Céline Lafontaine
| Naissance | |
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| Nationalité | Canadienne |
| Titres | Professeure titulaire |
|---|---|
| Profession | Sociologue, Professeure à l'Université de Montréal |
| Employeur | Université de Montréal |
Céline Lafontaine est professeure de sociologie à l’Université de Montréal. Elle est reconnue pour ses recherches sur les enjeux épistémologiques, politiques, économiques et culturels des technosciences[1]. Ses travaux touchent plus particulièrement à l’articulation entre la bioéconomie, l’économie de la promesse et le processus de bio-objectivation. Plus récemment, elle s’intéresse à la question du vivant dans le contexte de l’Anthropocène[2].
Elle a écrit plusieurs ouvrages parus aux Éditions du Seuil : Bio-objets (2021), Le corps-marché (2014), La société postmortelle (2008) et L’empire cybernétique (2004)[3],[4],[5] ainsi que Nanotechnologies et sociétés publié aux Éditions du Boréal en 2010[3],[6].
Travaux
En 2001, Céline Lafontaine a réalisé, sous la direction de Philippe Breton, une thèse de doctorat à l’Université Paris-I (Panthéon-Sorbonne) et l’Université de Montréal[7],[8] qui a été publiée sous le titre L’empire cybernétique. Des machines à penser à la pensée machine aux éditions du Seuil en 2004[9]. Cet ouvrage lui a valu le prix Jeune sociologue de l'Association internationale des sociologues de langue française[6]. Elle y retrace l’influence de la cybernétique dans les principaux courants intellectuels de la deuxième moitié du XXe siècle (structuralisme, poststructuralisme, postmodernisme)[10],[8],[11]. Poursuivant les réflexions développées dans le cadre de sa thèse, elle a élaboré le concept de « postmortalité » pour décrire le rapport à la mort dans les sociétés contemporaines[12],[13]. Dans La société post-mortelle. La mort, l’individu et le lien social à l’ère des technosciences, elle analyse comment la mort est progressivement devenue un problème à contrôler et à surmonter techniquement à travers un double processus de déconstruction scientifique et de désymbolisation[14],[15].
En tant que sociologue des sciences, elle s’intéresse plus spécifiquement aux enjeux épistémologiques, sociaux, économiques et environnementaux des biotechnologies. En 2014, dans Le corps-marché[16], elle a contribué à théoriser la « bioéconomie », un modèle valorisant la productivité des processus biologiques[17],[18]. Dans son livre Bio-objets. Les nouvelles frontières du vivant[19], elle a analysé les transformations de notre rapport au vivant apportées par la production de « bio-objets » (gamètes, embryons, cellules souches)[20]. Elle y pose le constat que la « civilisation in vitro » est traversée par une contradiction fondamentale : alors qu’on constate la disparition de la biodiversité, les bio-objets prolifèrent dans les laboratoires. Développant une approche globale pour penser les objets vivants cultivés en laboratoire, Céline Lafontaine montre que les frontières entre vivant et non-vivant, sujet et objet sont brouillées par les technosciences[4],[21],[22]. De plus, cette « matière vivante » bouleverse notre rapport à l’identité, à la temporalité et à la filiation[23]. Cet ouvrage poursuit également les réflexions, déjà amorcées avec La société post-mortelle, sur l’« économie de la promesse », un modèle qui s’appuie sur les discours promissoires de l’innovation technoscientifique[20],[14].
Parallèlement, elle a dirigé plusieurs projets de recherche financés par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) : « Le vivant à l'aune de l'Anthropocène. Étude des enjeux matériels, sociaux, culturels, éthiques et épistémologiques des représentations du vivant et des imaginaires sociotechniques des biotechnologies » (2021-2027), « Des bio-objets à la bio-impression : les nouvelles frontières matérielles du corps humain. Étude des enjeux sociaux, culturels et éthiques liés aux nouveaux usages biotechnologiques du corps humain » (2016-2023) et « De la guérison à la régénération : vers un nouveau paradigme biomédical. Étude des représentations du corps et de la vieillesse portées par la nanomédecine et la médecine régénérative » (2009-2012)[2].
Voir aussi
Publications
Céline Lafontaine, L’empire cybernétique. Des machines à penser à la pensée machine. Paris, Seuil, 2004. (ISBN 9782020561709)
Céline Lafontaine, « The Cybernetic Matrix of French Theory », Theory, Culture & Society, vol 5, n°24, 2007, pp.27-46. DOI: 10.1177/0263276407084637
Céline Lafontaine, La société postmortelle. La mort, l’individu et le lien social à l’ère des technosciences. Paris, Seuil, 2008. (ISBN 9782020859530)
Céline Lafontaine et Michèle Robitaille, « Nano-Body or Nobody? Radical Life Extension of a Disembodied Self », dans Bianca Maria Pirani et Ivan Vargua (dir.), The New Boundaries between Bodies and Technologies, Cambridge, Cambridge Scholars Publishing, 2008, pp.126-143. (ISBN 9781847184993)
Céline Lafontaine, « The Postmortal Condition. From the biomedical deconstruction of death to the extension of longevity », Science as Culture, vol.18, n°3, 2009, pp.297-312. DOI: 10.1080/09505430903123008
Céline Lafontaine, « Regenerative medicine’s immortal body: From the fight against ageing to the extension of longevity», Body Society, vol.15, n°4, 2009, pp. 53–71. DOI: 10.1177/1357034X0934722
Céline Lafontaine et Michèle Robitaille, « Entre science et utopie : le corps transfiguré des nanotechnologies », dans Virginie Tournay et Annette Leibing (dir.). Les technologies de l'espoir. La fabrique d'une histoire à accomplir, Québec, Presses de l’Université Laval, 2010, pp.47-66. DOI: 10.1515/9782763709956-005. (ISBN 9782763789958)
Céline Lafontaine, Nanotechnologies et société. Enjeux et perspectives : Entretiens avec des chercheurs. Montréal, Boréal, 2010. (ISBN 9782764620229)
Céline Lafontaine et Mathieu Noury, « Quand l’art réinvente la vie. Pour une analyse sociologique de l’art transgénique », Cahiers de recherche sociologique, n°50, 2011, pp.121-140. DOI: 10.7202/1005980ar
Céline Lafontaine, « De la dégénérescence à la régénération: vieillir à l'âge de la médecine régénératrice » dans Hachimi Sanni Yaya (dir.) La réponse de la science médicale au « devenir vieux ». Prolongéviste, transhumanisme et biogérontologie, Québec, Presses de l'Université Laval, 2012, pp.75-95. (ISBN 9782763798547)
Céline Lafontaine, Le corps-marché. La marchandisation de la vie humaine à l'ère de la bioéconomie, Paris, Seuil, 2014. (ISBN 9782021038880)
Céline Lafontaine, « Le corps cybernétique de la bioéconomie », Hermes, n°68, 2014, pp. 31-35. DOI : 10.3917/herm.068.0031
Céline Lafontaine et Mathieu Noury, « De la nanomédecine à la nanosanté: vers une redéfinition technoscientifique de la santé », Socio-Anthropologie, n°29, 2014, pp.13-35. DOI: 10.4000/socio-anthropologie.1635
Céline Lafontaine, « Ageing in the Era of Regenerative Medicine. Analysis of Ageing-Related Representations among Canadian Researchers », The Sociological Quarterly, vol. 56, 2015, pp.62-79. DOI: 10.1111/tsq.12083
Céline Lafontaine, « Régénérer le corps pour régénérer l'économie. La double promesse de la médecine régénératrice », dans Marc Audétat (dir.) Sciences et technologies émergentes: Pourquoi tant de promesses?, Paris, Hermann, 2015, pp. 243-258. (ISBN 9782705691066)
Céline Lafontaine, « La bioéconomie et les fondements imaginaires de l'industrie biomédicale : le cas des cellules souches », dans Pierre Musso (dir.) Imaginaire, Industrie et innovation, Paris, Manucius, 2016
Céline Lafontaine, Johanne Collin et Anouck Alary, « Pharmaceuticalisation et fin de vie. La sédation profonde comme nouvelle norme du bien mourir », Droit et Cultures, n°75, vol.1, 2018, pp. 35-58. (ISSN 0247-9788). DOI: 10.4000/droitcultures.4368
Céline Lafontaine, « Mon corps, mon capital. La bioéconomie et les nouvelles frontières du corps humain », dans Stefano Biancu (dir.) The Human Measure. Perspectives on humanism, Ethics & Politics, Trieste, XXI, 2, 2019, pp.77-88. (ISSN 1825-5167). DOI: 10.13137/1825-5167/28390
Céline Lafontaine, « L'autocoservation des ovocytes », Études, n°7, 2019, pp. 41-50. DOI: 10.3917/etu.4262.0041
Céline Lafontaine, Bio-objets. Les nouvelles frontières du vivant, Paris, Seuil, 2021. (ISBN 9782021375497)
Céline Lafontaine et Maxime Wolfe, « Par-delà humain et non-humain : de la nécessité d’une approche matérialiste du vivant en sciences sociales ». Cahiers de recherche sociologique, n°70, 2021, pp.193-212. DOI: 10.7202/1097423ar
Céline Lafontaine, Maxime Wolfe, Janie Gagné et Élisabeth Abergel, « Bioprinting as a Sociotechnical Project: Imaginaries, Promises and Futures », Science as Culture, vol. 30, n°4, 2021, pp. 556–580. DOI: 10.1080/09505431.2021.1977264
Céline Lafontaine (dir.), « Matériaux vivants », Socio-anthropologie, vol.49, 2024. (ISSN 1276-8707)
Entretiens
« Le rêve de la maîtrise du vivant », Siggi, entretien de Jules Pector-Lallemand, 10 octobre 2023
« Utérus artificiel : vers une procréation sans humain ? », France culture (podcast), 30 décembre 2022
« Épisode 3/3 : GPA : la valeur de la grossesse », France culture (podcast), 1 juin 2022
« Bienvenue dans la civilisation “in vitro” », Philonomist, entretien d’Apolline Guillot, 9 février 2022
« Vraies révolutions et fausses promesses : la réalité des technologies aujourd’hui », France culture (podcast), 28 mai 2021
« Les bio-objets bouleversent notre définition du vivant », CQFD (podcast), entretien de Sarah Dirren, 3 mai 2021
« Chimères homme-animal : dépasse-t-on les limites éthiques ? », France culture (podcast), 27 avril 2021
« "On estime que l'on peut modifier le vivant sans frais" », Marianne, entretien par Rachel Binhas, 13 avril 2021
« Comment se cultive la vie en laboratoire ? », France culture (podcast), 24 mars 2021
« « Bio-objets », de Céline Lafontaine : la chronique « sociologie » de Roger-Pol Droit », Le Monde, entretien de Roger-Pol Droit, 19 mars 2021
« La privatisation du vivant », Pratiques, entretien de Françoise Acker, Sylvie Cognard, Marie Kayser et Anne Perraut Soliveres, janvier 2018
« Souffrir et mourir au temps du libéralisme », L’inconvénient, entretien d’Ugo Gilbert Tremblay, 8 décembre, 2016
« Gare aux néo-charlatans! », Québec Science, entretien d’Elias Levy, 23 octobre 2014
« Les organismes vivants incarnent l’espoir de poursuivre une croissance économique illimitée », Le Monde, entretien de Catherine Vincent, 2 juin 2014
« Le prix du sang », Mediapart, entretien de Joseph Confavreux et Michel de Pracontal, 10 mai 2014
« Entre innovation médicale et enjeux éthiques : quel avenir pour la bioéconomie ? », France culture (podcast), 9 mai 2014
« Où va la biologie de synthèse ? », France culture (podcast), 3 mars 2012
« Grand problème dans l'infiniment petit », Le Devoir, entretien d’Antoine Robitaille, 12 avril 2010
« La société post-mortelle », France culture (podcast), 28 août 2008
Références
- ↑ « Biographie Madame Céline Lafontaine », sur Assemblée nationale du Québec (consulté le )
- « Céline Lafontaine », sur Département de sociologie - Université de Montréal (consulté le )
- « Nanotechnologies et Société », sur Les Éditions du Boréal (consulté le )
- Roger-Pol Droit, « Bio-objets, de Céline Lafontaine : la chronique « sociologie » de Roger-Pol Droit », Le Monde, (lire en ligne)
- ↑ « Céline Lafontaine », sur Seuil (consulté le )
- « Céline Lafontaine », sur Les Éditions du Boréal (consulté le )
- ↑ Céline Lafontaine, Cybernétique et sciences humaines : aux origines d'une représentation informationnelle du sujet, Thèse de doctorat, Université Paris-I (Panthéon-Sorbonne) et Université de Montréal,
- Fabien Ferri, « À propos de : Céline Lafontaine, L’Empire cybernétique : des machines à penser à la pensée machine, Paris, Seuil, 2004. 235 p. », Système d’information en philosophie des sciences, (lire en ligne)
- ↑ « Céline Lafontaine », sur Éditions du Seuil (consulté le )
- ↑ Raymond Beaudry, « L’effacement des frontières de l’intériorité », Spirale, no 205, (lire en ligne)
- ↑ Céline Lafontaine, L’empire cybernétique. Des machines à penser à la pensée machine, Paris, Seuil, (ISBN 9782020561709)
- ↑ Ulrich Metende, « V. Le temps de la vie », dans Metende, Ulrich, Critique de la bioéconomie : Essai sur le statut politique des corps et du vivant au XXIe siècle, Paris, Hermann, (ISBN 9791037041135), p. 149-164
- ↑ Mélinée Schindler, « La société post-mortelle. La mort, l’individu et le lien social à l’ère des technosciences », Nature Sciences Sociétés, no 17, , p. 325-326 (lire en ligne)
- Céline Lafontaine, La société postmortelle. La mort, l’individu et le lien social à l’ère des technosciences, Paris, Seuil, (ISBN 9782020859530)
- ↑ Sébastien St-Onge, « Compte rendu de [LAFONTAINE, Céline, La société postmortelle, Paris, Seuil, 2008, 256 p.] », Frontières, vol. 1-2, no 22, , p. 133-134 (lire en ligne)
- ↑ « Le Corps-marché », sur Éditions du Seuil (consulté le )
- ↑ Danielle Moyse, « Le corps humain converti en gisement de ressources économiques – À propos de Le Corps-Marché, de Céline Lafontaine », BioéthiqueOnline, no 4, (lire en ligne)
- ↑ Céline Lafontaine, Le corps-marché. La marchandisation de la vie humaine à l'ère de la bioéconomie, Paris, Seuil, (ISBN 9782021038880)
- ↑ « Bio-objets », sur Éditions du Seuil (consulté le )
- Apolline Guillot, « Bienvenue dans la civilisation “in vitro” », sur Philonomist,
- ↑ Stéphane Baillargeon, « Le bio-objet comme métaphore », sur Le Devoir,
- ↑ Mélanie Guyonvarch et Gaëtan Flocco, « Céline Lafontaine, Bio-objets. Les nouvelles frontières du vivant, Seuil, Paris, 2021 », Écologie & Politique, vol. 2, no 65, , p. 185-187 (lire en ligne)
- ↑ Céline Lafontaine, Bio-objets. Les nouvelles frontières du vivant, Paris, Seuil,
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