Arthur de Montalembert

Arthur de Montalembert
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jacques, Arthur, Marc, Adelsthan, Marie de Montalembert
Nationalité
Activité
Résistant français, agent du SOE (Section F)
Famille
Autres informations
Membre de
Arme
Grade militaire
Conflit
Lieux de détention
Distinctions
Archives conservées par
Service historique de la Défense - site de Vincennes (d) (GR 16 P 174109)
Service historique de la défense - site de Caen (d) (AC 21 P 442 596)
Blason

Arthur de Montalembert né le à Wezembeek-Oppem et mort le dans le camp de concentration de Mauthausen, est un résistant et un agent français de la section F du SOE britannique pendant la Seconde Guerre mondiale.

Biographie

Arthur de Montalembert naît le à Wezembeek-Oppem dans le Brabant flamand (Belgique)[1], fils d'André de Montalembert et d'Anne de Hemricourt de Grunne. Mobilisé en septembre 1939 avec le grade de lieutenant de réserve, il est blessé en mai 1940 et démobilisé en août.

Résistant[2] à Ancinnes (Sarthe), il est recruté par France Antelme, chef du réseau BRICKLAYER, pour intégrer la section F (pour France) du Special Operations Executive (SOE) et les réseaux Buckmaster en France, où il obtiendra le grade de lieutenant de l’armée britannique (matricule 309241)[1],[3]. Sous le nom de guerre de « Bistouri », il rejoint le réseau SATIRIST d'Octave Simon à sa création début 1943, avec le groupe de résistants ancinnois qu'il a formé, et participe à la réception de plusieurs parachutages dans l’Orne et la Sarthe, notamment le 14 mai sur les terres de l’Hermitière (Val-au-Perche)[4],[5].

Un parachutage a lieu sur les terres de Vaubezon (Ancinnes) dans la nuit du 14 au 15 juin, au lieu-dit « La Valtaurine », suite au 67e message sur la liste du mois de juin de la BBC : « Elle est bleue aux fleurs rouges ». Outre Arthur de Montalembert, l’équipe de réception comprend Octave Simon, André Malo, un gendarme, Paul Lottin, un garagiste, Paul Drecq, un facteur, et Jean Célier, un propriétaire terrien du voisinage[6].

Dans le cadre de la vague d’arrestations qui frappe le réseau PROSPER Physician de Francis Suttill à partir du 21 juin, la Gestapo débarque le 9 juillet à Ancinnes et arrête plusieurs membres du groupe, dont Paul Lottin qui mourra en déportation. Absent d’Ancinnes ce jour-là, Arthur de Montalembert échappe au coup de filet et se réfugie quelques jours à Paris chez une amie[7].

La Gestapo arrête alors le 11 juillet son père, André de Montalembert, et le retient en otage à la prison de Fresnes jusqu’à reddition ou arrestation d’Arthur[8]. Entretemps, celui-ci a rejoint Henri Garry et le seconde, avec la radio Noor Inayat Khan[9], dans la création du réseau « BELLIARD Phono » (sous-réseau de « PROSPER Physician ») actif dans la Sarthe et la Mayenne, avec lequel il réceptionne un dernier parachutage dans la nuit du 15 au 16 septembre, à la ferme Chambrin, au nord de Luché-Pringé (Sarthe) à la suite du message de la BBC : « Une mansarde à Paris, une chaumière en Touraine »[10].

Arthur de Montalembert est finalement arrêté au Mans (Sarthe) le 2 octobre 1943, et ramené le jour même à Paris par la Gestapo[11],[12]. Dans une étonnante lettre du 4 octobre, sa mère, Anne de Grunne-Montalembert, raconte l’arrivée d’Arthur, encadré par deux policiers en civil de la Gestapo, à la Gare Montparnasse où elle se trouvait par hasard avec son fils ainé, Jean-Charles. Ce dernier est interpellé sur le champ mais relâché le soir même, ainsi qu’André de Montalembert le 5 octobre après trois mois d’emprisonnement à Fresnes.

Un document du SOE rapporte qu’après avoir été interné plusieurs mois à Fresnes, Arthur passe en jugement à Vichy en mars 1944 « pour actions contraires aux intérêts de la France » et que le représentant de l’Irlande auprès du gouvernement de Vichy est intervenu en sa faveur. Dans le même temps, le SOE adresse cette demande à la hiérarchie militaire : « Can we have Arthur de Montalembert promoted to the rank of Captain as soon as possible. He was commissioned in 1943 and is now standing trial for his excellent activities on our behalf »[13].

Arthur de Montalembert est déporté le 17 avril 1944 par le convoi I.203 vers le camp de Mauthausen, où il arrive le 29 avril après avoir transité par les camps de Compiègne-Royallieu (stalag 122, matricule 30415) et de Neue Bremm (Sarre)[14].

Son dossier à Mauthausen porte le matricule 64577 et le code NN (Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard) réservé aux déportés qui ne doivent pas sortir vivants des camps. De plus, il ne peut pas faire l’objet de réponse aux éventuelles demandes d’information émanant des autorités françaises ou de la Croix-Rouge[15]. Arthur de Montalembert est soumis aux travaux forcés pendant trois mois au camp central, à la carrière de sinistre mémoire, ainsi que dans deux camps annexes, Melk et Peggau, avant de décéder le 16 décembre 1944 à l’infirmerie du camp central par suite de mauvais traitements[note 1] (cf. le témoignage poignant d’un co-détenu, Philippe Freyre[16]). Ce n’est pas avant le 13 septembre 1945 que les services britanniques, par un courrier signé de Vera Atkins[17], sont en mesure de confirmer sa mort à la famille.

Arthur de Montalembert est nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume, « pour services de guerre exceptionnels », par décret du 14 janvier 1948, cette nomination comportant l’attribution de la Croix de guerre avec palme[18]. La mention « Mort pour la France » est inscrite le 23 août 1948 dans son acte de décès[19]. Il est honoré au Mémorial de Valençay (Indre) avec les 104 agents de la Section F du SOE morts en action ou en déportation, et au Brookwood 1939-1945 Memorial (Surrey) où sont commémorés les 3 476 femmes et hommes morts en action et dont les dépouilles n’ont pas pu être retrouvées et enterrées.

Reconnaissance

Monuments

Voies

  • Ancinnes. Le nom d’Arthur de Montalembert est l’un des quatre inscrits sur les plaques de la rue des Déportés et Résistants 1939-1945, à Ancinnes (Sarthe)
  • Ormesson-sur-Marne. Une rue porte le nom d’Arthur de Montalembert à Ormesson-sur-Marne (Val-de-Marne)

Distinctions

Notes et références

Notes

  1. Le certificat du Sanitätslager de Mauthausen signé par la Blockäteste et par le Blockführer date la mort au 16 décembre 1944 à 7h du matin, alors que Grehan et Mace indique le 17 décembre.

Références

  1. John Grehan, Martin Mace, Unearthing Churchill's Secret Army, Pen & Sword Military, 2012, p. 114-115.
  2. Dossier 16P 174109, Service historique de la Défense, Vincennes
  3. Estevès rapporte qu'Arthur de Montalembert aurait suivi un entrainement en Grande-Bretagne après son recrutement et qu'il serait revenu en France en avril 1943, mais cette information n'est pas étayée ni confirmée par ailleurs.
  4. Joseph Estevès, 100 Nouveaux portraits de Résistants et Déportés sarthois, Fiche Arthur de MONTALEMBERT 1911-1944
  5. Francis J. Suttill, SOE contre Gestapo, Pages 111 et 112
  6. Francis J. Suttill, SOE contre Gestapo, Metvox Histoire, , p. 154 à 157
  7. Francis J. Suttill, SOE contre Gestapo, pages 202 à 204
  8. « Fleurs d'héroïsme : Arthur de Montalembert mort pour la France », La Croix, vol. 67ème année, no 19203,‎ , Page 2
  9. C'est cette agente britannique du SOE (d'origine indienne et américaine), premier agent féminin à être envoyé en France comme opérateur radio, qui annoncera à Londres le 4 octobre l'arrestation d'Arthur de Montalembert
  10. Francis J. Suttill, SOE contre Gestapo, Page 202
  11. Certificat du Ministère des Anciens Combattants n° 24749 du 20 mai 1948
  12. Michael R.D. Foot et J.-L. Crémieux-Brilhac, Des Anglais dans la Résistance, Page 443
  13. Dossier militaire britannique HS9 / 1052 / 8
  14. Dossier AC 21 P 442 596 au Service Historique de la Défense, Caen
  15. Adeline Lee, Les Français de Mauthausen, Pages 230-233
  16. Philippe Freyre, « Il y a un an, Arthur de Montalembert mourait dans un bagne allemand », Le Bien Public,‎
  17. Adjointe du colonel Buckmaster, Chef de la Section F basé à Londres
  18. « Décret du 14 janvier 1948 portant nomination dans l'ordre national de la Légion d'honneur », Journal officiel de la République française,‎ , Page 470
  19. Certificat du Ministère des Anciens Combattants n° ECD.2 CD/JB 107 du 23 août 1948

Voir aussi

Bibliographie

  • Le Mémorial de la section F, Gerry Holdsworth Special Forces Charitable Trust, 1992
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
  • (en) Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the Resistance in France during World War II, 1960, document dactylographié (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable à la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 33, SATIRIST CIRCUIT.
  • (en) John Grehan, Martin Mace, Unearthing Churchill's Secret Army, Pen & Sword Military, 2012, p. 114-115 (en ligne).
  • Francis J. Suttill, SOE contre Gestapo. La véritable histoire du major Suttill et du réseau français de résistance Prosper, préface de Jean-Louis Crémieux-Brillac et avant-propos de Mark Seaman, historien du SOE, et Duncan Stuart, conseiller du SOE au Foreign Office, Metvox Publications, 2018, 2019 (ISBN 979-10-94787-40-3).
  • Adeline Lee, Les Français de Mauthausen, Par-delà la foule de leurs noms, préface de Thomas Fontaine, Taillandier, 2021 ; (EAN 979-10-21047-91-4)
  • Joseph Estevès, 100 nouveaux portraits de résistants et déportés sarthois, Estevès, 2018 ; (EAN 9782956507604) ; (ISBN 2956507605)

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
  • Portail de la Résistance française