Anna Morandi Manzolini
| Naissance | |
|---|---|
| Décès | 
 (à 60 ans) Bologne (États pontificaux) | 
| Sépulture | 
San Procolo (en) | 
| Activités | |
| Période d'activité | |
| Conjoint | 
Giovanni Manzolini (à partir de ) | 
| A travaillé pour | |
|---|---|
| Membre de | |
| Maîtres | 
Anna Morandi Manzolini, née en à Bologne (Italie) et morte en dans cette même ville, est une céroplasticienne et anatomiste italienne.
Biographie
Anna Morandi est née à Bologne en 1714[1].
Elle apprend le dessin et la sculpture auprès de Giuseppe Carlo Pedretti et Francesco Monti[2].
En 1740, elle épouse Giovanni Manzolini, anatomiste et professeur d'anatomie à l'université de Bologne[3]. Elle apprend l'anatomie en autodidacte, dans les livres et grâce à la dissection de cadavres[4].
Le couple a huit enfants dont la plupart décèdent en bas âge[2].
Travaux et apport scientifique
Elle commence sa carrière de céroplasticienne en présentant ses sculptures anatomiques en cire, conjointement à celles de Giovanni Manzolini, assistant d'Ercole Lelli[3],[5]. Ses réalisations en cire sont remarquées pour leur précision anatomique et leurs qualités plastiques[5].
Elle publie un ouvrage sur ses notes anatomiques, et apporte quelques précisions aux connaissances de ses pairs : on lui doit par exemple la détermination du point d'insertion du muscle oblique de l'œil[3].
Elle réalise également des portraits et des sculptures en cire à des fins purement artistiques : portraits de membres de sa famille, d'amis, sculptures à caractère religieux[2]. Deux de ses bustes sont exposées au Palazzo Poggi de Bologne : l'un est un autoportrait où l'on peut la voir en train de disséquer un cerveau humain[6] ; l'autre représente son mari qui dissèque un cœur[7],[8]. Le portrait d'un homme en cire colorée, qui se trouve actuellement au Victoria and Albert Museum de Londres, est également considéré comme étant à sa manière plutôt qu'à celle de son mari.
En 1755, elle est élue à l'académie Clémentine (académie des beaux-arts de Bologne) en 1755[2].
Après la mort de Giovanni Manzolini, Anna Morandi Manzolini reprend la chaire d'anatomie qu'il dirigeait à l'Université de Bologne en 1756.
Au niveau de sa pratique artistique, elle se spécialise dans les structures anatomiques complexes : organes liés à la perception des sens, système veineux et artériel, appareil uro-génital, obstétrique[2].
Plusieurs de ses sculptures serviront de matériel pédagogique aux étudiants en médecine, grâce à leur précision et l'approche pédagogique de l'artiste dans ses représentations (légende, notes additionnelles)[2]. On lui doit également la détermination du point d'insertion du muscle oblique de l'œil[3].
Sa renommée grandit : elle est élue en 1761 à l'académie du dessin de Florence[3]. Elle est invitée dans plusieurs villes, et par plusieurs souverains, notamment à Londres et à Saint-Pétersbourg. Cependant, pour des raisons financières et de santé, elle n'aime pas voyager et se fait pardonner ses refus de ces invitations en leur envoyant quelques-unes de ses sculptures[3]. Son succès est remarquable : l’anatomie est, à l'époque, un métier réservé aux hommes : sa pratique et sa position d'enseignante dans ce domaine font exception[5].
En 1765, à la suite de difficultés financières et du refus du Sénat d'augmenter son revenu annuel, elle accepte l'hospitalité du sénateur Girolamo Ranuzzi en échange de moulages en cire. Elle meurt en 1774[3],[9]. Deux ans après sa mort, le Sénat de Bologne rachète les sculptures anatomiques qu'elle possède pour les confier au musée de l'Université de la ville[3],[9].
Le cratère vénusien Manzolini a été nommé en son honneur.
Galerie
- 
			Mains, modèle anatomique d'Anna Morandi
- 
			Oreille
Titres et reconnaissances officielles
- Professeure en anatomie, par l'Institut de Bologne, décerné en 1756[10]
- Modélisatrice, par l'Institut de Bologne, en 1760 (en plus de son titre de professeure en anatomie)[10]
- Membre officiel de l'Association Scientifique Royale de Russie, sur recommandation de l'impératrice Catherine II de Russie[11].
- Membre de la British Royal Society
Elle a également été reconnue par plusieurs chefs d’État européens contemporains, notamment :
- L'empereur Joseph II d'Autriche achète l'un de ses modèles et lui exprime son admiration pour son talent et ses réalisations[11].
- L'impératrice Catherine II de Russie l'invite à Moscou pour une conférence[11].
Références
- ↑ (en) Rebecca Messbarger, The Lady Anatomist : The Life and Work of Anna Morandi Manzolini, University of Chicago Press, (ISBN 978-0-226-52081-0)
- Femmes de sciences de l'Antiquité au XIXe siècle: réalites et représentations, Éditions universitaires de Dijon, coll. « Collection Histoire et philosophie de sciences », (ISBN 978-2-36441-081-7), p. 154
- Yvette Sultan, « Morandi-Manzolini, Anna [Bologne 1716 - Id. 1774] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 3016
- ↑ Femmes de sciences de l'Antiquité au XIXe siècle: réalites et représentations, Éditions universitaires de Dijon, coll. « Collection Histoire et philosophie de sciences », (ISBN 978-2-36441-081-7), p. 148
- Guilia Longo, « Anna Morandi Manzolini (1714 – 1774). Artiste et anatomiste dans la Bologne du XVIIIe siècle », Caractères, (lire en ligne)
- ↑ « Ricerca - Catalogo digitale delle collezioni del Sistema Museale di Ateneo - Università di Bologna », sur catalogo.sma.unibo.it (consulté le )
- ↑ « Ricerca - Catalogo digitale delle collezioni del Sistema Museale di Ateneo - Università di Bologna », sur catalogo.sma.unibo.it (consulté le )
- ↑ (en) « Anna Morandi Manzolini's wax self-portrait », sur himetop
- (it) Susanna Falabella, Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 69, Istituto dell'Enciclopedia italiana Treccani, (lire en ligne), « Manzolini, Giovanni »
- Rudolf Schmid, Louise S. Grinstein, Carol A. Biermann et Rose K. Rose, « Women in the Biological Sciences: A Biobibliographic Sourcebook », Taxon, vol. 48, no 4, , p. 861 (ISSN 0040-0262, DOI 10.2307/1223679, lire en ligne, consulté le )
- Ruth Schwartz Cowan, « Mothers and Daughters of Invention: Notes for a Revised History of Technology. Autumn Stanley », Isis, vol. 87, no 1, , p. 143–144 (ISSN 0021-1753 et 1545-6994, DOI 10.1086/357409, lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
- (it) Stefano Arieti, « Morandi, Anna », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 76, Istituto dell'Enciclopedia italiana Treccani, Rome, 2012
- Simone Gilgenkrantz, « Les céroplasticiennes du XVIIIe siècle : Entre écorchés et plastinés », Med Sci, Paris, vol. 28, , p. 531-533 (DOI 10.1051/medsci/2012285019, lire en ligne)
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Portail de la médecine
- Portail de Bologne
- Portail du XVIIIe siècle
- Portail des femmes et du féminisme
- Portail de l’éducation
- Portail de la sculpture