Antivenin

Un antivenin est une composition biologique utilisée en guise de traitement contre des piqûres ou morsures venimeuses. L'antivenin est créé par extraction du venin du serpent, de l'araignée ou de l'insecte concerné. Le venin est ensuite dilué et injecté dans un cheval, un mouton, un lapin, ou une chèvre. Le système immunitaire du sujet animal réagit, produisant des anticorps contre la molécule active du venin qui peut être récolté dans le sang de l'animal et utilisé pour traiter l'envenimation. À l'international, les antivenins doivent se conformer aux règlementations de la pharmacopée et aux exigences de l'Organisation mondiale de la santé[1]. Les antivenins sont très utilisés dans de nombreux pays, leur première utilisation datant de 1895[2].

Le terme d'antivenin se compose du mot « venin », qui, lui, provient du mot latin venenum, signifiant « poison ».

Utilisation

Le principe de l'antivenin est le même que celui du vaccin, développé par Edward Jenner, à ceci près que la substance immunisante n'est pas injectée directement au patient, elle l'a été à des animaux et c'est leur sérum riche en anticorps qui est transfusé au patient[a]. Les antivenins peuvent être catégorisés comme monospécifiques (lorsqu'ils sont efficaces contre une seule espèce venimeuse) ou polyspécifiques (lorsqu'ils sont efficaces contre plusieurs espèces). Les premiers antivenins concernant les serpents (appelés sérums antiophidiques) ont été développés par Césaire Phisalix et Albert Calmette, du Muséum d'histoire naturelle de Paris et de l'Institut Pasteur, travaillant sur un antidote contre la morsure des vipères et du Cobra indien (Naja naja). En 1901, Vital Brazil, à l'institut Butantan de São Paulo, au Brésil, développe les premiers antivenins monovalents et polyvalents contre les genres Crotalus et Bothrops d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale, et aussi contre certaines espèces d'araignées, de scorpions, et de grenouilles venimeuses.

Les antivenins utilisés à des fins thérapeutiques sont souvent sous forme lyophilisée, mais d'autres ne sont disponibles que sous forme liquide et doivent rester au frais (sérums antivenimeux). La majorité des antivenins (dont les antivenins concernant les serpents) sont administrés par intraveineuse. Les antivenins contre les genres Synanceia et Latrodectus hasselti sont administrés par injection intramusculaire, mais l'efficacité de la voie intramusculaire a souvent été remise en question[4].

Un antivenin vise à arrêter les effets du venin, et donc tout dégât supplémentaire, mais n'inverse pas les dégâts déjà occasionnés. De ce fait, il doit être administré le plus vite possible après injection du venin. Depuis l'arrivée des antivenins, certaines morsures qui étaient invariablement mortelles ne le sont plus que rarement si l'antivenin est administré suffisamment tôt. Les antivenins sont purifiés par divers procédés, mais sont toujours accompagnés de protéines d'autres sérums agissant comme antigènes. Certains individus peuvent réagir à l'antivenin avec une hypersensibilité immédiate (choc anaphylactique) ou avec une hypersensibilité retardée. Quoiqu'il en soit, l'antivenin reste le seul traitement efficace face à un risque mortel. Une légende urbaine prétend qu'un individu allergique aux chevaux ne peut pas prendre d'antivenin, mais les effets secondaires peuvent être pris en charge, et l'antivenin doit être administré et les effets secondaires pris en charge[5].

Disponibilité

Les antivenins ont été développés en fonction du venin associé aux animaux suivants[6] :

Araignées

Antivenin Espèce ou genre Pays
Funnel web spider antivenom Atrax robustus Australie
Soro antiaracnidico Phoneutria Brésil
Soro antiloxoscelico Loxosceles Brésil
Suero antiloxoscelico Loxosceles laeta Pérou
Aracmyn Toute espèce de Loxosceles et de Latrodectus Mexique
Redback spider antivenom Latrodectus hasselti Australie
Black widow antivenom Veuve noire États-Unis
SAIMR Spider antivenom Latrodectus cinctus Afrique du Sud
Anti-venin anti-Latrodectus Veuve noire Argentine

Tiques

Antivenin Espèce ou genre Pays
Tick antivenom Tique paralysante Australie

Insectes

Antivenin Espèce ou genre Pays
Zoro antilonomico Lonomia obliqua Brésil

Scorpions

Antivenin Espèce ou genre Pays
Inoscorpi MENA (Moyen-Orient & Afrique du Nord) Androctonus australis, Androctonus mauritanicus, Androctonus crassicauda, Buthus occitanus occitanus, Buthus occitanus mardochei, Leiurus quinquestriatus quinquestriatus, Leiurus quinquestriatus hebraeus. Espagne
Alacramyn Centruroides limpidus, C. noxius, C. suffusus Mexique
Suero Antialacran Centruroides limpidus, C. noxius, C. suffusus Mexique
Antivenin polyvalent tunisien Toute espèce de scorpions iraniens Tunisie
Anti-Scorpion Venom Serum I.P. (AScVS) Hottentotta tamulus Inde
Anti-scorpionique Androctonus spp., Buthus spp. Algérie
Anti-scorpionique Scorpion noir, Buthus occitanus Maroc
Soro antiscorpionico Tityus spp. Brésil
SAIMR scorpion antivenin Parabuthus spp. Afrique du Sud
Purified prevalent Anti-Scorpion Serum (equine) Scorpions Leiurus spp. & Androctonus Égypte

Animaux marins

Antivenin Espèce ou genre Pays
CSL box jellyfish antivenom Chironex fleckeri Australie
CSL stonefish antivenom Synanceia Australie

Serpents

Notes et références

Notes

  1. Certaines recherches portent cependant sur le sérum d'humains qui ont été immunisés par l'injection de doses adaptées de venin. Un collectionneur américain, par exemple, s'est injecté lui-même plus de 600 doses de venin et s'est fait mordre environ 200 fois par des serpents venimeux. En 2025, un antivenin associant au varespladib (en) des anticorps synthétiques identiques à ceux qu'il a développés est efficace contre le venin de 19 espèces, dont le Cobra indien[3].

Références

  1. Theakston RD, Warrell DA, Griffiths E, « Report of a WHO workshop on the standardization and control of antivenoms », Toxicon, vol. 41, no 5,‎ , p. 541–57 (PMID 12676433, DOI 10.1016/S0041-0101(02)00393-8, lire en ligne).
  2. (en) « Antivenin », sur Merriam-Webster (consulté le ).
  3. (en) Katherine Bourzac, « Blood of man who’s had 200 snake bites helps make a potent antivenom », Nature,‎ (DOI 10.1038/d41586-025-01325-3 ).
  4. (en) Isbister GK., « Failure of intramuscular antivenom in Redback spider envenoming », Emerg Med (Fremantle), vol. 14, no 4,‎ , p. 436–9 (PMID 12534488, DOI 10.1046/j.1442-2026.2002.00356.x).
  5. (en) Voir par exemple en anglais le paragraphe Antivenom Precautions concernant le médicament à James Forster, MD, MS, « Snake Envenomations, Sea », eMedicine Emergency Medicine (environmental), (consulté le ).
  6. (en) « Appendix: Antivenom Tables », Clinical Toxicology, vol. 41, no 3,‎ , p. 317–27 (DOI 10.1081/CLT-120021117)
  7. (en) S Spawls et Branch B, The Dangerous Snakes of Africa. Ralph Curtis Books, Dubaï, Oriental Press, (ISBN 978-0-88359-029-4), p. 192..

Voir aussi

Liens externes

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