Anna Lühring
| Naissance | |
|---|---|
| Décès |
(à 70 ans) Hambourg |
| Sépulture |
Alter Hammer Friedhof (d) |
| Nom de naissance |
Johanna Lühring |
| Pseudonyme |
Eduard Kruse |
| Nationalité | |
| Allégeance | |
| Activité |
militaire |
| Conjoint |
Johann Peter August Lucks |
| Arme | |
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| Grade militaire | |
| Conflit |
Anna Lühring (en réalité Johanna Lühring, parfois appelée à tort Lührmann), née le à Brême et morte le à Hambourg, est une femme soldat brêmoise qui combat dans l'armée prussienne opposée aux troupes de Napoléon pendant la Sixième Coalition.
Biographie
Anna Lühring naît le [1] à Brême. Son père Johann-Christoph Lühring est maître charpentier et sa mère se nomme Margarethe Marie Alfken ; elle a quatre frères et sœurs[2]. Elle a 17 ans pendant l'hiver 1813 quand les cosaques et les chasseurs du Lützowsches Freikorps libèrent la ville des Français : un de ses officiers est hébergé par ses parents et raconte l'histoire d'Éléonore Prochaska qui a servi parmi eux[3]. Fascinée, Anna décide de rejoindre ce régiment : elle quitte le sa ville natale, empruntant des vêtements d'homme à son frère. Près de Juliers, elle se présente aux autorités du corps franc sous le pseudonyme de Eduard Kruse[3].
Affectée à la 5e compagnie du 3e bataillon, elle participe au siège de la ville de Juliers et à plusieurs escarmouches[3]. Pendant ce temps, son père s'inquiète et prend contact avec l'officier que la famille logeait. Confondue, elle est cependant autorisée à rester dans la troupe[3].
Le corps fait marche vers Berlin où il est finalement dissout[3]. Anna Lühring y est présentée au général Blücher et à plusieurs princesses, célébrée comme une nouvelle Walkyrie[3]. Bien que non Prussienne, elle est la première femme à recevoir la Croix de fer[4].
Le , lors de son retour chez ses parents — différé car son père ne lui a pas pardonné son escapade et ne veut plus accueillir une fille qu'il estime salie par la compagnie des soldats[5] —, elle reçoit à Brême un accueil triomphal[3].
La paix revenue, elle s'installe bientôt à Hambourg où, oubliée, elle exerce un emploi modeste de vendeuse, puis de couturière[6].
En 1821, elle épouse Johann Peter August Lucks, serveur et domestique d'Altona, qui devient citoyen de Hambourg en 1827. Après la mort de celui-ci en 1832 et celle en bas âge de leur enfant unique[6], elle vit une vie solitaire et pauvre à Horn près de Hambourg[2]. Ce n'est qu'en 1860 qu'elle reçoit enfin une petite pension de 150 thalers par an de sa ville natale de Brême, allouée à l’instigation d'un ancien chasseur du Lützowsches Freikorps.
Elle meurt le [1] à Horn[6] et est inhumée dans le cimetière Alten Hammer à Hambourg-Hamm[6].
Honneurs
- En 1814, le général von Tauentzien lui remet sa propre médaille commémorative de guerre pour la campagne 1813-1814 ;
- Peter Werth (aka Julius Cäsar Stülcken) lui consacre une pièce en trois actes, Die Hanseatin Anna Lühring (Hambourg, Glogau, 1915)[7] ;
- La princesse Marie-Anne-Amélie de Hesse-Hombourg, épouse du prince Guillaume de Prusse (1783-1851), lui offre une tasse en porcelaine, exposée aujourd'hui au musée Focke de Brême ;
- Elle est depuis 1938 l'éponyme d'une rue et d'un chemin de Brême (Anna-Lühring-Straße et Anna-Lühring-Weg) ;
- Le chemin Anna-Lühring-Weg à Hambourg-Horn porte son nom.
Dans la littérature
- (de) Hermann Albert Schumacher, Zur Erinnerung an den Lützower Jäger Anna Lühring, coll. « Bremisches Jahrbuch Band 5 », (lire en ligne), p. 157–173
- (de) Bremische Biographie des neunzehnten Jahrhunderts. Herausgegeben von der Historischen Gesellschaft des Künstlervereins, Brême, Verlag Gustav Winter, , p. 296
- (de) Ingeborg Grolle, Lühring, Anna, p. 236-237
- (de) Karl Ernst Hermann Krause, « Lühring, Anna », dans Allgemeine Deutsche Biographie (ADB), vol. 19, Leipzig, Duncker & Humblot, , p. 622-623
- (de) Herbert Schwarzwälder, Berühmte Bremer, Munich, Paul-List-Verlag, (ISBN 3-471-78718-6), p. 62–70
- (de) Günter Beyer, Bremerin von etwas wilder Art. Wie 1815 eine junge Frau… zur patriotischen Trumpfkarte wurde, coll. « taz », , p. 29
- (de) Edith Laudowicz, Lühring, Johanne, gen. Anna, verh. Lucks', Brême, Edition Falkenberg, coll. « Frauen Geschichte(n). Bremer Frauenmuseum (Hrsg.) », (ISBN 978-3-95494-095-0)
Références
- (en) Mary Ellen Snodgrass, Women Warriors in History: 1,622 Biographies Worldwide from the Bronze Age to the Present, McFarland, (ISBN 978-1-4766-9305-7, lire en ligne)
- (de) « Anna Lühring | EPOCHE NAPOLEON », sur www.epoche-napoleon.net (consulté le )
- Carl Aderhold, Guerrières: De la Révolution à nos jours, Fayard, (ISBN 978-2-213-70800-3, lire en ligne)
- ↑ (en) Philip Dwyer, Citizen Emperor: Napoleon in Power, Yale University Press, (ISBN 978-0-300-19066-3, lire en ligne), p. 438
- ↑ (en) Friederike Eigler et Susanne Kord, The Feminist Encyclopedia of German Literature, Bloomsbury Publishing USA, (ISBN 978-1-56750-752-2, lire en ligne), p. 556
- (de) « Anna Lühring », sur www.fembio.org (consulté le )
- ↑ (en) Helen Watanabe-O'Kelly, Beauty Or Beast?: The Woman Warrior in the German Imagination from the Renaissance to the Present, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-955823-0, lire en ligne), p. 161
Liens
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