Bailliage de Cotentin

Le bailliage de Cotentin est une ancienne entité territoriale française (circonscription administrative, financière et judiciaire), qui correspond peu ou prou à l'actuel département de la Manche, et qui a existé jusqu'à la Révolution.

Historique

Utilisé plutôt dans le nord, le terme de bailliage désignait à la fois l'entité territoriale et la charge d'officier de bailli qui y était lié[1].

Le bailliage de Cotentin, qui remonte à l’époque des premiers ducs de Normandie, existe depuis au moins le XIIe siècle[2]. C'est le duc-roi Henri II Plantagenêt (1133-1189) qui créa les premiers baillis. Celui-ci ne couvre alors que le diocèse de Coutances[2].

À partir de 1204, à la suite de la confiscation de la Normandie par Philippe Auguste, la perte des îles Anglo-Normandes, à l'exception de Chausey, entraina une modification du territoire. Sous le règne de Saint Louis (1226-1270), l'Avranchin (vicomté d'Avranches) et le comté de Mortain, furent adjoints au bailliage devenant grand bailliage de Cotentin. Sous Charles V, ses attributions sont élargies à des paroisses relevant des diocèses du Mans, de Bayeux et de Sées[2].

À l'époque moderne, le bailli avait perdu l'essentiel de ses prérogatives[1].

Baillis de Cotentin

  • Osbert de La Heuze (1172 à 1185) ;
  • Guillaume Pantoul (1189) ;
  • Guillaume du Hommet, sous le règne de Richard ;
  • Robert de Tregoz (1195 à 1200) ;
  • Raoul des Mares (1200) ;
  • Richard de Fontenei (1202).

Grands baillis de Cotentin

Après la réunion de la Normandie au royaume de France, le grand bailli de Cotentin exerce son pouvoir sur les diocèses d’Avranches et de Coutances.

  • Renaud de Cornillon (1204-1214) ;
  • Miles de Levis (1215-1222) ;
  • Jean de Fricamps (1227-1231) ;
  • Geoffroy de Bulli (1234) ;
  • Jean de Maisons (1236-1245) ;
  • Luc ou Lucas de Villers ou de Villiers (1248-1252) ;
  • Philippe de Chenevières (1253 à 1256) ;
  • Renaud de Radepont (1258-1267) ;
  • Jean de Chevreuse (1269-1271) ;
  • Chrétien le Chambellan (Chrestien le Chambelleur)[3] (1274-1286) ;
  • Vincent Tanquerey (1289-1291) ;
  • Nicolas de Villers ou de Villiers (1292-1299) ;
  • Dreux Pellerin (1300-1301) ;
  • Raimond Passemer (1303) ;
  • Henri de Ries (1303-1304) ;
  • Bertrand Maniel (1308) ;
  • Louis le Villepreux ou Le Convers (1308-1312) ;
  • Robert Busquet (1313-1320) ;
  • Pierre de Hangest (1321-1322) ;
  • Geoffroy ou Godefroy Le Blond (1322-1327)[note 1] ;
  • Fauvel de Varecourt (1327-1331) ;
  • Josselin du Pertuis ou de Poreus ou du Trou (1339-1340) ;
  • Jean de Crespi (1340-1341) ;
  • Adrien de Damœartin/Adam de Dampmartin[5],[note 2]. (1345-1353...) ;
  • Thomas Piiichon (1356) ;
  • Guillaume d’Enfernet (1360) ;
  • Guillaume du Merle (1360-1368) ;
  • Guillaume Dourdau (1369) ;
  • Raven Pinchon (1369) ;
  • Aymeri Renout (1370)[note 3] ;
  • Guy Chrétien (1375) ;
  • Audouin Chauveron (1376-1379) ;
  • Tassard de Montreuil (1380-1386) ;
  • Pierre de Negron (1386-1389) ;
  • Jean Xilgenbourse (1393-1399) ;
  • Robert de Pelletot (1400-1409) ;
  • Jean d’Inai ou d’Ivaï (1410-1414);
  • Robert de Montauban (1414-1417).

Durant la guerre de Cent Ans, le Cotentin subit les conséquences du conflit entre l'Angleterre et la France. Le Cotentin fut occupé par les troupes anglaises entre 1418 et 1450. Deux pouvoirs s'exercèrent durant cette période, l'un au service de la couronne anglaise, l'autre au service du royaume de France. Pendant vingt-huit ans, deux baillis exercèrent leur fonction en parallèle pour leur propre suzerain. Chaque pouvoir s'exerçant sur des fiefs contrôlés[6].

  • Baillis exerçant pour le roi d'Angleterre :
    • Jean d’Asheton (1418-1421) ;
    • Laurent Waren (1423) ;
    • Simon Fleet (1424) ;
    • Nicolas Bourdet (1425) ;
    • Jean de Herpeley ou de Crepeley (1426-1429) ;
    • Hue Spencer (1432-1448) ;
    • Bertin (1449-1450)[7]
  • Baillis exerçant pour le roi de France
    • Robert de Mautauban (1418-1441) ;
    • Robert d'Estouteville (1441-1446) ;
    • Estout d'Estouteville (1446-1450).

En 1450, le Cotentin est libéré de l'occupation anglaise. Un seul bailli exerce pleinement sa charge pour l'ensemble du Cotentin.

  • Arthur de Montauban (1450-1451) ;
  • Jean de Montauban (1451-1454) ;
  • Oudet d’Aydie (1456-1459) ;
  • Guillaume de Cerisay (1460-1462)[8] ;
  • Jean Dupont (1462-1465) ;
  • Alain de Plumangart (1465) ;
  • Berlin de Silly (1468-1469) ;
  • Jean Daillon (1470-1474) ;
  • Colas de Moui (1474-1478)
  • Jean du Mas (1484-1490)
  • Christophe de Cerisay (1495-1497)[note 4] ;
  • Jean Dupuy (1499-1501) ;
  • François de Blanchefort (1510-1514) ;
  • Nicolas de Cerisay (1514-1517)[note 5] ;
  • Antoine Bohier (1520-1529)[note 6] ;
  • Guillaume Bohier (1529)[note 7] ;
  • Jacques Davi (1538-1559) ;
  • Anne de Montmorency (1559) ;
  • Guillaume de Levi (1568) ;
  • Anne de Lévi (1574) ;
  • Richard Lecesne (1577-1590) ;
  • Michel de Montreuil (1591) ;
  • René Lecesne (1620) ;
  • Hervé Basan, marquis de Flamanville (1643) ;
  • Charles Castel, baron de Saint-Pierre-Église (1666)[note 8] ;
  • Bon-Thomas Castel, marquis de Saint-Pierre (1675)[note 9] ;
  • Charles de Bréauté (1692-1700) ;
  • Antoine de La Luzerne (1701-1718)[note 10] ;
  • Luc-François du Chemin (1718) ;
  • Henri Le Berceur, marquis de Fontenay (1726-1753) ;
  • Pierre-Marie-Maximilien Le Vicomte, marquis de Blangy (1756-1789).

Principaux fiefs

Les principaux fiefs du bailliage étaient les baronnies[9] :

Notes et références

Notes

  1. En 1327, Godefroy Le Blond dresse l'état de la vicomté de Coutances[4].
  2. Adam de Dampmartin est représenté à l'Échiquier de Pâques tenu à Rouen en 1353
  3. Une charte conservée aux archives municipales de Coutances, indique qu’Aymeri Renout fut tué dans un combat, le .
  4. Fils de Guillaume de Cerisay, bailli de Cotentin dans la seconde moitié du XVe siècle.
  5. Descendant de Christophe de Cerisay.
  6. Beau-frère du précédent.
  7. Frère du précédent.
  8. Père de l'académicien Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre.
  9. Fils du précédent.
  10. Antoine de La Luzerne, né en 1634 et mort en 1720, marquis de Brévands (cf.René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 292).

Références

  1. Léonor de Mons, « Rôle du ban et de l'arrière-ban de la vicomté de Valognes », Revue de la Manche, Société d'archéologie et d'histoire de la Manche (SAHM), t. 57, no 227,‎ janvier-février-mars 2015, p. 22 (ISSN 1161-7721).
  2. de Mons, Revue de la Manche, 221-222, p. 21.
  3. André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN 978-2-91454-196-1), p. 63.
  4. Charles de Gerville, « Recherches sur les anciens châteaux du département de la Manche : Arrondissement de Saint-Lô », dans Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Mancel (Caen) - Ponthieu et Delaunay (Paris), (lire en ligne), p. 218.
  5. Éric Barré, « Une extension de la baronnie d'Argences : la baronnie du Petit-Fécamp en Cotentin au Moyen-Âge », Revue de la Manche, t. 37, no 148,‎ , p. 18 (ISBN 979-1-0937-0115-8)
  6. Léopold Quénault, « Les grands baillis du Cotentin », Annuaire de la Manche, 1866.
  7. Siméon Luce, Chronique du Mont-Saint-Michel : 1343-1468. Firmin Didot, 1879-1883 - p. 49.
  8. Le Tenneur René, Carentan à travers les siècles, Éditions OCEP, Coutances : 1970.
  9. de Mons, Revue de la Manche, 221-222, p. 22.

Pour approfondir

Bibliographie

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