Al-Yamâma

Al-Yamâma (en arabe : الْيَمَامَةُ), ou Al-Yamamah, est une ville d'Arabie saoudite située dans le gouvernorat d'Al Khardj dans la province de Riyadh. C'est aussi le nom d'une ancienne région, englobant la ville contemporaine, et située à l'est du plateau du Nedjd.

Géographie

Al-Yamâma est ville située dans le gouvernorat d'Al Khardj dans la province de Riyadh[1]. La ville est localisée dans la région du Nejd.

En 1980, sa population est estimée à 50 000 habitants[1].

Histoire

Lors de la période pré-islamique, Al-Yamâma désigne une vaste région du Nedjd dont la ville de Hadjr (en), proche de la future Riyadh, est la principale ville[1]. La région est peuplée de membres de la tribu Banu Hanifa qui arrivent du Hedjaz vers le début du VIIe siècle[2].

L'économie de la région est basée sur l'agriculture, avec des cultures des dattes et des céréales (blé et orge)[3]. Le massif montagneux voisin du djebel Tuwaiq abrite aussi de nombreuses mines (or, argent, antimoine, sel) dont l'exploitation enrichit les populations[3]. Les habitants conduisent les caravanes perses qui voyagent entre le Yémen et l'Iraq sassanide[2].

Une délégation de membres de la tribu, dont Musaylima al-Hanafi, se rend à Médine pour rencontrer Mahomet, le prophète de l'islam. À leur retour de Médine, Musaylima renonce à l'islam et se déclare lui aussi prophète. Les membres de la tribu sont autorisés à boire de l'alcool et à ne pas prier[1]. Conséquence de ce soutien à un prophète concurrent, la sîra de Mahomet, une biographie de ce dernier, décrit les habitants d'al-Yamâma comme des bédouins simplets[4].

À la mort de Mahomet en 632, les troupes musulmanes du calife Abou Bakr As-Siddiq se lancent dans les « guerres d'apostasie » contre certaines tribus arabes qui n'acceptent pas le nouveau calife, refusent de lui payer un impôt et suivent d'autres chefs religieux[5]. Les troupes attaquent la région et tuent Musaylima en lors d'une bataille[1].

En 865, Ismaïl al-Ukhaïdhir, de la tribu des Banu al-Ukhaïdhir, prend le contrôle d'une partie du Hedjaz, dont La Mecque. Il meurt en 866 et son frère, Mohammed al-Ukhaïdhir (né en 825 ou 826), lui succède à la tête de la tribu. Toutefois, le calife abbasside Al-Mutazz envoie des soldats de l'Ushrusaniyya (en) les déloger de La Mecque et les Al-Ukhaïdhir s'enfuient vers Al-Yamâma où ils s'établissent et fondent un émirat. Le siège de l'émirat est dans la ville d'al-Khidhrima[6]. Cet exil est aussi lié à l'épuisement des mines de la région et la baisse de l'activité commerciale qui en découle[3].

Lors d'un de ses voyages, Nasir e Khosraw visite la région d'Al-Yamama en 1051. Il décrit les habitants de l'émirat comme des chiites zaydistes. Cette assertion est étonnante car les autres zaydistes s'intéressent peu à eux et qu'il ne semble pas y avoir de séminaire zaydiste à Al-Yamama[6]. Khosraw note aussi que la dynastie peut compter sur 300 à 400 cavaliers pour sa défense[6].

La tribu des al-Ukhaïdhir perd le contrôle de la région vers le XIe siècle, probablement remplacée par les Banu Kilab (en)[6].

Le siège de la cour royale d'Arabie saoudite à Riyad, porte le nom de palais d'Al-Yamamah.

À l'époque contemporaine, Al-Yamâma est une ville de la banlieue d'Al Khardj.

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) G. R. Smith, Encyclopedia of Islam : al-Yamāma, Éditions Brill, (DOI 10.1163/1573-3912_islam_SIM_7976, lire en ligne).
  2. (en) William Montgomery Watt, Encyclopedia of Islam : Ḥanīfa b. Lud̲j̲aym, Éditions Brill, (DOI 10.1163/1573-3912_islam_SIM_2705, lire en ligne).
  3. (en) Stuart D. Sears, « Al-Yamama in the Early Islamic Era by Abdullah Al-Askar », Review of Middle East Studies, vol. 37, no 2,‎ , p. 243–245 (ISSN 0026-3184, DOI 10.1017/S0026318400045831, S2CID 164243061, lire en ligne).
  4. Mahmoud Hussein, Al-Sîra, Hachette, , p. 337.
  5. Philippe Sénac, Le monde musulman : des origines au XIe siècle, Armand Colin, , p. 32.
  6. (en) Wilferd Madelung (en), Encyclopedia of Islam : al-Uk̲h̲ayḍir, Éditions Brill, (DOI 10.1163/1573-3912_islam_SIM_7693, lire en ligne).

Liens externes

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