Château de la Commaraine

Château de la Commaraine
Période ou style Féodal et contemporrain
Type Château Seigneurial
Début construction XIIe siècle
Propriétaire initial Hugues II de Bourgogne
Propriétaire actuel Champagne Hospitality
Destination actuelle Hôtel
Coordonnées 47° 00′ 32″ nord, 4° 47′ 41″ est[1]
Pays France
Région historique Bourgogne-Franche-Comté
Arrondissement de Beaune Côte-d'Or
Localité Pommard
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne-Franche-Comté
Géolocalisation sur la carte : France

Le Château de la Commaraine est un domaine historique fondé en 1112 et situé au 24 Grande Rue à Pommard (Côte-d’Or)[1], au cœur de la Bourgogne viticole[2]. Mentionné dès le Moyen Âge comme fief féodal, il a progressivement évolué vers une vocation viticole, produisant notamment le Pommard Premier Cru « Clos de la Commaraine ». Depuis 2017, il fait l’objet d’un projet de restauration et de mise en valeur œnotouristique visant à le transformer en un établissement hôtelier de prestige.

Histoire (XIIᵉ – XVIIIᵉ siècles)

Origines médiévales

Le château fut édifié en 1112 par Hugues II de Bourgogne, dans le cadre d’une politique de fortification et d’organisation territoriale en Côte-d’Or[3]. Positionné à l’entrée de Pommard, il remplissait une double fonction de résidence seigneuriale et de point de contrôle du vignoble. Comme nombre de domaines médiévaux, il était ceint d’un clos, soulignant la place essentielle du vin dans l’économie locale.

Le site s’inscrivait dans le système féodal : les terres, ou fiefs, étaient concédées par les ducs à des vassaux en échange de fidélité et de services militaires. La Commaraine apparaît ainsi très tôt dans les sources comme un domaine noble[4].

Transmission seigneuriale

Parmi les premiers seigneurs figure Jean de Pommard, au service du duc Eudes III, qui aurait reçu le domaine en récompense de son courage lors d’une mission d’escorte. Par la suite, la propriété passa entre plusieurs lignages notables : les Saulx, les Saint-Chamond, les Vienne, qui procédèrent à des travaux en 1610, et enfin les Damas, illustrant le jeu des alliances matrimoniales au sein de la noblesse bourguignonne[5][6][7].

Révolution française

À la veille de la Révolution, le château appartenait à la famille Dubard de Chasans. Confisqué comme bien national, il fut vendu à la bourgeoisie, marquant la rupture avec son héritage aristocratique[8].

La famille Jaboulet-Vercherre (XXᵉ – XXIᵉ siècles)

En 1920, le domaine fut acquis par Ulysse Georges Jaboulet-Vercherre, descendant de la Maison Jaboulet (fondée en 1807 dans la vallée du Rhône). Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, il modernisa l’exploitation et aménagea les caves.

Pendant l’Occupation allemande, la viticulture en Bourgogne connut des situations contrastées, entre actes de résistance et stratégies d’adaptation[9]. Au Château de la Commaraine, Ulysse Jaboulet-Vercherre dissimula environ 600 bouteilles de grands crus, dont des Pommard et des Clos Vougeot, derrière un mur de cave, afin de les protéger des réquisitions. Ce trésor viticole ne fut redécouvert qu’après la Libération.

Succession

En 1955, son fils Michel Jaboulet-Vercherre prit la direction du domaine. Il développa l’exportation et renforça la réputation internationale des vins[10]. Passionné d’automobiles, il organisa des réceptions fastueuses, accueillant notamment un rassemblement du Club Ferrari auquel participa Albert Uderzo. Le château reçut également la visite de la Reine Mère Elizabeth Bowes-Lyon dans les années 1980.

À son décès en 2014, la propriété passa à son fils Pierre Jaboulet-Vercherre, assisté par son collaborateur de longue date, Pierre Denizot, qui travailla plus de 40 ans au domaine.

Projet hôtelier : Le Château La Commaraine

En 2017, le Château de la Commaraine entra dans une nouvelle phase de son histoire avec son acquisition par Mark Nunelly, investisseur américain, et son épouse Denise Dupré, entrepreneuse et philanthrope spécialisée dans l’hôtellerie de prestige. Déjà engagés dans plusieurs projets viticoles et hôteliers en Champagne et sur l'île de Saint-Barthélemy, ils lancèrent un vaste programme de restauration et de mise en valeur patrimoniale, associant la sauvegarde des éléments historiques à une reconversion contemporaine. Ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large de valorisation du patrimoine viticole bourguignon, conciliant tradition séculaire et hospitalité moderne[11].

Le vignoble

Le clos de la Commaraine

Le château est entouré du Clos de la Commaraine, un vignoble historique de 3,75 hectares, ceint de murs depuis le Moyen Âge. Il s’agit d’un clos Monopole attaché au domaine[12].

Appellation et terroir

Le clos est classé en Premier Cru au sein de l’appellation d’origine contrôlée Pommard[13]. Son terroir argilo-calcaire, enrichi de marnes, confère au cépage pinot noir des vins puissants, structurés et aptes au vieillissement. L’exposition et la pente régulière favorisent la maturité homogène des raisins et l’équilibre entre intensité aromatique et finesse tannique.[14].

Exploitation et valorisation contemporaine

Au fil des siècles, l’exploitation a souvent été confiée à des maisons bourguignonnes réputées. Sous l’impulsion des Jaboulet-Vercherre, le vignoble connut au XXᵉ siècle une phase de modernisation et d’ouverture à l’export.

Aujourd’hui, le clos occupe une place centrale dans le projet œnotouristique du château, associant production viticole et expérience patrimoniale.

Architecture

Le Château de la Commaraine adopte un plan en U, flanqué de tours à chacun de ses angles, selon une typologie fréquente dans l’architecture seigneuriale médiévale. Les ailes nord-ouest et nord-est s’élèvent sur deux niveaux, dont un étage de comble, et sont desservies par un escalier à double rampe divergente. Plus sobre, le corps de logis sud-est se distingue par sa conception de plain-pied.

L’ensemble est coiffé de toitures à longs pans, recouvertes de tuiles plates bourguignonnes, caractéristiques de la région. Les tours carrées, construites sur deux étages, sont couvertes de toits à croupes en tuiles plates. L’angle nord-est présente deux éléments singuliers : une tour carrée de deux niveaux et une tour ronde d’un seul étage, toutes deux surmontées de toits en pavillon également en tuiles plates.

L’édifice conjugue des éléments du XIIᵉ siècle avec des ajouts et remaniements successifs s’échelonnant du Moyen Âge à l’époque moderne. Ce caractère composite, fruit d’évolutions architecturales continues, a été renforcé par les campagnes de restauration menées aux XVIIIᵉ puis aux XXIᵉ siècles, témoignant de la permanence et de l’adaptation du site au fil du temps[2].

Géographie

Le château se situe au cœur de la Côte de Beaune, sur la commune de Pommard, à 3 km de Beaune, 40 km de Dijon et 150 km de Lyon.

Administrativement, il dépend de l’arrondissement de Beaune, département de la Côte-d’Or, région Bourgogne-Franche-Comté.

L’accès se fait par la D973 reliant Beaune à Autun. L’autoroute A6 (sortie 24.1 – Beaune Hospices) se trouve à 5 km. La gare de Beaune, desservie par les lignes TER Bourgogne-Franche-Comté, constitue la principale desserte ferroviaire.

Figures notables

  • Zéphirine Félicité de Rochechouart (XVIIIᵉ siècle), dame d’honneur à Versailles, qui introduisit l’élégance de la cour dans la vie bourguignonne.
  • Thomas Jefferson, en voyage en Bourgogne en 1787, acquit via le négociant Étienne Parent des bouteilles de La Commaraine pour sa cave personnelle et la Maison Blanche[15].
  • Albert Uderzo, dessinateur d’Astérix, invité lors d’un rassemblement du Club Ferrari organisé par Michel Jaboulet-Vercherre.
  • Elizabeth Bowes-Lyon, Reine Mère du Royaume-Uni, qui visita le château dans les années 1980.

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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