Afro-fantasy

L'afro-fantasy (aussi orthographiée afro fantasy, afro fantaisie) est un sous-genre littéraire et artistique de la fantasy qui s’inspire des cultures, mythologies, cosmologies, traditions orales et spiritualités africaines et afro-diasporiques. Il se distingue par la mise en scène d’univers imaginaires enracinés dans des contextes culturels africains, en contraste avec les canons de la fantasy occidentale, souvent dominés par des références médiévales ou européennes.

Définition

L’Afro-fantasy se caractérise par l’intégration d’éléments culturels africains dans des récits relevant du registre fantastique ou merveilleux. Elle comprend des éléments surnaturels, des entités mythiques, des systèmes de magie ou de croyances traditionnelles, ainsi qu’un imaginaire ancré dans des environnements géographiques, sociaux et politiques inspirés de réalités africaines, passées ou fictives.

Ce sous-genre est parfois confondu avec l’afrofuturisme, qui relève plutôt de la science-fiction. L’Afro-fantasy, en revanche, privilégie les récits fondés sur le mythe, la magie et les épopées ancestrales.

Contexte et émergence

L’Afro-fantasy s’inscrit dans une dynamique plus large de réappropriation culturelle et de décolonisation des imaginaires. Elle offre une alternative aux modèles dominants de la fantasy en donnant voix à des récits et des personnages issus de l’Afrique et de ses diasporas. Cette démarche est à la fois esthétique, politique et identitaire, visant à valoriser des savoirs, des cosmogonies et des représentations longtemps marginalisées dans les productions culturelles mondiales.

Le genre s’est développé de manière significative au XXIe siècle, porté par des auteurs issus des diasporas africaines, principalement aux États-Unis, au Royaume-Uni, et de plus en plus sur le continent africain lui-même.

Origines et caractéristiques

L’Afro-fantasy se distingue par sa volonté de centrer les récits autour des cultures africaines ou de leurs diasporas, souvent marginalisées dans les genres de l’imaginaire occidentaux. Elle puise dans des sources diverses telles que la mythologie yoruba, les croyances bantoues, les traditions éthiopiennes ou encore les pratiques spirituelles afro-caribéennes. Nnedi Okorafor, autrice nigériano-américaine, a proposé le terme "Africanjujuism" pour désigner ses œuvres mêlant fantasy et spiritualités africaines[1].

Contrairement à la fantasy classique européenne, l’Afro-fantasy ne repose pas sur les structures médiévales occidentales, mais sur des cosmogonies africaines. Elle propose des récits où le sacré, l’héroïsme et la magie s’ancrent dans des contextes africains authentiques ou réinventés[2].

Œuvres et auteurs emblématiques

Parmi les auteurs majeurs du genre figurent :

  • Nnedi Okorafor, avec Akata Witch (2011) et Who Fears Death (2010), qui mêlent magie, société post-apocalyptique et traditions africaines.
  • Tomi Adeyemi, dont Children of Blood and Bone (2018) s’inspire de la mythologie yoruba pour bâtir un univers fantasy africain[3].
  • Marlon James, avec Black Leopard, Red Wolf (2019), une épopée dense et violente inspirée de contes africains[4].
  • P. Djèlí Clark, qui propose un imaginaire afro-diasporique mêlant steampunk et magie dans The Black God's Drums (2018).

En Afrique francophone, des initiatives comme celles du studio camerounais Kiro'o Games, éditeur du jeu vidéo Aurion : L'Héritage des Kori-Odan, incarnent une approche vidéoludique de l’Afro-fantasy[2].

Autres médias

Cinéma et télévision

Black Panther (2018), réalisé par Ryan Coogler – bien que relevant aussi de l’afrofuturisme, le film incorpore de nombreux éléments relevant de l’afro-fantasy à travers la construction du royaume de Wakanda.

Jeux vidéo

Aurion: Legacy of the Kori-Odan (2016) – RPG camerounais développé par Kiro’o Games, fortement inspiré des cultures d’Afrique centrale.

Bande dessinée

Réception critique et influence

L’Afro-fantasy est saluée pour sa capacité à renouveler le genre de la fantasy en y intégrant des récits issus de traditions souvent ignorées. Elle constitue un vecteur de représentation positive et de valorisation du patrimoine culturel africain. De plus, elle offre aux lecteurs afrodescendants des modèles d’identification dans des univers fantastiques.

Le succès commercial de certaines œuvres, notamment dans la littérature jeunesse, a favorisé l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs et de lecteurs, ainsi qu’un intérêt accru de la part des éditeurs et des plateformes de production audiovisuelle.

Notes et références

  1. Nnedi Okorafor, « Africanfuturism Defined », sur Nnedi’s Wahala Zone Blog, (consulté le ).
  2. G.B. Lumengo, « Les auteurs de fantasy afro : les voix d’une Afrique magique et réinventée », sur Alkebworld, (consulté le ).
  3. Sarah Hughes, « Tomi Adeyemi: ‘We need a black girl fantasy book every month’ », sur The Guardian, (consulté le )
  4. Marlon James, « Black Leopard, Red Wolf Is an African Fantasy Epic for the Ages », sur GQ, (consulté le )

Voir aussi

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