspection du Comité central, a signalé à Han Zheng, secrétaire du Comité municipal de Shanghai du Parti communiste chinois, les problèmes existant au sein de l'administration shanghaïenne, et a transmis les indices de certains cadres dirigeants à la Commission centrale de contrôle de la discipline[19].
Membres
- Wu Bangguo (吳邦國)
- Zhu Rongji (朱镕基)
- Jia Qinglin (贾庆林)
- Zeng Qinghong (曾庆红)
- Wu Guanzheng (吳官正)
- Li Changchun (李長春)
- Liu Qi (刘琪)
- Zeng Peiyan (曾培炎)
- Zhang Dejiang (张德江)
- Zhou Yongkang (周永康)
- Liu Yunshan (刘云山)
- Hui Liangyu (回良玉)
- Hua Jinmin (华建敏)
- Chen Zhili (陈至立)
- Chen Liangyu (陈良宇), exclu du PCC pour raisons de scandale en 2006, avec lui près de 500 cadres avaient été « purgés »[20].
Avant sa mort, Huang Ju (黄菊) était aussi un membre important de la clique.
Articles connexes
Références
(en) Cet article contient des extraits de l'article "Shanghai Clique" (voir liste des contributeurs)
- ↑ China's Leadership in the Twenty-First Century: the Rise of the Fourth Generation, Routledge, (ISBN 978-1-317-47492-0)
- ↑ (en) « The "Shanghai Gang": Force for Stability or Cause for Conflict? », Hoover Institution, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ (en-US) Srijan Shukla, « This is how Xi Jinping gang sidelined CCP deep factions », sur ThePrint, (consulté le )
- ↑ (en-US) « One Party, Two Coalitions in China's Politics », sur Brookings (consulté le )
- ↑ « Jiang Zemin, ancien président de la République populaire de Chine, est mort », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « 中国共产党历次全国代表大会数据库 », sur cpc.people.com.cn (consulté le )
- ↑ « SPECIAL CHINE. Zeng Qinghong. L'homme qui monte à côté de Jiang. - Libération », sur archive.wikiwix.com, (consulté le )
- ↑ Arnaud De La Grange, « Tiananmen : l'ancien maire de Pékin fait son mea culpa », sur LEFIGARO, (consulté le )
- ↑ Jean-Luc Domenach, Où va la Chine ?,
- ↑ Andrew J. Nathan et Bruce Gilley, China's new rulers: the secret files, New York Review of Books, (ISBN 978-1-59017-072-4)
- (zh-Hans) « 分析:习近平欲清盘“上海帮”? », sur BBC News 中文, (consulté le )
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- ↑ « RFI - 中国国务院副总理黄菊病逝,上海帮势力消长引人关注 », sur www1.rfi.fr (consulté le )
- ↑ « 上海申能副总王维工被捕_国内财经_新浪财经_新浪网 », sur finance.sina.com.cn (consulté le )
- ↑ (ch) Wen, « Hu a consolidé son pouvoir et a continué à affronter le « Shanghai Gang » de Jiang Zemin » , sur CW.com, (consulté le )
- ↑ Vanity Fair et Condé Nast Digital France, « Le Complot des Tigres », sur Vanity Fair (consulté le )
- ↑ (en) « Former PLA General Xu Caihou to face court martial over graft charges », South China Morning Post, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ (zh-TW) 自由時報電子報, « 江澤民上海幫 習近平獵物 - 國際 - 自由時報電子報 », 自由時報電子報, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ (en) « Shanghai officials under scrutiny as Beijing anti-graft inspection team sweeps into city », sur South China Morning Post, (consulté le )
- ↑ Arnaud de La Grange, Contrôle militaire étroit à Shanghaï Le Figaro, 30 avril 2010
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