Dry farming

Le dry-farming ou aridoculture désigne l'ensemble des techniques qui permettent la culture non irriguée en condition aride (zone de steppe, …). Ces techniques consistent généralement à aménager les terrains de façon à utiliser au mieux les eaux de surface, à privilégier les techniques culturales minimisant l'évaporation (culture sans labour, semis direct et paillis), à choisir une rotation culturale adaptée au contexte sans avoir recours à l’irrigation[1]. Le concept de dry farming a beaucoup évolué depuis les tempêtes de poussière des années 1930 aux Etats-Unis.

Il s'oppose au wet farming ou culture irriguée[2].

« Culture sèche » est moins précis dans ce contexte car l'expression désigne toute culture non irriguée quel que soit le climat et s'oppose en particulier à « culture inondée » s'agissant d'espèces telles que le riz ou le taro.

Les « badlands », dans le contexte américain, sont des terres situées dans les mêmes zones climatiques mais où les tentatives d'agriculture ont échoué à cause de la fragilité et de la pauvreté du terrain et peut-être de méthodes inadaptées.

Méthode traditionnelle

La technique consiste à labourer très profondément pour atteindre les couches humides du sol et à protéger l'eau disponible en brisant très finement les mottes superficielles de terre. La terre n'est ensemencée qu'une année sur deux, ce qui favorise l’accumulation de réserves d’eau. La sole mise en jachère reçoit ainsi plusieurs labours pour ameublir la terre et pour renforcer sa capacité d’absorption des eaux pluviales.

Cette technique est connue dans le bassin méditerranéen depuis l’Antiquité. Elle est actuellement pratiquée surtout en Amérique : à l'ouest des Grandes Plaines, dans la pampa argentine, les steppes de la Volga. On le pratique aussi au Maghreb, dans les plaines plus sèches de l'intérieur (Hauts Plateaux d'Algérie notamment) recevant moins de 500 millimètres de pluies[3]. Dans cette dernière zone il présente l'inconvénient d'empêcher les pacages des troupeaux[4],[5].

Mais le dry-farming favorise l’érosion des sols. Le travail du sol en jachère s'est révélé dommageable, bien qu'il ait pu avoir été nécessaire pour contrôler la végétation, et il ne permettait pas le stockage d'humidité attendu, au contraire[6]. Les terres en jachère sont attaquées par le vent et le ruissellement qui arrachent le sol arable[7]. Vers 1934, le dry farming est à l'origine d'une forte érosion éolienne : les dust bowls en Oklahoma et dans le Nord-Texas[8]. Il est aujourd’hui en recul, du fait des progrès de l’irrigation mais surtout des techniques de travail simplifié, de non travail du sol (no-till farming) ou semis direct[9]. Les fermiers américains pratiquent des assolements variés qui protègent le sol. Ils remplacent la monoculture du blé, autrefois très répandue dans l'Ouest par une rotation pluriannuelle comprenant des légumineuses ou le tournesol. Il en est de même sur les Hauts Plateaux d'Afrique du Nord ou les légumineuses et des oléagineux comme le carthame et le tournesol remplacent la jachère.

Cet arrêt du dry-farming traditionnel a paradoxalement permis une augmentation des précipitations dans les Grandes Plaines grâce à un sol plus frais arrêtant plus souvent les masses d'air chaud et humides du golfe du Mexique.

Méthodes actuelles

Les méthodes actuelles consistent d'abord à supprimer le labour et à le remplacer par des techniques simplifiées[9]. On y adjoint des techniques complémentaires (certaines sont traditionnelles) telles que[10] :

  • culture sous paillis : paillis naturel ou mulch, paillis lithique (en arboriculture), parfois paillis plastique pour limiter l'évaporation,
  • cultures en bandes discontinues (strip-till) et autres méthodes de culture en faible densité[11],
  • culture en courbes de niveau,
  • façonnage du terrain : culture en terrasses de conservation, culture en bassins de niveau (sortes d'entonnoirs géants piégeant l'eau de ruissellement sur une zone basse), restanque, rigoles et bourrelets de niveau, culture en creux de billons[11],[12].
  • création de brise-vents, haie, palissade ou muret, exemple : haies de figuiers de barbarie résistantes à la sécheresse et au feu en Afrique du Nord,
  • choix d'espèces et de variétés adaptées (variétés naines notamment) et plus généralement d'une rotation culturale adaptée[13].

L'aridoculture serait ainsi possible à partir de pluviométrie aussi basse que 230 mm par an avec un choix restreint de cultures[14]. Le coûts de culture réduits souvent associés à de très grandes surfaces permettent aux agriculteurs de rester compétitifs malgré des rendements incertains[9].

Ce dry farming revu fait partie des méthodes envisagées pour combattre le réchauffement climatique[11].

À propos

« Savez-vous que l’appellation culturale « dry farming », présentée comme une nouveauté, je l’ai retrouvée en Tunisie, dans la culture des oliviers, où elle a été apportée, il y a plusieurs siècles, par les colons romains ? Ne disons donc pas aussi facilement que notre agriculture est routinière. (…) » M. Capus ancien ministre, député de la Gironde, au XIIIe congrès national des syndicats agricoles, Bordeaux, 5-7 juin 1926[15].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. L'irrigation n'est pas toujours possible et pose d'autres problèmes : coût, disponibilité et partage de l'eau, salinisation.
  2. Augustin Bernard, Annales de géographie, 1911 disponible sur Persée
  3. Jean Suret-Canale, Afrique, structure et milieu, Encyclopaedia universalis, DVD, 2007
  4. Marc Dufumier, Un agronome dans son siècle, actualité de René Dumont, KARTHALA Editions, 2002
  5. Toutefois le pâturage transhumant sur les jachères qui fut largement pratiqué aux époques turque et française y compris sur les domaines coloniaux est aujourd'hui limité par les politiques de modernisation et de fixation des populations nomades.
  6. (en) « Technology and wheat yields in semiarid Central Great Plains - Experiment station advances », sur USDA, (consulté le )
  7. R. Lebeau, Les grands types de structures agraires dans le monde, Masson, 1979
  8. Marcel Bournérias, anthropisation, Encyclopaedia universalis, DVD, 2007
  9. (en) « Dryland wheat farmers grow to love no-till method », sur Capital Press, (consulté le )
  10. « Agriculture en sol aride », sur FAO (consulté le )
  11. Katherine Kornei, « Dry farming could help agriculture in the western U.S. amid climate change », sur Science News, (consulté le )
  12. La culture en creux de billon est l'inverse de la culture sur billons généralement pratiquée pour éviter les inconvénients d'excès de pluies.
  13. Scott O'Bar, Alternative crops for drylands: proactively adapting to climate change and water shortages, Amaigabe Press, (ISBN 978-0-9882822-0-9)
  14. (en) « Dry farming », sur CAWSI (consulté le )
  15. « Contre les accusations de routine », sur Les mots de l'agronomie-Inrae (consulté le )
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