Anne de Bavière (1648-1723)

Anne de Bavière
Anne de Bavière, princesse de Condé par peintre anonyme, XVIIe siècle.

Titre

Princesse de Condé 


(22 ans, 3 mois et 21 jours)

Prédécesseur Claire-Clémence de Maillé
Successeur Louise-Françoise de Bourbon
Biographie
Titulature Duchesse d'Enghien
Princesse de Condé
Duchesse de Bourbon
Duchesse de Guise
Princesse d'Arches
Comtesse de Dreux
Dynastie Maison de Wittelsbach
Nom de naissance Anna Henrietta Julia von der Pfalz
Naissance
Paris (France)
Décès (à 74 ans)
Petit Luxembourg (France)
Sépulture Couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques
Père Édouard du Palatinat
Mère Anne de Gonzague
Conjoint Henri-Jules de Bourbon-Condé
Enfants Louis III de Bourbon-Condé
Marie-Thérèse de Bourbon-Condé
Anne-Marie de Bourbon-Condé
Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé
Marie-Anne de Bourbon-Condé
Religion Catholicisme

Signature

Anne-Henriette-Julie de Bavière-Palatinat, née le à Paris et morte le au Petit Luxembourg, est une princesse du Palatinat, devenue la princesse de Condé par mariage. Elle épousera Henri-Jules de Bourbon-Condé, le fils aîné de Louis II de Bourbon-Condé, dit le « Grand Condé », qui héritera du titre de ce dernier à sa mort. Elle est également princesse d'Arches, un titre obtenu à la suite du décès de son petit-cousin, Charles III Ferdinand de Mantoue, en .

Biographie

Enfance

Anne de Bavière est née le à Paris. Elle est la seconde des trois filles qu'eurent Édouard du Palatinat, comte palatin du Rhin, et sa jeune épouse Anne de Gonzague, fille du duc de Mantoue. Anne est issue de deux familles souveraines de très haut lignage mais désargentées. Son père est un fils cadet de Frédéric V, tout premier électeur du Saint-Empire romain germanique et calviniste. Il sera élu roi de Bohème en en opposition aux Hasbourgs catholiques et sera vaincu au cours de la bataille de la Montagne Blanche de , perdant là ses possessions. Lui et sa famille se verront alors exilés, dont son fils Edouard, aux Provinces-Unies.

Septième des douze enfants du couple anciennement royal, né en exil, Édouard se convertit au catholicisme et épouse Anne de Gonzague en , dont ils eut alors trois filles. Il mourra prématurément en . Cette dernière est la sœur de la reine de Pologne, Louise-Marie de Gonzague. Ambitieuse, Anne se distingue lors de la Fronde et marie brillamment ses filles. Sa fille aînée épouse le prince de Salm, sa fille benjamine épouse le prince de Calenberg et elle réussit même à faire épouser une nièce calviniste de son époux, Élisabeth-Charlotte de Bavière, au frère du roi de France, Louis XIV, « Monsieur ». Les parents de Anne habitent alors Paris.

Mariage

Le premier mariage dont s'occupa avec succès Anne de Gonzague, et qui lui permit sans doute les suivants, fut celui de sa fille cadette, Anne de Bavière. Elle avait en effet faire miroiter au futur époux la possibilité d'accéder au trône de Pologne. Ainsi, à peine âgée de quinze ans, Anne épouse Henri-Jules de Bourbon-Condé, alors le duc d'Enghien, fils unique du prince de Condé, dit le « Grand Condé » et le premier prince du sang. Il était surnommée « le Fol » à cause de son comportement ou « le singe vert » à cause de son physique disgracieux. Par son mariage, elle obtient le prédicat d'Altesse Sérénissime ainsi que le titre de « Madame la Duchesse ».

Son époux, prince intelligent mais cynique, et se sachant protégé par son rang, est atteinte de démence et de lycanthropie, hurlant ainsi à la lune tel un loup et capable d'accès de violences et de cruautés, ne craignant pas de s'en prendre aux siens. Il s'en prends à son épouse, ses enfants, serviteurs et servantes qui durent supporter un régime de terreur et de sadisme. C'est dans ce climat que la duchesse mena à terme dix grossesses. En , à la mort de son beau-père elle est faite princesse de Condé et l'épouse du premier prince du sang. Elle est donc appelée « Madame la Princesse ». Cette dernière cachait alors ses ecchymoses sous ses coiffes.

En effet, bonne et charitable, pieuse et effacée, la princesse de Condé supporta les exubérances et la cruauté de son époux avec beaucoup de dignité, et ce ne fut pas vraisemblablement sans soulagement qu'elle devient veuve à la mort de ce dernier survenue en . Elle avait dût alors, endurer treize ans aux côtés du prince.

Veuvage

Son époux décédé, le titre de prince de Condé passe à Louis III de Bourbon-Condé, son fils aîné. Quant à elle, elle devient princesse douairière de Condé. À la mort de sa cousine Marie de Guise en , elle est, avec sa sœur, l'une des héritières par leur grand-mère maternelle, Catherine de Lorraine-Mayenne. Elle obtient de fait le duché de Guise, transmit à la maison de Bourbon-Condé. Elle hérite également de l'hôtel de Guise, à Paris, qu'elles vendent aux Rohan, et le domaine de Marchais, vendu en . La principauté d'Arches lui est aussi léguée en à la mort de son petit-cousin, Charles III Ferdinand, le dernier duc de Mantoue.

Elle hérite également du comté de Dreux, à la mort de sa fille, Marie-Anne de Bourbon-Condé, en , elle-même héritière de son époux. Elle possède le château du Raincy, qu'elle héritera de sa mère. C'est d'après la princesse qu'est nommée la rue Palatine, du 6e arrondissement à Paris, car elle résidait alors tout à côté, dans le Petit Luxembourg qu'elle fait aménager par un célèbre architecte parisien, Germain Boffrand. Jacques Champion de Chambonnières lui dédie son premier livre de Pièces de Clavessin, publié à Paris en . En , elle lance la mode de l'ombrelle, une mode dite des « Parisiennes »[1]. Elle meurt le , à Paris. Âgée de soixante-quatorze ans, elle repose au couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques.

Descendance

Anne de Bavière et Henri-Jules de Bourbon-Condé eurent ainsi ensemble dix enfants :

  1. Marie-Thérèse de Bourbon-Condé, dite Mademoiselle de Bourbon. Elle épousera François-Louis de Bourbon-Conti, prince de Conti, et deviendra princesse de Conti ;
  2. Henri de Bourbon-Condé, duc de Bourbon (- ) ;
  3. Louis III de Bourbon-Condé, prince de Condé. Il épousera Louise-Françoise de Bourbon, dite Mademoiselle de Nantes, une fille légitimée du roi Louis XIV ;
  4. Anne de Bourbon-Condé, dite Mademoiselle d'Enghien ( - ) ;
  5. Henri de Bourbon-Condé, comte de Clermont ( - ) ;
  6. Louis-Henri de Bourbon-Condé, comte de la Marche ( - ) ;
  7. Anne-Marie de Bourbon-Condé, dite Mademoiselle d'Enghien puis Mademoiselle de Condé ;
  8. Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé, dite Mademoiselle d'Enghien puis Mademoiselle de Charolais. Elle épousera Louis-Auguste de Bourbon, prince de Dombes et fils légitimé du roi Louis XIV, et deviendra ainsi princesse de Dombes ;
  9. Marie-Anne de Bourbon-Condé, dite Mademoiselle de Montmorency puis Mademoiselle d'Enghien. Elle épousera Louis-Joseph de Bourbon-Vendôme et deviendra duchesse de Vendôme ;
  10. Fille non-identifiée, dite Mademoiselle de Clermont ( - 17 septembre 1680).

Titulature

Ascendance

Notes et références

  1. Scavini, « Le parapluie français », Le Figaro Magazine, semaine du 19 mai 2017, page 111.

Liens externes

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