Daniel Bonifaz von Haneberg

Daniel Bonifacius von Haneberg
L’évêque Daniel Bonifazius von Haneberg.
Fonctions
Évêque diocésain
Diocèse de Spire
-
Konrad Reither (d)
Joseph Georg Ehrler (d)
Abbé
Abbaye Saint-Boniface de Munich
-
Benedikt Zenetti (d)
Biographie
Naissance
Décès
(à 59 ans)
Spire
Nom dans la langue maternelle
Daniel Bonifaz von Haneberg
Nationalité
Formation
Georgianum ducal (en)
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Ordre religieux
Consécrateurs
Membre de

L'abbé Daniel Haneberg, né le dans le hameau de Tannen à Lenzfried[1] et mort le à Spire, anobli Daniel Bonifazius von Haneberg (1866) est un théologien et orientaliste bénédictin qui est évêque de Spire.

Biographie

Jeunesse

Daniel Haneberg est le fils benjamin d’un couple de paysans, Tobias Haneberg et Franziska née Haibel, du hameau de Tannen, paroisse Saint-Magne à Lenzfried. Il perd sa mère à l'âge de neuf ans.

Élève au lycée de Kempten, il n’a que 13 ans lorsqu’il se met à étudier l’hébreu avec l’appui du rabbin Thannhäuser ; toujours à Kempten, il enchaîne par l’étude du syriaque, de l’arabe et du perse, mais bientôt, les ressources écrites de sa province deviennent insuffisantes pour ce jeune érudit et l’un de ses professeurs, Böhm, lui conseille de poursuivre ses études secondaires à Munich. Là, Haneberg est admis en 1834 à l’Alte Gymnasium, où il passe son baccalauréat l’année suivante[2].

Il s'inscrit ensuite à l'université de Munich en philosophie et en théologie catholique, avec pour professeurs Ignaz von Döllinger et Johann Adam Möhler et en l'espace de deux ans, est admis au Collegium Georgianum (de) de Munich ; mais les conférences d’hébreu, de syriaque et d'araméen ne pouvaient rien lui apprendre de nouveau : aussi s'adonne-t-il avec frénésie à l'étude du chinois, du sanskrit et des langues vivantes. Le 13 août 1839, il soutient sa thèse de théologie en latin et est ordonné prêtre quinze jours plus tard par l'évêque de son diocèse, celui d'Augsbourg, Peter von Richarz.

Professeur de théologie

Le 4 décembre 1839, le jeune curé est déjà recruté comme privat-docent de langues orientales par l’université Louis-Maximilien de Munich, qui l'élève l'année suivante au rang de professeur surnuméraire, puis de professeur titulaire en 1844. En 1845, Haneberg prend en outre les fonctions d'aumônier, et en 1848 il est reçu membre de l'Académie bavaroise des sciences.

Haneberg passe pour l'un des plus grands polyglottes de son temps : outre l’hébreu, il connait l’arabe, le copte, l’amharique, l’arménien, le perse, le sanskrit et le chinois. La connaissance du français, de l’anglais, du portugais et d’autres langues allait de soi ; quant au grec moderne, il le parlait comme sa langue maternelle, et pouvait même se faire comprendre en russe et en turc.

Chez les bénédictins

Ayant prononcé ses vœux en 1850 à l’Abbaye Saint-Boniface de Munich, il en devient l'abbé en 1854, tout en poursuivant son activité d'enseignant ; c'est en entrant chez les Bénédictins qu'il prend le nom en religion de Boniface. Il traverse en 1861 l'Afrique du Nord en quête d'un site pour y fonder une mission, et renouvelle ses recherches en 1864 à Constantinople et en Palestine. Sa connaissance des langues sémitiques et les contacts nombreux qu'il a noués au Proche-Orient lui valent d'être nommé en 1868 membre consultatif du concile du Vatican, comme secrétaire de la Commission des Églises d'Orient. Il fait partie de cette minorité de prélats qui militent contre la doctrine de l'infaillibilité papale ; cependant, contrairement à son ami et ex-professeur Ignaz von Döllinger, Haneberg accepte les conclusions du concile sans un murmure.

Dans son « Histoire de la révélation biblique », parue en 1850 (et augmentée jusqu'en 1863), apologie de la foi catholique contre des attaques de plus en plus vives, Haneberg s'oppose aux critiques faciles de la doctrine des Pharisiens, tout en jugeant avec condescendance certains enseignements du Talmud. Il voyait dans la doctrine juive de l'immuabilité de la Révélation une erreur fondamentale, alors que les Juifs eux-mêmes croyaient pouvoir « parfaire la création divine par des cultures hybrides comme des insectes humains. » Les Gentils, selon Haneberg, seraient qualifiés dans le Talmud d'impurs et « traités, non comme des êtres humains, mais du bétail. » Conformément à l'antijudaïsme, il relevait dans l'éthique rabbinique une vision « servilement attachée à la mise en scène de rituels compliqués », un manquement aux principes moraux fondamentaux dans leurs rapports avec les Gentils[3].

Évêque de Spire

Haneberg refuse à plusieurs reprises d'assumer l’intérim de diocèses vacants, comme à Bamberg (1858), Trèves (1864), Cologne (1865) ou Eichstätt (1866). Anobli en 1866, il accepte finalement, sur la demande du Pape, de déférer à son élection comme évêque de Spire. Il reçoit la consécration de l’archevêque de Munich, Gregor von Scherr, le 25 août 1872.

Haneberg prend en main un diocèse que l’évêque Nikolaus von Weis (de) avait administré depuis des décennies de manière exemplaire. Il reconnaissait, dans sa première lettre pastorale du 14 septembre 1872, être pris de scrupules en pensant aux « beaux succès » de son prédécesseur et « aux bienfaits qu'il avait répandus dans tout le diocèse au long d'un ministère de 27 années. » Haneberg s'efforce de poursuivre son œuvre pastorale, moins comme savant ou comme bâtisseur, que comme premier prêtre du diocèse. À sa prise de fonctions, il prend soin de saluer tous les sujets du diocèse, même non-catholiques, et les invite, comme un professeur d'université, à dialoguer librement entre eux.

Lorsqu'en 1873, une épidémie de choléra désole la région de Spire, l'évêque, malgré un travail accablant, trouve encore le temps de se rendre aux chevet des malades, chez eux ou dans les hôpitaux, avec son secrétaire-vicaire Schwarz, le chanoine Dietrich Becker et les chapelains Konrad Busch (de) (futur évêque) et Friedrich Molz.

Frappé par la maladie, il ne se plaignait nullement et suivait sa communauté dans ses déplacements. Plus d'une fois il se trouva mal, privé de forces. Le doyen Weiss, très affligé, lui déclare un jour : « Si vous continuez comme ça, nous vous aurons perdu avant trois ans. »

L'évêque Haneberg reçoit la conversion de la reine Marie de Prusse au catholicisme au château de Hohenschwangau le 7 octobre 1874.

Au mois de mai 1876, il succombe à une pneumonie. Les trois médecins appelés à son chevet convinrent que la faiblesse de l'organisme était telle, qu'il n'était plus possible de retarder une issue fatale. Haneberg expire au matin du 31 mai 1876, vers 9h15. Les funérailles se tiennent le 2 juin dans la cathédrale de Spire, en présence de 200 hommes d'église, dont l'évêque Wilhelm Emmanuel von Ketteler de Mayence, l'évêque Franz Leopold von Leonrod d'Eichstätt et l'abbé Benedikt Zenetti (de) (son successeur à l'Abbaye Saint-Boniface). La messe fut dite par un de ses anciens élèves, le chanoine Dietrich Becker. L'éloge funèbre a été imprimé et forme un chapitre entier de la biographie qu'A. Huth a consacrée à Haneberg.

Sépulture

Son épitaphe, qui reprend un passage du Siracide (verset 50,9), dresse un parallèle entre sa taille imposante, son élévation d'esprit et sa piété : « … comme le feu et l'encens dans l'encensoir, comme un vase d'or massif, orné de toutes sortes de pierres précieuses. »

L’impératrice Élisabeth d’Autriche, dite Sissi, s'est rendue le 28 avril 1883 à la cathédrale de Spire avec sa fille Marie-Valérie, sa sœur Sophie et le duc Ferdinand d'Alençon pour se recueillir sur la tombe de ce prélat, qu'elle chérissait particulièrement[4].

Œuvres

Notes et références

  1. On retrouve souvent Tanne (Blaichach) comme indication, qui est une confusion sur Tannen. Tannen bei Lenzfried est bien son lieu de naissance.
  2. (de) Max Leitschuh (Hrsg.), Die Matrikeln der Oberklassen des Wilhelmsgymnasiums in München, vol. 4, Munich, C. H. Beck, (ISBN 3-406-10900-4), p. 7.
  3. Carsten Wilke et Elias Grünebaum, Die Sittenlehre des Judenthums andern Bekenntnissen gegenüber : nebst dem geschichtlichen Nachweise über die Entstehung und Bedeutung des Pharisaismus und dessen Verhältniss zum Stifter der christlichen Religion, Strasbourg, Böhlau Verlag, (réimpr. 2e, Cologne 2010) (ISBN 978-3-412-20316-0), « Die Erben der Pharisäer: Elias Grünebaum und sein Entwurf einer gemeinsamen Geschichte von Judentum und Christentum. », p. 16.
  4. Jakob Baumann, Joseph Georg von Ehrler, Bischof von Speyer: Ein Lebensbild, Fribourg en Brisgau, Herder, (DNB 57914898X), p. 228.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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