Blitz de Liverpool
| Date | 1940–1942 | 
|---|---|
| Lieu | Liverpool (Royaume-Uni) | 
| Issue | Liverpool fut fortement endommagée par les raids aériens allemands | 
| Allemagne | Royaume-Uni | 
| Inconnues | 4000 | 
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Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Le Blitz de Liverpool désigne le bombardement intensif de la ville britannique de Liverpool et de ses alentours par la Luftwaffe allemande durant la Seconde Guerre mondiale[1].
Liverpool, conjointement avec Birkenhead, formait alors le plus vaste port de la côte occidentale du Royaume-Uni, revêtant une importance stratégique capitale pour l’effort de guerre britannique. Cette prééminence lui valut d’être la région la plus bombardée hors de Londres[2], subissant les assauts répétés de la Luftwaffe. Toutefois, les récits des dommages, intentionnellement évasifs afin de ne pas éclairer l’ennemi, furent édulcorés dans la presse à des fins propagandistes, suscitant parmi les Liverpuldiens le sentiment amer que leurs tribulations furent minorées au regard d’autres régions plus médiatisées[3]. Le bilan, pourtant, fut des plus lourds : près de 4 000 personnes périrent dans la région du Merseyside durant le Blitz[2], ce qui la place au second rang des pertes humaines, derrière la capitale, laquelle déplora plus de 40 000 morts à la fin du conflit[2].
Liverpool, Bootle et l’ensemble de Wallasey Pool constituaient des sites d’une importance stratégique majeure durant la Seconde Guerre mondiale. Le port de Liverpool, durant de longues années, fut le principal trait d’union entre le Royaume-Uni et l’Amérique du Nord, jouant un rôle capital dans l’engagement britannique lors de la bataille de l’Atlantique. Outre qu’il offrait un mouillage aux vaisseaux de guerre de maintes nations, ses quais et ses dockers acheminèrent plus de 90 % du matériel belliqueux importé en Grande-Bretagne depuis l’étranger, près de soixante-quinze millions de tonnes transitant par ses dix-huit kilomètres d’appontements. Liverpool marquait l’extrémité orientale d’une chaîne d’approvisionnement transatlantique, reliant le continent nord-américain. En outre, nombre d’industries se trouvaient fortement concentrées en ces lieux, ainsi que dans la ville voisine de Birkenhead, située sur l’autre rive de la Mersey.
Contexte
L’évacuation des enfants (Opération Pied Piper) lors de l’entrée en guerre, en septembre 1939, constituait une mesure préventive destinée à soustraire la population des cités et contrées stratégiques aux bombardements aériens de l’Allemagne. Entre le premier et le sixième jour de ce mois, les déplacements orchestrés par la Liverpool Corporation permirent que fussent transférés, hors des murs de la ville, quelque huit mille cinq cents enfants, géniteurs et maîtres d’école, vers des régions champêtres et bourgades éparses du Lancashire, du Pays de Galles, du Cheshire, ainsi que des alentours de Shrewsbury et du Shropshire[4].
Tandis que les mois s’écoulaient sans qu'aucune attaque aérienne de la Luftwaffe ne se manifestât, nombre de parents reconduisirent leurs enfants à Liverpool. Dès janvier 1940, près de quarante pour cent des jeunes évacués avaient regagné la ville[4].
Début du Blitz
Le premier bombardement aérien d’envergure sur Liverpool survint au mois d’août 1940, lorsque cent soixante bombardiers assaillirent la ville durant la nuit du 28 août.
Cet assaut se perpétua durant les trois nocturnes subséquentes, puis à intervalles réglés tout au long du reste de l’année. Cinquante raids frappèrent la cité au cours de ce trimestre. Certains furent de faible envergure, ne comptant que quelques avions et n’excédant pas quelques minutes, tandis que d’autres, bien plus importants, mobilisèrent jusqu’à trois cents appareils et se prolongèrent au-delà de dix heures. Le dix-huit septembre, vingt-deux prisonniers de la prison de Walton périrent lorsque des projectiles explosifs réduisirent à néant une aile de la prison[5].
Le vingt-huit novembre, un bombardement d’une ampleur considérable frappa la cité, et le fait le plus tragique survint lorsqu’un projectile atteignit un abri souterrain situé sur Durning Road, occasionnant la mort de 166 personnes[2]. Winston Churchill qualifia cet événement de «
pire incident de la guerre »[6].
L’offensive aérienne de 1940 culmina lors du Blitz de Noël, assaut dévastateur qui frappa la capitale britannique durant trois nuits consécutives, du 20 au 22 décembre.
Blitz de Noël
Une succession de bombardements aériens d’une grande ampleur frappa le Royaume-Uni en décembre 1940, épisode que l’on désigna sous le nom de « Blitz de Noël ». Au cours de ces trois jours, du 20 au 22 décembre, trois cent soixante-cinq personnes périrent sous les déflagrations[7]. Ces assauts aériens furent marqués par plusieurs impacts directs sur des abris antiaériens, occasionnant des pertes civiles considérables. Le 20 décembre, un refuge fut atteint par une bombe, causant la mort de quarante-deux individus ; ce même jour, quarante autres personnes succombèrent sous les voûtes ferroviaires de la Bentinck Street, où nombre d’habitants s’étaient retranchés[7]. Le lendemain, un nouvel effondrement d’abri tua 74 personnes[7].
Les bombardements ont diminué en intensité après la nouvelle année.
Blitz de mai
En mai 1941, le raid aérien sur la région reprit son cours ; un bombardement de sept nuits consécutives ravagea la ville[8]. La première bombe s’abattit sur Seacombe, Wallasey, Wirral, à l’heure de vingt-deux heures et quart, ce premier jour de mai. L’acmé des frappes survint entre le 1er et le 7 mai de cette même année. Six cent quatre-vingt-un bombardiers de la Luftwaffe prirent part à l’opération ; deux mille trois cent quinze projectiles explosifs, ainsi que cent dix-neuf autres engins incendiaires ou à fragmentation, furent déversés. Ces assauts réduisirent à néant soixante-neuf des cent quarante-quatre postes de chargement et occasionnèrent deux mille huit cent quatre-vingt-quinze victimes, tant parmi les civils que les militaires.
La cathédrale de Liverpool fut atteinte par une bombe à haut pouvoir explosif, laquelle perfora la voûte du transept sud-oriental avant que sa course ne fût déviée par un mur mitoyen de briques, provoquant son explosion en plein vol et occasionnant la brisure de maints vitraux. Un second projectile, non éclos, vint choir sur les degrés du parvis, tandis que des engins incendiaires consumèrent divers agrès dans l’enclos de l’entrepreneur sis à l’occident de l’édifice[11].
Un sinistre survenu le 3 mai impliqua le SS Malakand, navire fretant des munitions, alors amarré au quai Huskisson. Bien que son explosion ultime soit fréquemment imputée à un ballon de barrage embrasé, cet incendie fut circonscrit. Toutefois, les flammes issues des hangars portuaires, préalablement bombardés, gagnèrent le Malakand, et ce feu ne put être dompté. Malgré les vaillants efforts des sapeurs pour l’éteindre, les ardeurs se propagèrent à la cargaison du bâtiment, composée de mille tonnes de bombes, laquelle détonna quelques heures après la cessation du raid. L’entièreté du quai Huskisson n°2 ainsi que les jetées avoisinantes furent anéanties, et quatre personnes y laissèrent la vie. La déflagration fut d’une telle violence que des débris de la coque furent projetés jusqu’à un parc distant de plus d’un 1,6 km. Il fallut soixante-quatorze heures pour que l’embrasement s’éteignît de lui-même[12].
Les bombardements intensifs, menés durant sept nuits consécutives, occasionnèrent la ruine intégrale de plus de 6 500 demeures, réduites en cendres par les frappes aériennes, tandis que 190 000 autres édifices subirent d’importants dommages[13], jetant 70 000 personnes dans le dénuement le plus absolu[13]. Les voies de communication furent pareillement affectées : 500 chaussées se trouvèrent interdites à la circulation, et les rails des chemins de fer ainsi que les lignes de tramway furent anéantis. Les infrastructures urbaines ne furent pas épargnées : 700 conduites d’eau potable et 80 égouts furent endommagés, de même que les réseaux de gaz, d’électricité et de téléphonie. Pour remédier à ce désastre, 9 000 ouvriers, recrutés hors des murs de la cité, et 2 700 soldats s’attelèrent au déblaiement des décombres qui encombraient les artères. Lors de la seule nocturne du 3 au 4 mai, les sapeurs parvinrent à éteindre 400 embrasements[14].
Bootle, situé au septentrion de la ville, essuya des dommages considérables et de funestes pertes humaines. Un événement marquant fut le bombardement qui frappa de plein fouet un abri antiaérien de la Co-operative Society, sis à l’angle d’Ash Street et de Stanley Road. Bien que le décompte exact des victimes demeurât indéterminé, l’on exhuma plusieurs dizaines de dépouilles, lesquelles furent déposées en une morgue provisoire. Celle-ci, hélas, fut ultérieurement consumée par des incendiaires, avec plus de cent quatre-vingts corps à l’intérieur[15].
The Times du 5 mai 1941 relatait le compte rendu suivant : « Les Allemands ont déclaré que l'attaque de samedi soir sur Liverpool était l'une des plus lourdes jamais menées par leur armée de l'air sur la Grande-Bretagne. Plusieurs centaines de bombardiers avaient été utilisés, la visibilité était bonne et des quais et des usines industrielles, des entrepôts et des centres d'affaires avaient été touchés. En plus de nombreux incendies plus petits, un incendie, a-t-on affirmé, était plus important que tous ceux observés jusqu'alors lors d'une attaque nocturne. »
Fin du Blitz
Après les assauts aériens de mai 1941, la fureur des bombardements allemands s’atténua, l’attention d’Hitler se détournant vers l’invasion de l’Union soviétique. Le dernier bombardement allemand sur Liverpool survint le 10 janvier 1942, réduisant en cendres plusieurs demeures de Upper Stanhope Street. Par un concours de circonstances, l’une des maisons anéanties portait le numéro 102, jadis habitée par Alois Hitler, demi-frère d’Adolf Hitler, et lieu où avait vu le jour William Patrick Hitler, neveu du dictateur[16]. La maison ne fut jamais rebâtie, et l’emplacement finit par être démembré de ses habitations, laissant place à une étendue herbue. À l’issue des bombardements allemands, le bilan des victimes s’éleva à 2 716 personnes à Liverpool, 442 à Birkenhead, 409 à Bootle et 332 à Wallasey[17].
Conséquences
De nos jours, l’un des témoignages les plus saisissants du Blitz à Liverpool demeure la carcasse calcinée de l’église Saint-Luc, érigée en plein cœur de la cité. Cet édifice religieux fut réduit en cendres par une bombe incendiaire le cinquième jour de mai 1941, au plus fort des assauts aériens. Bien que dévastée par les flammes, sa structure résista miraculeusement à l’anéantissement, et sa silhouette, se dressant en surplomb de la ville, servit longtemps de memento funèbre aux souffrances endurées par Liverpool et ses alentours. Par la suite, ces vestiges furent aménagés en un jardin commémoratif, voué à honorer la mémoire des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui périrent sous les bombardements frappant la région.
Parmi les édifices anéantis par les bombardements du Blitz figurent l’hôtel des douanes, les Bluecoat Chambers et le musée de Liverpool. Toutefois, nombre de ces bâtiments furent restaurés durant l’après-guerre, tandis que la douane, en revanche, fut abattue non sans susciter de vives controverses.
« En mai 1941, à l’issue d’une visite à Liverpool et ses alentours, le Premier ministre britannique Winston Churchill déclara : « Je vois les dégâts causés par les attaques ennemies, mais je vois aussi... l'esprit d'un peuple non conquis.. »
Victimes notables
- Mary Lawson, actrice de cinéma et de théâtre[18],[19].
- Francis William Lionel Collings Beaumont, héritier du seigneur de Sercq et officier de la RAF[18],[19].
Voir aussi
- Histoire de Liverpool
- Blitz
Références
Notes
Sources
- ↑ « CITiZAN - Blogs - Raiders over the River Mersey », www.citizan.org.uk (consulté le )
- « Spirit of the Blitz - Merseyside Maritime Museum, Liverpool museums » [archive du ], Liverpoolmuseums.org.uk (consulté le )
- ↑ Hodgson, « 'Too ghastly to believe'? Liverpool, the press and the May Blitz of 1941 » [archive du ], Journalism Education, Association for Journalism Education (consulté le )
- « Coming danger - Merseyside Maritime Museum, Liverpool museums » [archive du ], Liverpoolmuseums.org.uk (consulté le )
- ↑ Richard Whittington-Egan, The Great Liverpool Blitz, The Gallery Press, Liverpool Dossier Series, (ISBN 0-900389-27-3), p. 34
- ↑ Waddington, « 70th anniversary of Durning Road bomb disaster that claimed 166 Liverpool lives » [archive du ], Liverpool Echo, (consulté le )
- « Studenten Karriere Portal Ausbildung | NWLG-BLOG | » [archive du ], Studium - Karriere - Ausbildung (consulté le )
- ↑ « Liverpool May Blitz remembered with parade and ceremony » [archive du ], Liverpool Echo, (consulté le )
- ↑ « CITiZAN - Blogs - Blitz defence at Formby », www.citizan.org.uk (consulté le )
- ↑ « CITiZAN - Blogs - The scars of war », www.citizan.org.uk (consulté le )
- ↑ Whittington-Egan 1987, p. 24.
- ↑ « E. Chambré Hardman Archive » [archive du ] (consulté le )
- « The Liverpool Blitz » [archive du ], Imperial War Museums (consulté le )
- ↑ « May Blitz - Merseyside Maritime Museum, Liverpool museums » [archive du ] (consulté le )
- ↑ « Bombing of the Co-op Shelter, Bootle » [archive du ], LIVERPOOL BLITZ 70 (consulté le )
- ↑ « The Scouse Hitler » [archive du ], Bbc.co.uk (consulté le )
- ↑ « E. Chambré Hardman Archive » [archive du ] (consulté le )
- « Second Raid on Humber Area Many Casualties, Other Attacks in North Midlands », The Times, , p. 2
- « Mary Lawson, British Actress, Killed in Raid », Chicago Tribune, , p. 8
Liens externes
- Histoire du Liverpool Blitz
- Site officiel de l'église bombardée de Saint-Luc Archived
- Photographies Archived
- Le Blitz de mai sur YouTube
- Musées de Liverpool, informations complémentaires
- Site Web de la BBC avec plus d'informations
- Informations complémentaires sur le SS Malakand
- Chronologie
- Quelques détails du blitz de Liverpool tirés de témoignages de première main et la raison pour laquelle Edge Hill était une cible particulière.
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