Black Box Diaries
| Réalisation | Shiori Itō |
|---|---|
| Musique | Mark Degli Antoni |
| Sociétés de production |
Hanashi Films Cineric Creative Star Sands Spark Features |
| Genre | documentaire |
| Durée | 102 min |
| Sortie | 2024 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Black Box Diaries est un film documentaire de 2024, produit et réalisé par la journaliste Shiori Itō, documentant son enquête et son agression sexuelle au Japon[1].
Présenté en avant-première au Festival du film de Sundance 2024, il reçoit un très bon accueil critique malgré des critiques visant les considérations éthiques du tournage. Il est nommé comme l'un des meilleurs documentaires de 2024 par le National Board of Review[2] et reçoit une nomination à l'Oscar du meilleur film documentaire.
Synopsis
Le documentaire retrace le combat menée entre 2015 et 2023 par la réalisatrice et journaliste Shiori Itō qui accuse Noriyuki Yamaguchi, chef du bureau de Washington du Tokyo Broadcasting System et ami du Premier ministre Shinzo Abe lui-même[3], de l'avoir droguée et violée en 2015.
Très vite, Itō se heurte à de nombreux obstacles : la police refuse sa plainte, un policier tente de la décourager, et la procédure est finalement classée sans suite. Elle prend la parole publiquement lors d'une conférence de presse, très peu reprise par les médias japonais. À la suite de cela Itō est blacklistée dans son secteur, et doit souvent faire face à des insultes, des menaces de mort, des commentaires sur son physique qui la blâment tous pour l'incident, la poussant à l'exil. Elle continue malgré tout les recours judiciaires.
En 2017, elle publie Black Box Diaries, un livre qui retrace son combat et s'expose encore plus publiquement malgré les réticences de sa famille. Le documentaire chronique, à l'aide d'enregistrements parfois clandestins, son combat, l'émergence lente du mouvement #MeToo au Japon, et le soutien public que Shiori Itō finit par recevoir après de longues années de lutte.
Fiche technique
- Titre : Black Box Diaries
- Titre original japonais : Black Box Diaries
- Réalisation : Shiori Itō
- Musique originale : Mark Degli Antoni
- Montage : Ema Ryan Yamazaki
- Image : Hanna Aqvilin
- Son : Andrew Tracy (conception sonore)
- Production : Shiori Itō, Hanna Aqvilin, Eric Nyari
- Ventes : Dogwoof (international)
- Distribution : MTV Documentary Films (sortie en salles, États-Unis) Art House Films (sortie en salles en France)
- Durée : 102 minutes
- Format : 1,78:1, couleur
- Date de sortie :
- États-Unis : 20 janvier 2024 (Festival de Sundance), 25 octobre 2024 (en salles)
- Royaume-Uni : 25 octobre 2024 (en salles)
- France : 14 janvier 2025 (Festival international des cinémas d'Asie de Vesoul), 12 mars 2025 (en salles)
Production
La trame du film est basée sur le récit La Boîte noire (Black Box Diaries), publié par Itō en 2017[3] et paru en France aux éditions Picquier en 2019[4].
Il est réalisé par Itō et co-produit par elle avec le soutien de Hanna Aqvilin et Eric Nyari.
Sortie
Le film est présenté en avant-première mondiale le 20 janvier 2024, au Festival du film de Sundance[5], et est également projeté au festival South by Southwest le 10 mars 2024[6],[7], au CPH:DOX le 18 mars 2024 [8],[9] , et au Festival Hot Docs le 29 avril 2024[10],[11]. En Australie, Black Box Diaries est projeté au Festival international du film de Melbourne en août[12], puis au Festival du film d'Adélaïde en octobre.
En , MTV Documentary Films et Dogwoof acquièrent respectivement les droits de distribution du film aux États-Unis et au Royaume-Uni[13],[14], où il sort le . Au 20e Festival du Film de Zurich, le film remporte l'Œil d'Or du meilleur documentaire ainsi que le Prix du Public[15].
En 2025, le film est nommé pour à l'Oscar du meilleur film documentaire lors de la 97e cérémonie[4].
En , à cause de controverses éthiques liées au tournage et à l'image que le documentaire pourrait donner du Japon[16], le film est toujours censuré au Japon[17], aucun distributeur n'ayant souhaité le diffuser.
Réception
Réponse critique
Selon le bilan fait par l'aggrégateur Rotten Tomatoes, 98% des 56 revues de critiques sont positives, avec une note moyenne de 8.3/10 [18].
Selon Guy Lodge de Variety le film est un « documentaire procédural très serré et à cœur ouvert »[19]. Pour Valerie Complex de Deadline : « La réalisation précise nous met dans l'état d'esprit d'Itō à travers cette enquête épuisante, capturant la tristesse, la joie et la détermination qui la poussent en avant malgré tout ce qui la contre »[20].
En France
En France, le site Allociné propose une note moyenne de 3,9⁄5, d'après l'interprétation de 22 critiques de presse et de 4,1⁄5 pour les avis des spectateurs[21].
Le Figaro reconnaît un film « magistral », porté par un montage extrêmement efficace[22]. Pour Le Monde, c'est un film « à ne pas manquer » grâce à la place unique qu'y occupe la réalisatrice Shiori Itō[16].
Controverse sur l'éthique journalistique
En octobre 2024, Yōko Nishihiro, Chinami Kajō et Katsuhiko Tsukuda, les avocats qui représentaient auparavant Itō[23],[24],[25], l'accusent de ne pas avoir protégé ses sources en utilisant dans le film des images et des enregistrements audio sans l'autorisation des parties concernées. L'hôtel Sheraton de Tokyo, où s'est déroulé l'agression, dit notamment avoir fourni des images de caméra de sécurité, montrant Yamaguchi traînant Itō dans l'hôtel, pour une utilisation uniquement prévue dans le cadre d'une procédure judiciaire, et non d'un documentaire. D'autres images, concernant notamment un détective de police et un chauffeur de taxi, posent également problème. Yōko Nishihiro a exprimé sa crainte que de telles utilisations non autorisées de documents produits au cours d'un procès puissent décourager de potentiels témoins de se manifester dans les procès concernant d'autres agressions sexuelles, où les preuves tendent à être rares. Elle déclare également qu'une conversation téléphonique entre Itō et elle-même a été enregistrée à son insu et utilisée dans le film sans son autorisation[26],[27],[28],[24].
Itō a répondu que les accusations des avocats contenaient des inexactitudes factuelles, que le détective et le chauffeur de taxi n'avaient pas pu être contactés et que le film avait reçu des contrôles juridiques aux États-Unis et au Japon[27]. Pour Itō, il était crucial de montrer la preuve de l'agression sexuelle, et les images de la caméra de sécurité, estimant que la voix du détective avait été suffisamment modifiées pour que le film protège la vie privée. Selon elle, l'intérêt public qu'il y avait à inclure ces documents dans le film l'emporte sur d'autres préoccupations telles que les intérêts commerciaux de l'hôtel[26],[29],[30],[28]. Elle a précisé que ces images étaient des documents judiciaires non restreints, et qu'elles devaient être publiées car elle avait reçu des critiques au vitriol après une fuite d'images d'elle sortant de l'hôtel[31]. De leur côté, les représentants d'Itō ont accusé Nishihiro d'avoir violé la confidentialité des relations avocat-client[26].
Pour Hiroyoshi Sunakawa, qui étudie les médias à l'université Rikkyo : « Certaines choses, comme le degré d'intoxication, ne peuvent être transmises que par vidéo. Le film est réalisé avec détermination et, si le message qu'il contient sert l'intérêt public, comme la prévention des crimes sexuels, il est défendable de décider de montrer les images même sans autorisation »[29]. Ryōichi Matsuno, spécialiste du journalisme à l'université Chuo, a quant à lui affirmé qu'« obtenir l'autorisation d'utiliser les images et protéger l'anonymat des sources sont les bases les plus élémentaires. Étant donné l'intérêt du sujet, l'autorisation doit être négociée avec ténacité, et la personnalité et les droits humains des sources journalistiques doivent être pris en considération de la manière la plus stricte. Le journalisme repose sur des relations de confiance »[28].
Tsukuda a remis en question l'idée selon laquelle l'intérêt public aurait plus de poids que la vie privée dans le journalisme américain, citant les efforts déployés par les journalistes du New York Times pour déterminer si les sources pouvaient être déclarées officiellement, comme le montre le film She Said[32].
Le producteur Eric Nyari répond dans The Times que Shiori Itō à le droit : « de raconter sa propre histoire, son propre point de vue » et rajoute « En tant que producteur, nous sommes d'accord avec elle en termes d'intérêt général, en termes d'équité, en termes éthique »[33].
En février 2025, Yukiko Tsunoda, une ancienne représentante d'Itō, lui reproche aussi l'utilisation non autorisée des images, déclarant : « Les films peuvent parfois être violents. Bien que j'applaudisse le combat de Mme Itō en tant que victime d'un crime sexuel, je ne peux ignorer la situation actuelle où l'avocat qui a couru à ses côtés et a tant lutté et où de nombreux collaborateurs et sympathisants sont blessés ». Des conférences de presse des deux parties sont annoncées au Club des correspondants étrangers du Japon le 20 février 2025[25].
Distinctions
Nominations
Notes et références
- ↑ (en-US) Lodge, « 'Black Box Diaries' Review: Shiori Ito's Courageously Candid Documentary Account of Her Own #MeToo Battle », Variety, (consulté le )
- ↑ (en-US) « 2024 Archives », National Board of Review (consulté le )
- (en) « Festival Archive (1952–2024) », sur MIFF (consulté le )
- « #MeToo : le documentaire “Black Box Diaries”, nommé aux Oscars, mais pas projeté au Japon », sur Courrier international, (consulté le )
- ↑ D'Alessandro et Patten, « Sundance Unveils Packed 2024 Lineup That Includes A.I., Pedro Pascal, Kristen Stewart, Satan, Devo & Steven Yeun », Deadline Hollywood, (consulté le )
- ↑ « Black Box Diaries », South by Southwest (consulté le )
- ↑ « 2024 Film & TV Lineup », South by Southwest (consulté le )
- ↑ « Black Box Diaries », CPH:DOX (consulté le )
- ↑ Barraclough, « Documentary Film Festival CPH:DOX Unveils Competition Lineup », Variety, (consulté le )
- ↑ « Black Box Diaries », Hot Docs Canadian International Film Festival (consulté le )
- ↑ Barraclough, « ‘Full Frontal’s’ Amy Hoggart, Magician Shawn Farquhar Feature in Films World Premiering in Hot Docs’ Special Presentations Section », Variety, (consulté le )
- ↑ Cai et Katayama, « Black Box Diaries documents Shiori Ito's pursuit of justice and sexual violence law reform in Japan », ABC News, (consulté le )
- ↑ Morfoot, « MTV Documentary Films Acquires U.S. Rights to Sundance #MeToo Doc 'Black Box Diaries' (EXCLUSIVE) », Variety, (consulté le )
- ↑ Tabbara, « Sundance documentary ‘Black Box Diaries’ locks in major sales (exclusive) », Screen International, (consulté le )
- ↑ « An overview of all current and previous prize winners », zff.com (consulté le )
- Boris Bastide, « « Black Box Diaries », anatomie d’un scandale emblématique du mouvement #MeToo japonais », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Shiori Itō, réalisatrice de “Black Box Diaries” : “Au Japon, briser le tabou du viol expose à une forme de stigmatisation” », sur telerama.fr
- ↑ (en) « Black Box Diaries », sur www.rottentomatoes.com (consulté le )
- ↑ (en-US) Guy Lodge, « ‘Black Box Diaries’ Review: Shiori Ito’s Courageously Candid Documentary Account of Her Own #MeToo Battle », sur Variety, (consulté le )
- ↑ (en-US) Valerie Complex, « ‘Black Box Diaries’ Review: An Intimate Chronicle Of Resilience Against A Flawed System – Sundance Film Festival », sur Deadline, (consulté le )
- ↑ « Black Box Diaries », sur Allociné
- ↑ Régis Arnaud, « Notre critique de Black Box Diaries: le douloureux combat filmé de Shiori Ito », sur Le Figaro, (consulté le )
- ↑ Nishihiro, Kajō et Tsunoda faisaient partie des avocats d'Itō dans le procès civil contre Yamaguchi. Tsukuda, qui représente Nishihiro et Kajō, a représenté Itō dans son procès en diffamation contre Mio Sugita
- (ja) « 伊藤詩織氏ドキュメンタリー作に「承諾が取れていないのであれば人権上問題」「事前に確認なく公開」かつて共に闘った弁護士たちが警鐘の裏で何が… », sur 集英社オンライン, (consulté le )
- (ja) « 伊藤詩織さん監督映画、防犯カメラ映像使用を巡り、本人側と問題を指摘した弁護団側の双方が20日に会見へ:東京新聞デジタル », sur 東京新聞デジタル (consulté le )
- (ja) « 伊藤詩織さん監督映画めぐる双方の主張は? 元代理人は「承諾ない部分は修正を」、監督側は「指摘は不正確」と反論 - 弁護士ドットコムニュース » [archive du ], sur 弁護士ドットコム (consulté le )
- (ja) « 伊藤詩織さん監督映画に「人権上の問題」 元代理人の弁護士ら、修正求め会見 「取材源の秘匿守られず」:東京新聞デジタル », sur 東京新聞デジタル (consulté le )
- (ja) « 伊藤詩織さんの性被害を描いた監督映画 「許諾ない映像使用」と指摘:朝日新聞 », sur 朝日新聞, (consulté le )
- (ja) « 伊藤詩織さん、性被害の「事実を明るみに出すため必要だった」と反論 証拠映した「映像の無断使用」指摘に:東京新聞デジタル », sur 東京新聞デジタル (consulté le )
- ↑ (ja) « 伊藤詩織さん監督映画、米アカデミー賞のショートリスト選出「被害者らしさを押し付ける社会を変えたい」。誓約違反への見解は », sur ハフポスト, (consulté le )
- ↑ (ja) 共同通信, « 伊藤詩織さん初監督映画、上映めど立たぬ異例の事態 防犯カメラ映像などめぐり », sur 琉球新報デジタル, (consulté le )
- ↑ (ja) « 伊藤詩織氏『Black Box Diaries』が日本劇場公開できていない背景にあるもの…「公益性」から“防犯カメラの無断使用”を問う », sur 集英社オンライン, (consulté le )
- ↑ (en) Richard Lloyd Parry Tokyo, « MeToo figurehead faces backlash from lawyers who once stood by her side », sur www.thetimes.com, (consulté le )
Liens externes
- Sites officiels : starsands.com/works/black-box-diaries et www.paramountact.com/features/black-box-diaries
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Portail du cinéma japonais