Albert F. Mummery

Albert Mummery
Albert Mummery
Biographie
Nationalité Royaume-Uni
Naissance ,
Douvres en Angleterre
Décès (à 39 ans),
Nanga Parbat
Carrière
Disciplines alpinisme
Période active de 1871 à 1895
Compagnons de cordée Alexandre Burgener, John Norman Collie, G. Hastings
Ascensions notables première ascension de l'arête de Zmutt au Cervin, de l'aiguille Verte par le couloir en Y, de l'arête nord et de la traversée nord-sud de l'aiguille du Grépon, du Dykh-Tau, de la dent du Requin
Autres activités sciences économiques

Albert Frederick Mummery, né le à Douvres et mort le au Nanga Parbat, est un alpiniste et écrivain britannique, considéré comme le fondateur de l'alpinisme sportif. Après avoir réalisé de nombreuses premières ascensions dans les Alpes et le Caucase, il meurt emporté par une avalanche lors de la première tentative d'ascension d'un sommet de plus de 8 000 mètres, le Nanga Parbat.

Biographie

Albert Frederick Mummery, né le à Douvres, est le fils de William Rigden Mummery[1], tanneur et maire de Douvres. Son activité de tanneur est suffisamment prospère pour permettre à Albert Mummery de s’intéresser à l'alpinisme et à l'étude de l'économie. Il devient ami avec John A. Hobson. Ils collaborent à The Physiology of Industry (1889), qui théorise un interventionnisme économique pour lutter contre les dépressions liées à un excès d'épargne[2].

Sa carrière alpinistique commence tôt. À quinze ans, Mummery découvre les Alpes en 1871 avec les falaises de Via Mala et les neiges du col Théodule entre Zermatt et Le Breuil. Patiemment, il fait des classes en escalade avec les guides dont Aloys Burgener, frère du guide renommé Alexander Burgener.

En 1879, sa première ascension de l'arête de Zmutt au Cervin scelle l'association avec Alexander Burgener, de 10 ans son aîné. Avec ce dernier, il réussit en 1881 à quelques jours d'intervalle, l'ascension de l'aiguille Verte par le versant de la Charpoua et l'aiguille du Grépon dans les aiguilles de Chamonix.

À la suite d'un différend avec l'Alpine Club qui a rejeté sa candidature, Mummery arrête de grimper en 1882. En 1883, il se marie avec Mary Petherick (en). Ce mariage le ramène progressivement à la montagne. C'est avec son épouse qu'il gravit en 1887 des sommets classiques tels que la Jungfrau et le Cervin. Avec le guide Alexander Burgener et son épouse, il ouvre également une nouvelle voie longue et difficile, l'arête du Diable (Teufelsgrat) au Täschhorn[3].

En 1888 et en 1890, il se rend dans le Caucase pour y effectuer des premières ascensions. Il gravit ainsi le Dykh-Tau. En 1888, il est finalement admis à l'Alpine Club.

À partir de 1892, il décide de pratiquer l'alpinisme sans guides, révolutionnant la pratique de l'alpinisme avec ses compagnons, William Cecil Slingsby et John Norman Collie. C'est ainsi qu'il gravit notamment le Grépon en 1892 et l'aiguille du Plan en 1893. Il considère avant tout la beauté de la voie empruntée et sa difficulté, sentiment qui l'amène à gravir le Cervin par des variantes plus difficiles que la voie principale, qu'il considérait comme trop facile.

En 1895, il décide de faire une expédition au Nanga Parbat[4] qui se situait dans l'État princier de Jammu et Cachemire et qui fait partie actuellement du Pakistan. Leur expédition légère et innovante pour l'époque est la première tentative d'ascension d'un sommet de plus de 8 000 mètres. Elle est composée de John Norman Collie, Geoffrey Hastings, Albert Mummery et deux porteurs Gurkhas, Ragobir et Goman Singh[5].

Il disparaît le avec les deux porteurs, emporté par une avalanche alors qu'il fait une reconnaissance de la face Rakhiot. Les corps n'ont jamais été retrouvés[5]. La première ascension du Nanga Parbat est finalement réussie par Hermann Buhl en 1953, après 31 décès dans des tentatives d'ascension. Hermann Buhl considère Albert Mummery comme l'un des plus grands alpinistes de tous les temps[6].

Il raconte les exploits de ses grandes premières dans un livre fameux, Mes escalades dans les Alpes et le Caucase (1895) où il s'exprime parfois avec humour quant à l'alpinisme de son époque.

Premières ascensions

  • 1879 - L'arête de Zmutt au Cervin avec Alexander Burgener, Johann Petrus et Augustin Gentinetta, le 3 septembre[7]
  • 1880 - Traversée du col du Lion de Zermatt à Breuil avec Alexandre Burgener, le 6 juillet
  • 1880 - Les Grands Charmoz, arête faîtière, avec Alexandre Burgener et B. Venetz
  • 1881 - Versant Charpoua de l'aiguille Verte par le couloir en Y avec Alexandre Burgener, le 30 juillet
  • 1881 - Aiguille du Grépon par l'arête nord avec Alexandre Burgener et Benedikt Venetz, le 5 août
  • 1887 - Arête ouest-sud-ouest (arête du Diable) au Täschhorn avec sa femme Mary Petherick-Mummery (en), Alexandre Burgener et Franz Andermatten, le 16 juillet
  • 1888 - Arête sud-ouest du Dykh-Tau dans le Caucase avec le guide Heinrich Zurfluh, le 24 juillet
  • 1892 - Première traversée nord-sud de l'aiguille du Grépon avec John Norman Collie, G. Hastings et G. Pasteur, le 18 août
  • 1893 - Versant sud-ouest de l'aiguille du Plan avec G. Hastings, John Norman Collie et W.C. Slingsby, le 7 août
  • 1893 - La dent du Requin avec G. Hastings, John Norman Collie et W.C. Slinsby, le 25 juillet
  • 1894 - Le Col des Courtes avec G. Hastings et John Norman Collie, le 3 août

Bibliographie

  • Mes escalades dans les Alpes et le Caucase (My climbs in the Alps and Caucasus), 1895 (France, 1903) ; ce livre a eu une grande influence sur la littérature alpine d'avant-guerre. Le chapitre V du livre qui raconte l'ascension de l'arête du Diable (Teufelsgrat) au Täschhorn a été rédigé par sa femme à la demande de Mummery. Elle y décrit non seulement l'expédition, mais critique également le sexisme qui prévalait alors dans le milieu de l'alpinisme.
  • Le Roi du rocher (version abrégée de Mes escalades dans les Alpes et le Caucase), éd. Hoëbeke, Paris 1995.
  • Physiologie de l'industrie, A. F. Mummery, J. A. Hobson, éd. John Murray, Londres, 1889.

Références culturelles

L'Invention du vide, album de bande dessinée de Nicolas Debon publié en 2012 par Dargaud, relate l'ascension de l'aiguille du Grépon par Mummery, Alexandre Burgener et Benedikt Venetz en 1881[8].

Postérité

La mémoire de Mummery est encore vivace via l'aiguille Mummery (3 700 m) dans le massif du Mont-Blanc, le glacier Mummery en Colombie-Britannique et la fissure Mummery à l'aiguille du Grépon[9].

En 1992, Chris Bonnington a réinterprété l'ascension de Mummery au Grépon pour les caméras de la BBC[9].

Notes et références

  1. Mummery, Albert Frederick dans le Dictionary of National Biography, 1901 supplement sur wikisource
  2. M. Bleaney, « Mummery, Albert Frederick », The New Palgrave Dictionary of Economics, éditions Eatwell et al, 1998
  3. Sylvain Jouty, « Mummery, le pionnier », Alpinisme & randonnée, no 191,‎ , p. 54-59
  4. Jules Rouch, Époque contemporaine, tome IV de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 126
  5. John Norman Collie, From the Himalaya to Skye
  6. (it) Hermann Buhl, È buio sul ghiacciaio, con i diari alle spedizioni al Nanga Parbat, al Broad Peak e al Chogolisa, a cura di Kurt Diemberger, Corbaccio, 2007 (ISBN 978-88-7972-871-3), p. 243, 261
  7. Sylvain Jouty et Hubert Odier, Dictionnaire de la montagne, Arthaud
  8. « L'Invention du vide », sur Dargaud.com (consulté en )
  9. (en) Tim Harris, Players : 250 men, women and animals who created modern sport, Londres, Vintage digital, (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • A. F. Mummery, Mes escalades dans les Alpes et le Caucase, Londres, traduit de l'anglais par Maurice Paillon, 1903 [lire en ligne]
  • (en) J. Norman Collie, Climbing on the Himalaya and other Mountain Ranges, Edimbourg, D. Douglas, 1902 [lire en ligne]
  • Daniel Grévoz, Alfred Frederick Mummery, la montagne au cœur, éditions du Belvédère, Pontarlier, 2016
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