Cacographie
La cacographie (du grec ancien κακός / kakós, « laid, mauvais », et γράφω / gráphō, « écrire ») est une orthographe erronée ou un mauvais style.
Les noms propres sont souvent victimes de cacographies dues à une mauvaise compréhension de l'étymologie ou du passage d'une langue à une autre, exemple : Châlons et Chalon[réf. nécessaire] ou Castelnaud pour « castel nau » (« château neuf »).
Dans le domaine pédagogique, la notion de cacographie renvoie à l'utilisation de textes dans lesquels des fautes d'orthographe ont été délibérément introduites afin d'entraîner les élèves à les détecter et les corriger[réf. souhaitée][1].
Définition
En 1836, le Supplément au Dictionnaire de l’Académie française, sixième édition publiée en 1835, donnait de « cacographe » cette définition :
« s. m. Auteur qui écrit mal les mots d’une langue. Un cacographe. — Il est aussi adjectif. Un écrivain cacographe[2]. »
Histoire
Laurent Joubert (1529–1583), médecin du roi et traducteur de La Grande Chirurgie de Guy de Chauliac, a publié en 1579 un Dialogue sur la cacographie fransaize expliquant la cause de sa corruption. Antre parleurs fransais & Wolffgang[3].
XIXe siècle
La cacographie est une méthode d'enseignement de l'orthographe apparue en France en 1803 dans le Recueil de phrases dans lesquelles on a violé à dessein l'orthographe des mots de Jean-Étienne-Judith Forestier Boinvilliers[source insuffisante]. En 1820, F. Munier, un instituteur membre de la Société de lettres de Metz et trouvant la méthode de Boinvilliers trop difficile, publie La Cacographie méthodique[réf. souhaitée]. Comme on reprochait à cette pédagogie d'habituer les élèves à mémoriser des formes fautives et d'aboutir ainsi à un effet inverse de celui qui était poursuivi, elle fut abandonnée dans les années 1850 pour être remplacée par des recueils de dictées[réf. nécessaire].
XXe siècle
À la fin du XXe siècle, le terme de « cacographie » a aussi désigné en France un jeu avec les mots consistant à écrire une phrase dans laquelle chaque mot doit être mal orthographié, de la manière la plus amusante possible[réf. nécessaire].
Extension
Livio Belloï et Fabrice Leroy, qui définissent la cacographie comme un « vice de forme affectant l'écriture, non seulement sous l'angle de l'orthographe et de la grammaire, mais aussi sous celui, plus latéral, de la ponctuation et de la typographie »[4], ont, s'inspirant des travaux du Groupe µ sur les métataxes et les métaplasmes, défini les notions connexes suivantes :
- la cacomorphie, qui désigne les dysfonctionnements affectant le registre iconique ;
- la cacochromie, qui désigne un usage déviant ou dysharmonieux de la gamme de couleurs ;
- la cacosémie, qui désigne plus largement toute forme de déficience en matière de sémantique ;
- la cacologie, qui englobe les écarts vis-à-vis de la formulation de la pensée rationnelle ou de ses modalités traditionnelles ;
- la cacopraxie, qui désigne les écarts altérant la compréhension d'un champ d'action et des codes qui en régissent la pratique[4].
Notes et références
- ↑ « cacographie », sur Littré (consulté le ).
- ↑ François Raymond, Supplément au Dictionnaire de l’Académie française, Sixième édition publiée en 1835 : Complément de tous les dictionnaires français, anciens et modernes, Paris, Gustave Barba Libraire, (réimpr. 1973), 1re éd. (1re éd. 1836), XII–862 p. (BNF 35153890, lire en ligne [[html]+[PDF]]), p. 125.
- ↑ Laurent Joubert, Traité du Ris, Nicolas Chesneau, (lire en ligne), « Dialogue sur la cacographie fransaize expliquant la cause de sa corruption. Antre parleurs. Fransais & Wolffgang », p. 376.
- Livio Belloï et Fabrice Leroy, Pierre La Police : Une esthétique de la malfaçon, Serious Publishhing, , p. 11.
Voir aussi
Articles connexes
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