Bosra Sham

Bosra Sham

Casaque de Wafic Saïd

Père Woodman
Mère Korveya
Père de mère Riverman
Sexe F
Naissance 4 mars 1993
Pays de naissance États-Unis
Mort
Pays d'entraînement Royaume-Uni
Éleveur Gerald Leigh
Propriétaire Wafic Saïd
Entraîneur Henry Cecil
Jockey Pat Eddery
Kieren Fallon
Rating Timeform 132
FIAH 133
Nombre de courses 10
Nombre de victoires 7 (2 places)
Gains en courses £ 588 484
Récompense Meilleure 3 ans de l'année en Europe (1996)
Principales victoires Fillies' Mile (1995)
1000 Guineas (1996)
Champion Stakes (1996)
Prince of Wales's Stakes (1997)

Bosra Sham (1993-2014) est une jument de course pur-sang anglais.

Carrière de courses

Henry Cecil, son légendaire entraîneur, disait d'elle qu'elle était la meilleure pouliche qu'il ait jamais entraînée[1], lui qui avait tout de même entraîné quelques honorables coursiers[2] : Bosra Sham avait des jambes fragiles, mais cette championne remporta trois groupe 1 et fut considérée comme l'un des meilleurs chevaux du monde en 1996 et 1997. Née aux États-Unis et dans la pourpre, issue de l'une des plus belles familles Niarchos, propre sœur du champion Hector Protector et soeur de Shanghai, qui imita son grand frère en remportant la Poule d'Essai des Poulains en 1991, Bosra Sham fit parler d'elle une première fois sur le ring de Tattersalls en 1994 lorsque l'homme d'affaires Wafic Saïd déboursa pour elle 530 000 guinées, soit le record de l'année pour un yearling[1]. Envoyée à l'entraînement chez le célèbre Henry Cecil, elle impressionna dès ses premiers pas en compétition, remportant un maiden touffu et dans la foulée un premier groupe 1, le Fillies' Mile. Une championne était née, bien que cette année-là le titre de 2 ans européenne de l'année échut à une certaine Blue Duster, lauréate elle aussi sensationnelle et invaincue des Cheveley Park Stakes, mais dont la suite de la carrière, entravée par une blessure qui l'empêchera de participer aux classiques, sera honorable bien que moins flamboyante.

Très attendue pour son retour[3], Bosra Sham, elle, se montre époustouflante dans les Fred Darling Stakes, au point de faire fuir la concurrence dans les 1000 Guinées[4]. Dans le classique de Newmarket, douze pouliches se dressent tout de même devant elle : Bosra Sham l'emporte, mais sans faire étalage de toute sa classe en raison d'une douleur à la jambe[5]. Mise au repos durant l'été, la pouliche revient en fin de saison pour affronter les mâles dans les Queen Elizabeth II Stakes, qui prennent non seulement les allures d'un duel pour la suprématie européenne face au talentueux vainqueur des 2000 Guinées, Mark of Esteem, mais aussi une manière de régler quelques comptes.

Mark of Esteem avait en effet entamé sa carrière sous la houlette de Henry Cecil avant de se parer des couleurs Godolphin, la nouvelle écurie concentrant les intérêts de la famille Al Maktoum et de rejoindre les boxes de Saeed bin Suroor. Ce transfert, dont Cecil se plaignit publiquement, ainsi que l'acrimonie de Cheikh Mohammed vis-à-vis de la jeune épouse de Henry Cecil qu'il accusait d'interférer dans les affaires de l'écurie, conduisit à une spectaculaire rupture entre les deux hommes, à coups de conférences de presse[6]. Actant la fin des années glorieuses rythmées par les succès de Oh So Sharp, Old Vic, Indian Skimmer, Diminuendo et autres Belmez, le cheikh retira du jour au lendemain 40 chevaux des boxes de Cecil, qui avait déjà vu ses effectifs réduits en raison de la mort de plusieurs de ses propriétaires historiques. L'homme de Warren Place entamait alors la traversée d'un désert où seule l'étoile Bosra Sham brillait dans la nuit. Mais la carrière d'un pur-sang et éphémère et la décennie 2000 sera celle des vaches maigres (il n'apparaît même plus dans le top 50 des entraîneurs et se voit contraint de louer les boxes de son écurie[7]) et des gros titres d'une presse à scandale scrutant sans pitié ses vaudevillesques déboires conjugaux incluant le jockey Kieren Fallon[8], jusqu'à l'avènement miraculeux de Frankel, le crack absolu, qui lui offrit un dernier tour de piste avant de s'éteindre, terrassé par une maladie contre laquelle il lutta durant des années[9].

L'affrontement avec Mark of Esteem constitue donc bien plus qu'une course de chevaux, et il tourne à l'avantage du mâle, monté par un Lanfranco Dettori en état de grâce (nous sommes le 28 septembre, le jour du "magnificent seven" : ce jour-là, le jockey italien remporta toutes les courses de la réunion[10]). La performance de Mark of Esteem lui vaut un rating Timeform exceptionnel de 137, Bosra Sham héritant d'un 132 néanmoins remarquable.

Mais l'histoire n'est pas finie, car l'heure de la revanche contre Godolphin sonne trois semaines plus tard dans les Champion Stakes. Cette fois, l'écurie bleue est représentée par le champion Halling, invaincu sur le gazon depuis deux ans (ses deux seules défaites, dans la Breeders' Cup Classic et la Dubaï World Cup, se sont produites sur le dirt), qui vient d'aligner trois victoires de groupe 1 (Prix d'Ispahan, Eclipse Stakes, International Stakes) et qui ce jour-là fait ses adieux à la compétition. Mais Henry Cecil se fait un plaisir de gâcher la fête, Bosra Sham dominant le fer de lance de Godolphin de deux franches longueurs. Halling sera couronné cheval d'âge de l'année en Europe en fin d'année et Bosra Sham meilleure pouliche de 3 ans. Saeed bin Suroor sera sacré tête de liste des entraîneurs en Angleterre, de justesse devant Henry Cecil, qui a obtenu dix fois cette récompense entre 1979 et 1993.

Début 1997, Cecil semble décidé à jouer la carte de l'insolence en allant défier Cheikh Mohammed chez lui, à Dubaï, pour encore une fois gâcher la fête : Bosra Sham est annoncée au départ de la première édition de la Dubaï World Cup, une course à 10 millions de dollars que l'émir vient de créer pour attirer sur ses terres certains des meilleurs chevaux du monde. Il y renonce finalement, et se concentre sur la saison européenne de sa championne[11]. Bosra Sham revient en piste en mai, dans les Brigadier Gerard Stakes, désormais montée par Kieren Fallon. Elle s'impose facilement, puis réalise un cavalier seul dans les Prince of Wales's Stakes durant le meeting royal d'Ascot, ridiculisant ses adversaires, au premier rang desquels Alhaarth, qui fut 2 ans de l'année 1995 en Europe, et qui court désormais sous bannière... Godolphin. Après la course, Henry Cecil jubile : Bosra Sham est, dit-il, la meilleure pouliche qu'il ait jamais entrainée[12].

Le 5 juillet, Bosra Sham est la grande favorite des Eclipse Stakes, face à seulement quatre adversaires. Mais pour la première fois elle déçoit, battue par l'excellent Pilsudski et le récent vainqueur du Derby d'Epsom Benny The Dip. Fallon, tenu pour responsable de la défaite, est débarqué sur ordre du propriétaire de la jument, qui retrouve son partenaire précédent, Pat Eddery, pour les International Stakes. Quatre partants seulement, mais pas n'importe lesquels : Bosra Sham, Benny The Dip, l'Irlandais Desert King (auteur du doublé Irish 2000 Guineas / Irish Derby) et le champion Singspiel. Ce sera la dernière apparition de Bosra Sham : rattrapée par ses problèmes chroniques à la jambe, la jument court mal et termine dernière tandis que triomphe Singspiel, paré des couleurs de Cheikh Mohammed, qui aura eu en quelque sorte le dernier mot. Le 25 septembre, Henry Cecil annonce que la carrière de Bosra Sham est terminée.

Nantie par la FIAH d'un rating de 133 après sa victoire dans les Prince of Wales's Stakes, ce qui fait d'elle la meilleure d'âge de l'année 1997 en Europe, Bosra Sham avait terminé numéro 1 mondiale des pouliches en 1996. Elle est considérée par John Randall et Tony Morris, dans leur livre de référence A Century of Champions, comme la 10e meilleure pouliche du 20e siècle dans les Îles Britanniques, et la meilleure pouliche des années 1990[13].

Résumé de carrière

Date Hippodrome Pays Course Statut Distance Jockey Place Écart Vainqueur ou deuxième
1995, 2 ans
11 août Newbury Royaume-Uni Sparshold Maiden Fillies' Stakes Maiden 1 200 m Michael Kinane 1er / 22 3 ½ Faraway Waters
24 septembre Ascot Royaume-Uni Fillies' Mile Gr. 1 1 600 m Pat Eddery 1er / 6 3 ½ Bint Shadayid
1996, 3 ans
19 avril Newbury Royaume-Uni Fred Darling Stakes Gr. 3 1 500 m Pat Eddery 1er / 9 6 Keepers Dawn
5 mai Newmarket Royaume-Uni 1000 Guineas Gr. 1 1 600 m Pat Eddery 1er / 13 1 ½ Matiya
28 septembre Ascot Royaume-Uni Queen Elizabeth II Stakes Gr. 1 1 600 m Pat Eddery 2e / 7 1 ½ Mark of Esteem
19 octobre Newmarket Royaume-Uni Champion Stakes Gr. 1 2 000 m Pat Eddery 1er / 6 2 ½ Halling
1997, 4 ans
27 mai Sandown Royaume-Uni Brigadier Gerard Stakes Gr. 3 2 000 m Kieren Fallon 1er / 6 1/2 Predappio
17 juin Ascot Royaume-Uni Prince of Wales's Stakes Gr. 2 2 000 m Kieren Fallon 1er / 6 8 Alhaarth
5 juillet Sandown Royaume-Uni Eclipse Stakes Gr. 1 2 000 m Kieren Fallon 3e / 5 1 ¼ Pilsudski
19 août York Royaume-Uni International Stakes Gr. 1 2 060 m Pat Eddery 4e / 4 4 ¼ Singspiel

Au haras

Devenue poulinière, Bosra Sham a donné plusieurs vainqueurs, mais aucun véritable cheval de premier plan. Son meilleur produit se nomme Rosberg, un fils de A.P. Indy qui fit affiché 1,5 million de dollars aux ventes de yearlings de Keeneland et remporta un groupe 3 au Canada, où il devint d'ailleurs étalon. Bosra Sham est morte le 5 mai 2014.

Origines

Fillle du précoce (meilleur 2 ans irlandais en 1985) et excellent étalon Woodman, Bosra Sham appartient à une famille extraordinaire, dont on peut détailler la généalogie à partir Queen's Statute, une jument anglaise acquise dans les années 50 par le grand éleveur canadien E.P. Taylor, et qui est la mère de :

Pedigree

Origines de Bosra Sham (USA), jument alezane né en 1993
Père
Woodman
Mr. Prospector Raise a Native Native Dancer
Raise You
Gold Digger Nashua
Sequence
Playmate Buckpasser Tom Fool
Busanda
Intriguing Swaps
Glamour
Mère
Korveya
Riverman Never Bend Nasrullah
Lalun
River Lady Prince John
Nile Lily
Konafa Damascus Sword Dancer
Kerala
Royal Statute Northern Dancer
Queen's Statute (famille 22-b)[14]

Références

  1. « The Bosra Sham Story », sur Famous Racehorses, (consulté le )
  2. (en-GB) Press Association, « Henry Cecil's most famous horses », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  3. (en-GB) « Dunlop can stop the Sham bandwagon with Najiya », The Independent,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  4. (en-GB) « Bosra moves towards Pretty Polly perch », The Independent,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  5. (en) « Bosra strikes back for Cecil », sur The Independent, (consulté le )
  6. Richard Edmonson, « Sham masks the misery for Cecil », sur The Independant,
  7. (en-GB) Julian Wilson, « Sir Henry Cecil obituary », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) « I was on the brink of quitting, says Cecil », sur The Telegraph, (consulté le )
  9. (en-GB) Greg Wood, « Time may be right for return of Cecil glory days », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  10. (en-GB) « 5 Live In Short - 'Magnificent Seven' my greatest achievement - Dettori - BBC Sounds », sur www.bbc.co.uk (consulté le )
  11. (en-GB) « Bosra will miss Dubai World Cup », The Independent,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  12. (en-GB) « Racimg: Homage from Cecil after Sham's show », The Independent,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  13. Tony Morris et John Randall, A Century of Champions, Portway Press, (ISBN 1-901570-15-0)
  14. « Bosra Sham Horse Pedigree », sur www.pedigreequery.com (consulté le )
  • Portail du monde équestre
  • Portail du sport