Bertrand-Moulin

Bertrand-Moulin
Bertrand-Moulin (Capture d'écran d'une vidéo de l'Encyclopédie audiovisuelle de l'art contemporain).
Naissance
Décès
(à 61 ans)
Paris 18e
Nom de naissance
Bertrand Georges Alphonse Moulin
Nationalité
Activités
Formation
Maître
Mouvement
Distinction

Bertrand-Moulin, né le à Coutances et mort le dans le 18ème arrondissement de Paris[1], est un artiste peintre et sérigraphe français.

Biographie

Bertrand Georges Alphone Moulin naît au premier étage du café de l'Univers à Coutances en avril 1944, sept semaines avant le bombardement de la ville du 6 juin[2], « sous les auspices du Pou qui grimpe, groupe local de trois artistes dynamiques[3] - Joseph Quesnel, René Jouenne et Jean Thézeloup - dont les œuvres ornaient le café tenu par ses parents »[4].

Après qu'il ait été, au lycée en 1962, lauréat du concours général de dessin (discipline qu'il avait abordée dès 1954 en suivant les cours du professeur Lefèvre au cercle des petits cheminots de Cherbourg), il rencontre le poète Yves Pinguilly pour qui il dessine en 1964 le frontispice de Tenter encore le jour[4]. Il est de 1964 à 1969 successivement élève de Roger Chastel - qui lui fait découvrir les peintres Jean Piaubert, Jean Fautrier et Gérard Schneider - puis de Gustave Singier à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris[5]. Son condisciple en ces deux ateliers est le peintre tunisien Ouanes Amor qui restera durablement son ami. Il est logiste du Prix de Rome de peinture en 1968 puis, avec l'équipe de Gustave Singier (dont Ouanes Amor) il contribue à la réalisation de fresques murales à l'École nationale d'art décoratif d'Aubusson (où il rencontre Jacques Lagrange), puis à l'École Lazare-Carnot de Bourg-en-Bresse[4].

Exposant à partir de 1971 au Salon de Mai fondé par Gaston Diehl, il en intègre le comité directeur en 1975, y côtoyant alors les sculpteurs Étienne-Martin et Robert Couturier et devenant l'ami des sculpteurs Gérard Koch, Claude Abeille, Caroline Lee, du photographe et plasticien André Chabot, de l'écrivaine Hélène Parmelin, des peintres Félix Labisse et Édouard Pignon « avec lequel il aura des échanges passionnants sur la création ». Le Salon de Mai lui offre également de retrouver Gustave Singier, de côtoyer Corneille, Hugh Weiss, Ladislas Kijno (qui na sera pas sans avoir une certaine influence sur son travail), Yvon Taillandier, Abraham Hadad et Jacques Vimard[4].

En 1977, il crée les décors du ballet Le Danseur de Corde de Michel Caserta[6].

Bertrand-Moulin est professeur d'arts plastiques à partir de 1981. Il fait l’objet d’un nombre important d’expositions personnelles et participe à nombre d’expositions collectives, dont plusieurs répondent à un engagement dans la vie sociale, de même que son travail avec la galerie l’Art et la Paix à Saint-Ouen. Il participe ainsi en 2004 à l’exposition Cent ans, cent peintres à la Fête de l’Humanité, en 2005 à une exposition itinérante de l’association Femmes solidaires autour du thème Résister, c’est créer, en 2000 à l’expo Jésus à l’Humanité, à l’espace Niemeyer, place du Colonel-Fabien à Paris.

Jean-Pierre Colle évoque Bertrand-Moulin « partageant ses dernières années entre son atelier du 8, rue Carnot à Gennevilliers et surtout son atelier de Soulles, dernier lieu de ressourcement et de paix auprès de sa femme Agnès dont la présence inébranlable offrait la stabilité nécessaire à cet artiste sans cesse taraudé par la crainte de l'inaccomplissement »[4]. C'est ainsi à Soulles qu'est inhumé l'artiste lorsqu'il meurt en février 2006[7].

Expositions

Expositions personnelles

Expositions collectives

Conservation

Collections publiques

Bosnie-Herzégovine

Espagne

France

Macédoine du Nord

Réalisations monumentales

Collections privées

Réception critique

  • « Dans ses peintures dites de chevalet, il met en œuvre des techniques diverses: collages peints, papiers déchirés. Sa peinture associe le géométrique et le gestuel. Des accents pigmentaires savoureux, j'utilisation de ponctuations très contrôlées pontuent des espaces, où un savant encombrement laisse deviner comme des points de fuite vers un au-dehors ou au-delà de la peinture, leurs titres étant souvent empruntés à des espaces intérieurs donnant sur l'extérieur : Corridor, Couloir, Fenêtre, Voilage, Balcon, Palissade. La sensualité de la touche, de la matière pigmentaire et de la forme qu'elles engendrent, tend à des évocations d'une présence féminine et de l'écoulement du temps, de la présence de la femme révélée dans la lumière, d'où des titres plus inattendus : Une femme et des heures, Femme et lumière, Forme-Nu, Nuit japonaise. Matérialisée dans des compositions murales ou dans des tableaux, l'œuvre de Bertrand-Moulin participe d'un sens de la mesurequi a toujours caractérisé l'esprit de celles de Nicolas Poussin jusqu'à Georges Braque ou Alfred Manessier. Générée d'une abstraction tempérée de sensualité, bien dans l'esprit de cette abstraction qui peut être dite latine, sinon française, la peinture de Bertrand-Moulin vise et touche juste par la réussite d'un équilibre entre rigueur et liberté. » - Jacques Busse[5]
  • « Le style pictural de Bertrand-Moulin est marqué par l'abstraction mais dans u,n double procédé, géométrique et spontané dans la gestuelle, avec également cette élégance dans la ligne typique de la calligraphie japonaise. Ses tableaux sont marqués par une densité de la surface où les formes géométriques se chevauchent ou se télescopent. Les titres de ses œuvres, tel Paravent ou Fenêtre, ont recours à des mots qui signifient des délimitations : séparation d'un même espace ou signalement d'un passage entre l'intérieur et l'extérieur… Des œuvres de calme et de sérénité, d'équilibre et de rigueur, mais non pas d'austérité. L'artiste analyse l'espace qui est entre les choses, l'air qui y circule. Ses tableaux montrent un travail sur la verticalité, symbole de l'aspiration humaine vers le haut, tant dans leur format que dans la prédominance des rectangles étirés vers le haut. Les formes élémentaires que sont le rectangle et le cercle sont un idéal de beauté universel… » - Dominique Stal[6]
  • « Violentes par leur composition à l'aspect chaotique, les œuvres de Bertrand-Moulin renferment une luminescence étrange et mystérieuse. L'horizon de chaque tableau est souvent découpé d'une façon verticale ou oblique de telle manière que nous voyons par une fente ou un entrebâillement. Entre ces grands rectangles qui semblent des murs ouverts sur l'imaginaire del'artiste apparaît un petit cosmos désordonné qui tient autant d'un mélange d'astres et de planètes que d'un immense jeu de construction dont on ne verrait qu'une partie. La disposition des formes sur la toile peut paraître comme un instantané de masses en équilibre instable ou comme le souvenir de nos jeux d'enfants lorsque nous rêvions de "chambouler" un jeu de quilles. De-ci, delà surgissent des sphères, des disques, des trous circulaires qui sont autant des yeux que des puits de lumière. Les couleurs sont brutes par endroits, ailleurs ce sont de minuscules éclaboussures qui viennent éclairer l'œuvre. Nous "rentrons" dans ces toiles avec un vif plaisir car leur auteur affiche sa volonté de ne rien nous cacher de leur fabrication, se refusant à tous les artifices. » - Jean-Luc Monfleur[4]
  • « Dans l’Allégorie de la caverne, Platon sépare à la hache le sensible et l'intelligible, deux ordres que tout distingue et oppose avec, entre les deux, la géométrie qui tient du second par l'abstraction de son raisonnement et du premier par le tracé des figures, que l'on voit et qui servent de béquilles à l'enchaînement des concepts. Bertrand-Moulin a ceci de rafraîchissant que deux mille ans après cette violente diérèse, il réconcilie l'entendement de l'œil, le pensé et le senti, les maths et le chromo. Il remet aussi le monde à l'endroit. Avec lui, le royaume des sens n'est plus soumis et comme honteux devant celui du pur Esprit. Les rectangles, les cercles, les carrés se mettent aux ordres des fantômes et hissent les couleurs. Pythagore se marie à Auguste Renoir et Thalès ne tombe plus dans son puit d'ignorer le sol où s'agitent ses pieds, désormais il perçoit que l'ombre de la pyramide est un polychrome !… "Ô mathématiques sévères, je ne vous ai pas oubliées" chantait Maldoror[13]. Bertrand-Moulin non plus, à ceci près qu'il les enchante, les bigarre, les chamarre, les bariole pour y mettre le feu. Et l'harmonie y sort de la jouissance au lieu de s'en retirer pour un plaisir où 'esprit se donne un corps au lieu de le dénier. "Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre" affirmait le père de la métaphysique à l'entrée de son école. À sa manière, Bertrand-Moulin aussi. mais "l'ici" auquel il nous convie n'est pas l'arrière-monde des apprentis-philosophes, c'est un atelier de peintre. Et la fête peut commencer ! » - Bernard Vasseur[4]

Prix et distinctions

Références

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Christiane Daireaux et Jacqueline Davoust, Coutances avant les bombardements de 1944 - Ses rues, ses commerces, ses artisans, ses monuments, Cercle de généalogie et d'histoire locale de Coutances et du Cotentin / imprimerie Garlan, 2014.
  3. Wikimanche, Le Pou qui grimpe
  4. François Digard (préface), Jean-Pierre Colle, Jacques Lecolley, Jean-Luc Monfleur, Dominique Stal, Bernard Vasseur et Jean-Pierre Jouffroy, Bertrand-Moulin, éditions du Musée des Beaux-Arts de Saint-Lô, 2013.
  5. Jacques Busse, « Bertrand-Moulin », Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.2, p. 235.
  6. Dominique Stal, Quinze ans de peinture contemporaine vue par Dominique Stal dans l'œuvre de 61 peintres, 1985-2000, Maisonneuve & Larose - Art, 2000, pp. 26-27, 145.
  7. « Le peintre Bertrand-Moulin n'est plus », L'Humanité, 14 février 2006.
  8. « Bertrand-Moulin, un artiste peintre engagé », Ouest-France, 29 janvier 2013
  9. Martine Chazet, « Une rétrospective Bertrand-Moulin jusqu'à Noël à la Galerie Art du Temps », Le Dauphiné, 6 novembre 2023
  10. « Jésus descend à Colonel-Fabien », L'Humanité, 24 octobre 2000
  11. Maison Elsa-Triolet-Aragon, le fonds permanent, image n°2
  12. Ville de Saint-Étienne-du-Rouvray, le fonds d'art contemporain
  13. Lautréamont, Les Chants de Maldoror, chant deuxième.

Annexes

Bibliographie

  • Emmanuel Bénézit (article de Jacques Busse), Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol.2, Gründ, 1999.
  • Dominique Stal, Quinze ans de peinture contemporaine vue par Dominique Stal dans l'œuvre de 61 peintres, 1985-2000, Maisonneuve & Larose - Art, 2000.
  • François Digard, Jean-Pierre Colle, Jacques Lacolley, Jean-Luc Monfleur, Dominique Stal, Bernard Vasseur et Jean-Pierre Jouffroy (sous la direction d'Auriane Douard), Bertrand-Moulin, éditions ville de Saint-Lô, 2013.

Liens externes

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