André Sauger

André Sauger
Biographie
Naissance
Décès
(à 76 ans)
Surnom
Le dernier boulevardier
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André Sauger, né le à Paris et mort le , est un journaliste et résistant français.

Après plusieurs passages par des cabinets ministériels, il entre dans le monde du journalisme. Pendant la l'Occupation, il s'engage dans la Résistance et rejoint le Bureau d'Information et de Presse qui est chargé de la transmission des informations au sein de la France combattante. Tout au long de sa vie, il travaille dans de nombreux journaux français dont Libération pour lequel il occupe le poste de rédacteur en chef pendant 17 ans.

Biographie

Enfance et études

André Sauger naît le à Paris. Il obtient une licence de droit[1].

Journalisme

En , il est nommé chef du secrétariat particulier de Léon Bourgeois puis, entre et , il dirige celui de Gaston Doumergue, qu'il suit de la présidence du Sénat à la présidence de la République[2],[3]. Il écrit à cette époque plusieurs ouvrages dont Aujourd'hui, mon vieux, en et La vie est belle, en [1]. À la suite de l'échec du gouvernement Herriot, il fait partie des radicaux qui souhaitent une alliance plus importante avec les socialistes[4]. Il se dirige par la suite vers le métier de journaliste parlementaire. Il rejoint en La République puis, quatre ans plus tard en , L'Œuvre[2].

Il s'engage dans le radicalisme avec d'autres membres de la jeunesse intellectuelle de gauche de l'époque. Il s'interroge à leurs côtés sur une future construction européenne, dépendante d'une baisse des tensions entre la France et l'Allemagne, qui devrait s'appuyer selon lui sur une révision du traité de Versailles. Dans son ouvrage Dictature ou démocratie publié en à la Librairie Valois, il s'oppose en partie au dirigisme promu par Bertrand de Jouvenel avec qui il est proche. Politiquement, il défend un système avec un exécutif puissant dans les mains du président du conseil[5].

Avant la guerre, en , il rejoint le Canard enchaîné avec lequel il partage « le sens du calembour et du mot qui fait mouche »[1],[2].

Résistance

Pendant l'Occupation, qu'il passe à Vichy, il s'investit dans la Résistance[1]. Officiellement, il travaille pour le journal La Montagne. Dans l'ombre, il est l'informateur de Jean Rochon et lui transmet des informations pour son journal Libération qu'il diffuse dès [6]. Il participe par ailleurs au Bureau d'Information et de Presse aux côtés de Georges Bidault et de Pierre Corval notamment. Ils cherchent à partager les informations entre la France et Londres[7]. Le journaliste les assiste dans la rédaction du volumineux Bulletin de la France combattante paru de façon hebdomadaire et lu par le général de Gaulle[8]. Les informations du Bulletin, dont le long rapport hebdomadaire d'André Sauger sur l'activité du gouverment, sont destinées à la presse clandestine et aux Forces françaises libres[1],[9].

Il est soupçonné dès par Pierre Laval mais parvient à se faire oublier et démeure le principal informateur de la Résistance à Vichy. Il est arrêté par la police du régime le et échappe de peu à la Gestapo. Pierre Laval, devant l'émoi suscité, justifie son arrestation en expliquant avoir voulu « le sauver » et lui éviter la déportation[6],[10]. En prévision de la Libération, Georges Bidault fonde la Commission de presse dans laquelle participe André Sauger[10].

Après-guerre

Avec d'autres représentants de la presse résistante, il participe à la fondation du Centre de formation des journalistes en tant que secrétaire général des journalistes CGT[11]. Il fait partie du conseil d'administration de l'établissement jusqu'à sa mort[2]. Il reprend sa collaboration avec le Canard enchaîné et devient chef du service politique du Franc-Tireur[1],[2]. Il quitte cette rédaction en lors d'une scission de l'équipe et suit plusieurs autres journalistes qui accusent le journal d'être trop gaulliste[12]. Il rejoint alors Libération comme rédacteur en chef et y reste jusqu'à la disparition du journal en [2]. Dans l'exercice de ses fonctions, il est attaqué pour injures et diffamation par Jean Baylot dont la demande est finalement déboutée en [13].

Il devient administrateur du Canard enchaîné en [1]. Jusqu'à sa mort, il travaille dans plusieurs institutions. Il est ainsi vice-président du Syndicat de la presse hebdomadaire parisienne à partir de [2]. Il représente alors un journalisme d'un autre temps « où le ton l'emportait sur la documentation »[1]. Son élégance simple et son style incisif lui valent le surnom de « dernier boulevardier ». Il meurt à 76 ans le et ses obsèques sont célébrées dans l'intimité[2].

Notes et références

  1. Paul Morelle, « André Sauger (1896-1973) », sur Encyclopædia Universalis
  2. « Mort d'André Sauger collaborateur du Canard enchaîné », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. Gilles Le Béguec et Christine Manigand, Henry, Robert et Bertrand de Jouvenel : Crise et métamorphoses de l'État démocratique (1900-1935), Limoges, Presses Universitaires de Limoges, , 172 p. (ISBN 978-2-842-87304-2, lire en ligne), p. 37-38
  4. Philippe Burrin, La Dérive fasciste : Doriot, Déat, Bergery 1933-1945, Paris, Le Seuil, , 540 p. (ISBN 978-2-020-09357-6, lire en ligne), p. 39
  5. Berstein 1982, p. 79-125.
  6. Maurice Mandon, Une plume contre Vichy : Jean Rochon et le journal La Montagne sous l'Occupation, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, , 166 p. (ISBN 978-2-877-41074-8, lire en ligne), p. 65
  7. Paulina Brault, « Le Bureau d'Information et de Presse (BIP) », sur Fondation de la Résistance
  8. Limagne 1987, p. 884.
  9. Delporte 2016, p. 152.
  10. Limagne 1987, p. 941.
  11. Ivan Chupin, « Du paritarisme au marché : Les transformations des élites patronales des médias au travers des recompositions d'une école d'exception, le CFPJ », Sociétés contemporaines, vol. 113, no 1,‎ , p. 45–69 (ISSN 1150-1944, DOI 10.3917/soco.113.0045, lire en ligne)
  12. Jean-Pierre Levy, Mémoires d'un franc-tireur : Itinéraire d'un résistant (1940-1944), Bruxelles, Éditions Complexe, , 141 p. (ISBN 2-87027-829-2, lire en ligne), p. 140
  13. « M. Baylot débouté de son action contre Libération », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • Serge Berstein, Histoire du Parti Radical, vol. II : Crise du radicalisme, 1926-1939, Paris, Presses de Sciences Po, , 672 p. (ISBN 978-2-724-60461-0, lire en ligne).
  • Christian Delporte, Claire Blandin et François Robinet, Histoire de la presse en France : XXe-XXIe siècles, Malakoff, Armand Colin, , 406 p. (ISBN 978-2-200-61585-7, lire en ligne).
  • Pierre Limagne, Éphéméride de quatre années tragiques : 1940-1944, t. II : De Stalingrad à Messine, Villeneuve-de-Berg, Éditions de Candide, , 1414 p. (ISBN 2-904-877-27-4, lire en ligne).

Articles connexes


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