Cercle Hermaphroditos
Le Cercle Hermaphroditos a été la première organisation informelle connue de défense des droits des personnes transgenres aux États-Unis, fondée en 1895 à New York « afin de s'unir pour la défense contre la persécution acharnée du monde »[1]. Le groupe s'est rencontré pour la première fois au Paresis Hall (en), également appelé Columbia Hall, ou simplement « le Hall », qui était un centre de la vie nocturne homosexuelle à New York. Là, des travailleurs du sexe masculins sollicitaient des clients sous une apparence efféminée[réf. nécessaire].
À cette époque aux États-Unis, le travestissement était socialement inacceptable et constituait un crime punissable. Des lieux comme Paresis Hall permettaient à des « imitateurs féminins instinctifs », des personnes dites androgynes, des queens (en) (« reines »), des fairies (« fées ») ou des Uraniens autoproclamés pouvaient se rassembler et se sentir plus libres de s'exprimer et de socialiser avec des personnes similaires[2],[3]. Tous ces mots des époques victorienne et édouardienne – avec leurs propres nuances de sens – pouvaient désigner des personnes qui étaient nées de sexe masculin, qui se sentaient au moins en partie femmes dans leur esprit et qui préféraient avoir des relations sexuelles avec des hommes ; des personnes qui aujourd'hui pourraient se qualifier de femmes transgenres, de personnes non binaires, d'hommes homosexuels efféminés ou encore de femboys, dans le langage des communautés queer contemporaines[4],[5],[6].
La nature du Paresis Hall à cette époque est aujourd'hui connue des historiens à partir de diverses sources[7]. Cependant, le Cercle Hermaphroditos n'est connu principalement que grâce à l'autobiographie d'une « imitatrice féminine instinctive », Jennie June, qui en fournit la principale description survivante. June dit que tous les membres du groupe ne se connaissaient que sous des pseudonymes, pour des raisons de sécurité. De plus, June avance également que la majorité du groupe était ultra-androgyne et qu'elle se serait toujours habillée en femme dans sa vie quotidienne si la loi le permettait[8]. Le groupe était dirigé par une personne utilisant le pseudonyme Roland Reeves[9]. Il reste peu de traces de l'existence du Cercle aujourd'hui, en dehors de l'autobiographie de June. Si des brochures ont pu être publiées, aucune n'est encore connue des historiens. Pour cette raison, certains historiens se sont demandés si le Cercle avait réellement existé[10].
Le Cercle est considéré par l'historienne Susan Stryker comme « la première organisation informelle connue aux États-Unis se préoccupant de ce que nous pourrions aujourd'hui appeler les questions de justice sociale transgenre »[11].
Descriptions de Jennie June
Parmi les connaissances actuelles dont nous disposons, la plupart proviennent des écrits de l’activiste Jennie June, qui comportent des souvenirs de conversations, d’événements, d’activisme, ou encore d'autres éléments.
À propos des membres, June note : « Les hermaphrodites étaient au nombre d'une vingtaine. Tous étaient des ultra-androgynes très cultivés, dont l'âge variait de dix-huit à quarante ans » (« cultivés » signifierait ici ceux qui prenaient grand soin d'éviter d'être surpris)[8].
Références
- ↑ Stryker 2008, p. 71-72.
- ↑ (en-US) tasha, « LGBTQ History: Cooper Square and Bowery - Village Preservation », sur www.villagepreservation.org, (consulté le )
- ↑ Eskridge 2008, p. 302.
- ↑ (en-US) Jennie June, Autobiography of an Androgyne, Rutgers University Press, (ISBN 9780813543000, lire en ligne), xxiv
- ↑ (en-US) Mark Blasius et Shane Phelan, We are everywhere: A historical sourcebook of gay and lesbian politics, Routledge, (ISBN 9780415908580, lire en ligne), p. 61
- ↑ (en-US) Karl Heinrich Ulrichs, Excerpt reprinted in: We are everywhere: A historical sourcebook of gay and lesbian politics, Routledge, , 64–65 p. (ISBN 9780415908580), « Critical arrow »
- ↑ (en-US) « Earl Lind: The Cercle Hermaphroditos, c. 1895 · Earl Lind (Ralph Werther-Jennie June): The Riddle of the Underworld, 1921 · OutHistory: It's About Time » [archive du ], sur www.outhistory.org (consulté le )
- (en) Ralph Werther, The female-impersonators , The Medico-Legal journal, (lire en ligne)
- ↑ Stryker 2008, p. 71.
- ↑ Kissack 2008, p. 2-3.
- ↑ Stryker 2008, p. 72.
Bibliographie
- (en-US) William Eskridge, Dishonorable Passions Sodomy Laws in America, 1861-2003, [S.l.], Penguin Group US, (ISBN 978-1440631108)
- (en-US) Terence Kissack, Free comrades: anarchism and homosexuality in the United States, 1895-1917, Edinburgh, AK, (ISBN 978-1904859116)
- (en-US) Susan Stryker, Transgender History, Berkeley, CA, Seal Press, (ISBN 978-1580052245)
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