Archives Recherches Cultures Lesbiennes

Les Archives Recherches Cultures Lesbiennes
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Forme juridique
Objectifs
Archive (d), lesbianisme
Siège
Pays
Organisation
Site web

Les Archives Recherches Cultures Lesbiennes ou Archives Recherches et Cultures Lesbiennes, abrégé ARCL, sont une association loi 1901 et un centre de documentation spécialisé et d'archives LGBT, non-mixtes, fondées en 1983. Elles sont hébergées par la Maison des femmes de Paris.

Historique

Dans la lignée des Lesbian Herstory Archives créées à New York en 1974 et du radical archiving initié aux États-Unis, une partie du mouvement lesbien revendique en France la constitution d'une mémoire lesbienne, par la collecte et la conservation d’archives lesbiennes autonomes, à partir de 1981-1982[1]. Cette démarche s'inscrit dans le mouvement séparatiste lesbien[1],[2].

La militante et historienne Claudie Lesselier, qui entreprend un travail de collecte d'archives du mouvement lesbien depuis 1982[2], fonde avec un groupe de militantes issues des courants lesbiens féministes l'association Archives et Recherches Lesbiennes, qui sera renommée Archives Recherches Cultures Lesbiennes, en décembre 1983 à Paris[3],[4],[5],[6].

Le centre d'archives associé est créé en 1984[7]. Il vise à conserver les documents des associations, des collectifs LGBT et des journaux au niveau international, ainsi qu'à transmettre l'histoire du mouvement féministe et lesbien[8],[9]. Il est tout d'abord hébergé dans un appartement privé[8]. L'association récupère les documents du collectif Les Feuilles Vives, qui avait entrepris un travail de collecte dès les années 1970, et s'enrichit par des dons, au travers d'une « dynamique d’interactions militantes »[9].

En 1994, les ARCL sont déménagées à la Maison des Femmes (Cité Prost), un espace non-mixte lesbien et féministe où sont rassemblées plusieurs associations, dont le Mouvement d'information et d'expression des lesbiennes (MIEL)[9]. En 1997-1998, les ARCL sont à nouveau déménagées, à la Maison des Femmes de Paris, rue de Charenton, dans le XIIe arrondissement, où elles se trouvent toujours actuellement[8],[9].

Organisation

Les ARCL fonctionnent en autogestion[10]. Depuis les années 1990, elles sont présidées par Michèle Larrouy[9],[11]. Elles sont gérées par un collectif non-mixte de femmes lesbiennes d’environ 8 personnes bénévoles[4]. L'association ne dispose pas de postes rémunérés, le travail d'archivage et de traitement des documents est bénévole[4]. Les financements des ARCL proviennent d’une subvention publique de la Mairie de Paris, ainsi que des cotisations des adhérentes[4]. En 2020, la mairie de Paris décide de diviser ses subventions entre le Collectif Archives de Paris, les ARCL et l’Académie gay et lesbienne. Cette décision engendre des tensions entre les trois associations, qui travaillaient auparavant de façon coordonnée[2].

Fonds

Le fonds des ARCL comprend des documents datant du XIXe siècle à nos jours[10]. Il est constitué d'ouvrages théoriques portant sur les questions lesbiennes et de genre, de journaux, de matériel de manifestations (photographies, tracts, affiches, etc.), ainsi que de documents audiovisuels et électroniques, de thèses et de mémoires[4],[8]. Il comprend entre autres les archives du Groupe santé lesbiennes de Paris[12]. Les journaux et revues sont particulièrement nombreux. Ces supports foisonnent à partir des années 1970[13].

Le fonds des ARCL est principalement alimenté par des dons privés, pouvant être anonymes, sans contractualisation systématique[4],[10]. La collecte y est toujours active[8].

Actions

Les ARCL mettent à disposition du public une médiathèque et bibliothèque de prêt, ainsi que de la médiation culturelle, principalement à destination de chercheuses, étudiantes et associations[3],[4]. L'accès aux archives est non-mixte et réservé aux femmes[4],[14].

Les ARCL publient dès 1984 le Bulletin des Archives Recherches Cultures Lesbiennes, revue lesbienne féministe de l'association[15]. Dans l'édition de juin 1984, elles se définissent comme « un lieu de lutte et de résistance »[6]. En 2009, elles publient l'ouvrage Mouvements de presse : années 1970 à nos jours, luttes féministes et lesbiennes, dirigé par Michèle Larrouy et Martine Laroche, qui retrace l'histoire de la presse lesbienne et féministe[16],[17].

Des militantes des ARCL participent également à des colloques universitaires. En 2018, Carole Vidal représente les ARCL au colloque international « Les féministes et leurs archives » à l'université d'Angers, qui donne lieu à une publication des actes[18],[19]. En 2023, les bénévoles Faustine Besançon et Doris Varichon représentent les ARCL au colloque « Trouble dans le patrimoine ? Héritages LGBTQIA+ et narrations queer : quel rôle pour les institutions patrimoniales ? »[20].

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Christine Bard, Pauline Boivineau, Marion Charpenel, Bénédicte Grailles et Audrey Lasserre, Les féministes et leurs archives (ISBN 9782753587991)
  • Renaud Chantraine (dir.), La mémoire en morceaux. Une ethnographie de la patrimonialisation des minorités LGBTQI et de la lutte contre le sida, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, . 
  • Antoine Idier, LGBT+. Archives des mouvements LGBT+. Une histoire de luttes de 1890 à nos jours., Paris, Textuel, , 255 p. (ISBN 978-2-84597-697-9)
  • Martine Laroche et Michèle Larrouy, Mouvements de presse : des années 1970 à nos jours, luttes féministes et lesbiennes, Archives Recherches Cultures Lesbiennes, , 199 p. (ISBN 978-2-9534800-0-9)

Notes et références

  1. Marie Bobichon, « Quand les lesbiennes se font du cinéma : Héritages féministes et expérimentations cinématographiques lesbiennes à la fin des années 1980 », dans Lesbiennes, pédés, arrêtons de raser les murs, La Dispute, (ISBN 978-2-84303-270-7, DOI 10.3917/disp.bouva.2023.01.0269, lire en ligne), p. 269-285
  2. Roméo Isarte, « Faire exister les mémoires queers : La longue lutte pour la constitution d’archives LGBTQIA+ », Revue du Crieur, vol. n° 25, no 4,‎ , p. 96-109 (ISSN 2428-4068, DOI 10.3917/crieu.025.0096, lire en ligne, consulté le )
  3. « Archives Recherche Cultures lesbiennes - ARCL », sur Centre Hubertine Auclert (consulté le )
  4. Lorraine Astier Cholodenko, Mathilde Matras et Carolina Topini, Etude exploratoire des archives des luttes LGBTIQ à Genève (années 1970-2000) : Etat des lieux et proposition de solutions, Genève, Lestime, (lire en ligne)
  5. Christine Bard et Jean-Marie Durand, « Recherche et engagements », dans Mon genre d'histoire, Presses Universitaires de France, (ISBN 9782130827764), p. 87-134
  6. Renaud Chantraine, « Sillonner les failles de la transmission », Vacarme, vol. N° 89, no 4,‎ , p. 88–93 (ISSN 1253-2479, DOI 10.3917/vaca.089.0088, lire en ligne, consulté le )
  7. Léa Védie-Bretêcher, « Un choix politique ? Définir le lesbianisme en temps de controverses féministes », dans Lesbiennes, pédés, arrêtons de raser les murs, La Dispute, (ISBN 978-2-84303-270-7, DOI 10.3917/disp.bouva.2023.01.0207, lire en ligne), p. 207-224
  8. Faustine Besançon et Doris Varichon, « Nothing About Lesbians Without Lesbians. Enjeux et spécificités des archives lesbiennes dans la construction d’un patrimoine LGBTQI+ », Journée d'étude Trouble dans le patrimoine ? Héritages LGBTQIA+ et narrations queer : quel rôle pour les institutions patrimoniales ?,‎ (lire en ligne)
  9. Chantraine 2021, p. 441-445
  10. « Héritages LGBTQIA+ : un regard renouvelé sur le patrimoine », sur Ministère de la culture, (consulté le )
  11. Antoine Idier, Sam Bourcier et Michèle Larrouy, « Épisode 4/4 : Archives LGBT+, retrouver la mémoire », France Culture,‎ (lire en ligne)
  12. Yaël Eched, « S’organiser pour la santé lesbienne au temps du sida : le Groupe santé lesbienne de Paris (1984-1998) », dans Lesbiennes, pédés, arrêtons de raser les murs, La Dispute, (ISBN 978-2-84303-270-7, DOI 10.3917/disp.bouva.2023.01.0117, lire en ligne), p. 117-130
  13. Laroche 2009, p. 5.
  14. Sylvie Chaperon, « Histoire contemporaine des sexualités : ébauche d'un bilan historiographique », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, no 84,‎ , p. 5–22 (ISSN 1271-6669 et 2102-5916, DOI 10.4000/chrhc.1880, lire en ligne, consulté le )
  15. Ilana Eloit, « « Le bonheur était dans les pages de ce mensuel » : La naissance de la presse lesbienne et la fabrique d’un espace à soi (1976-1990) », Le Temps des médias, vol. 29, no 2,‎ , p. 93 (ISSN 1764-2507 et 2104-3671, DOI 10.3917/tdm.029.0093, lire en ligne, consulté le )
  16. « Pour aller plus loin », dans Christine Bard, Féminismes, 150 ans d'idées reçues, Le Cavalier Bleu, coll. « Idées reçues », , 360 p. (ISBN 9791031805849), p. 347-356
  17. Aurore Turbiau, « Faire œuvre, faire politique : 1969-1985, revendiquer le lesbianisme en littérature », dans Aurore Turbiau, Alex Lachkar, Camille Islert, Manon Berthier et Alexandre Antolin, Écrire à l'encre violette. Littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours, Le Cavalier Bleu, coll. « Convergences », , 296 p. (ISBN 9791031805160), p. 113-144
  18. GEDI, « Colloque international Les féministes et leurs archives – 26-28 mars // Le mois du genre à l’UA », sur Programme GEDI - Genre et discriminations sexistes et homophobes, (consulté le )
  19. Michelle Zancarini-Fournel, « Christine Bard, Pauline Boivineau, Marion Charpenel, Bénédicte Grailles & Audrey Lasserre (dir.), Les Féministes et leurs archives », Clio. Femmes, Genre, Histoire, Belin, vol. 2, no 56 « Variations féministes »,‎ , p. 213-216 (ISBN 9782410027501)
  20. Christian Hottin, « Trouble dans le patrimoine ? Héritages LGBTQIA+ et narrations queer : quel rôle pour les institutions patrimoniales ? », In Situ. Au regard des sciences sociales, vol. 5,‎ (ISSN 2680-4972, DOI 10.4000/13ux1, lire en ligne, consulté le )

Liens externes

  • Portail LGBT+
  • Portail des femmes et du féminisme
  • Sciences de l’information et bibliothèques