Antinoupolis

Antinoupolis (ou Antinoopolis, en grec ancien Ἀντινόου πόλις / Antinóou pólis) ou Antinoé (aussi orthographié Antinoë, en grec ancien Ἀντινόεια / Antinóeia ; en copte Ansena, actuellement الشيخ عبادة (Sheikh 'Ibada) en arabe) est une cité de l'Égypte antique sur la rive orientale du Nil, en face d'Hermopolis Magna.

Elle est créée par l'empereur romain Hadrien (117-138), qui la relie au port de Bérénice, sur la mer Rouge, par la via nova Hadriana, construite en 137 ap. J.-C.

Cette cité romaine abrite la mémoire du jeune amant de l'empereur, Antinoüs, mort noyé dans le Nil. Il est divinisé grâce à une assimilation osirienne. Le culte est pratiqué dans son temple, l'Antinoéion. Des jeux annuels comprenant des courses de chars sont tenus. Le culte de la déesse Héqet et du dieu Khnoum y sont très vivants.

Elle a été implantée sur le site d’un ancien village égyptien, Hir-we (également nommé Besa), ruiné à l’exception du temple de Ramsès II, intégré dans la nouvelle ville^[1].

Conçue sur un plan hippodamien, typique des cités gréco-romaines, avec un réseau de rues en quadrillage, la ville présentait également de vastes avenues bordées de colonnes, d’arcades et de statues d’Antinoüs.

Antinoé devint peu après un siège épiscopal, puis, au fil du temps, une cité abandonnée, probablement entre le X^e siècle et l’époque médiévale, et est actuellement siège titulaire d'évêque^[2].

Des vestiges significatifs (colonnes, plan urbain, hippodrome, arc monumental) ont été documentés dès la fin du XVIII^e siècle, notamment par l’expédition de Napoléon dans la Description de l'Égypte^[3].

Située sur la rive droite du Nil, en Moyenne-Égypte, elle se trouve en face d'Hermopolis Magna (aujourd’hui Mallawi, gouvernorat de Minya)

Selon Marguerite Yourcenar^[4] : « Les ruines de la ville fondée par Hadrien en l'honneur de son favori étaient encore debout au début du XIX^e siècle […] Vers le milieu du XIX^e siècle, un industriel égyptien transforma en chaux ces vestiges, et les employa à la construction de fabriques de sucre du voisinage. »

Albert Gayet, directeur des fouilles à Antinoé entre 1896 et 1911^[5], y a mené des fouilles poussées^[6] et a découvert, en 1906, parmi des milliers de momies, la momie d'Ounnout^[7], une femme copte âgée d'une vingtaine d'années à sa mort, datant de la fin du II^e siècle ou du début du III^e siècle après J.-C. Elle est considérée comme une prêtresse d’Antinoé. La présence d’or sur sa momie suggère son statut élevé et son rôle religieux important tandis que son corps repose sur un lit de feuilles de figuier et de coque^[7]. Le figuier (notamment sycomore) a une symbolique forte dans les rites funéraires tant dans les croyances polythéistes de l'Égypte antique^[8] que dans le christianisme^[9]. Habituellement préservée au musée de Dunkerque, elle est visible, depuis 2020 et jusqu'à réouverture de ce dernier, au château-musée de Boulogne-sur-Mer^[7].

• Florence Calament, La révélation d'Antinoé par Albert Gayet : histoire, archéologie, muséographie, Paris, Institut français d'archéologie orientale, 2005 (ISBN 978-2-7247-0366-5).
• Aude de Tocqueville et Karin Doering-Froger, Atlas des cités perdues, Paris, Arthaud, 2014, 143 p. (ISBN 978-2-08-131468-9, BNF 44213626), « Antinoë. In memoriam », p. 12.
• Yannick Lintz et Magali Coudert, Antinoé : momies, textiles, céramiques et autres antiques, Paris, Somogy Éditions d'art et musée du Louvre, 2013, 599 p. (ISBN 978-2-7572-0666-9).

• Égypte romaine et byzantine

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