Architecture du choix

L'architecture du choix est la conception de différentes manières par lesquelles les choix peuvent être présentés aux décideurs, ainsi que l'impact de cette présentation sur la prise de décision. Par exemple, mais pas uniquement, le nombre de choix présentés[1] et la manière dont les attributs sont décrits[2] peuvent influencer les choix des personnes et des consommateurs.

Contexte et origine

Le terme « architecture du choix » a été inventé par Richard Thaler et Cass Sunstein dans leur ouvrage de 2008, Nudge : La méthode douce pour inspirer la bonne décision. Thaler et Sunstein ont préconisé une conception réfléchie de l'architecture du choix comme moyen d'améliorer la prise de décision des consommateurs en minimisant les biais et les erreurs résultant d'une rationalité limitée[3]. Cette approche est un exemple de « paternalisme libertaire », une philosophie défendue par Thaler et Sunstein qui vise à nudge les individus à faire des choix qui sont dans leur meilleur intérêt sans interdire d'options ni modifier significativement leurs motivations économiques[3]. Ils vont plus loin en affirmant que restreindre complètement les options n'est plus un coup de pouce, mais simplement rendre quelque chose plus évident parmi un groupe de choix.

Ces techniques sont devenues populaires parmi les décideurs politiques, conduisant par exemple à la formation de l'équipe britannique Behavioural Insights et de la « Nudge Unit » de la Maison Blanche[4]. Alors que de nombreux spécialistes du comportement soulignent qu'il n'existe pas d'architecture de choix neutre et que les consommateurs conservent leur autonomie et leur liberté de choix malgré les manipulations de l'architecture de choix[5], les critiques du paternalisme libertaire soutiennent souvent que les architectures de choix conçues pour surmonter les biais de décision irrationnels peuvent imposer des coûts aux agents rationnels, par exemple en limitant le choix[6] ou en sapant le respect de l'action individuelle et de l'autonomie morale[7].

Partisans

Les tenants du paternalisme libertaire (en) et du paternalisme asymétrique supporte la conception délibérée d’une architecture de choix pour inciter les consommateurs à adopter des comportements personnellement et socialement souhaitables, comme épargner pour la retraite, choisir des aliments plus sains ou s’inscrire comme donneur d’organes. Ces interventions sont souvent justifiées par les défenseurs du paternalisme libertaire dans la mesure où des architectures de choix bien conçues peuvent compenser les biais irrationnels de prise de décision pour améliorer le bien-être des consommateurs[8].

Voir aussi

Notes et références

  1. (en) Benjamin Scheibehenne, Rainer Greifeneder et Peter M. Todd, « Can There Ever Be Too Many Options? A Meta-Analytic Review of Choice Overload », Journal of Consumer Research, vol. 37, no 3,‎ , p. 409–425 (ISSN 0093-5301 et 1537-5277, DOI 10.1086/651235, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Richard P. Larrick et Jack B. Soll, « The MPG Illusion », Science, vol. 320, no 5883,‎ , p. 1593–1594 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, DOI 10.1126/science.1154983, lire en ligne, consulté le )
  3. Richard H. Thaler, Cass R. Sunstein et Marie-France Pavillet, Nudge: la méthode douce pour inspirer la bonne décision, Vuibert, (ISBN 978-2-311-00105-1)
  4. Evan Nesterak, « "Head of White House "Nudge Unit" Maya Shankar Speaks about Newly Formed Social and Behavioral Sciences Team" », Behavioral scientist,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Eric J. Johnson, Suzanne B. Shu, Benedict G. C. Dellaert et Craig Fox, « Beyond nudges: Tools of a choice architecture », Marketing Letters, vol. 23, no 2,‎ , p. 487–504 (ISSN 1573-059X, DOI 10.1007/s11002-012-9186-1, lire en ligne, consulté le )
  6. Gregory Mitchell, Libertarian Paternalism is an Oxymoron, Northwestern University Law Review, , 99 p.
  7. Choice architecture in democracies: exploring the legitimacy of nudging, Hart Publishing, coll. « Recht im Kontext », (ISBN 978-3-8452-6393-9)
  8. The behavioral foundations of public policy, Princeton University Press, (ISBN 978-0-691-13756-8 et 978-1-4008-4534-7)
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