Affaire Cécile Combettes

Affaire Cécile Combettes
Fait reproché Tentative de viol et meurtre
Pays France
Ville Toulouse
Date 15 avril 1847
Nombre de victimes 1 (Cécile Combettes)
Jugement
Statut Affaire jugée
Tribunal Cour d'assises de la Haute-Garonne à Toulouse
Date du jugement 4 avril 1848

L'affaire Cécile Combettes est une affaire criminelle française concernant la tentative de viol, suivie du meurtre d'une jeune fille, Cécile Combettes, à Toulouse, le . Elle prend une certaine importance dans l'opinion publique toulousaine, à cause de la personnalité de l'accusé, un religieux, dans un contexte de poussée de l'anticléricalisme.

Déroulement

Cécile Combettes a 14 ans[1] lorsque son corps est retrouvé le dans le cimetière de Saint-Aubin (emplacement de l'actuelle église Saint-Aubin, no 45 rue Pierre-Paul-Riquet), contre le mur jouxtant le couvent des Frères des écoles chrétiennes de Toulouse (emplacement de l'actuel siège de la Caisse primaire d'assurance maladie Riquet, no 24 rue Pierre-Paul-Riquet). La veille au matin de sa disparition, elle avait livré des corbeilles de livres chez les frères avec son patron, relieur, et une jeune collègue. En repartant, personne ne s’était étonné outre mesure de l’absence de Cécile.

Le relieur est d'abord soupçonné, mais l'enquête met en cause Louis Bonafous, en religion frère Léotade. Le , il est condamné aux travaux forcés à perpétuité pour tentative[N 1],[N 2] de viol et meurtre[N 3] par la cour d'assises de Toulouse[2]. Son pourvoi en Cassation est rejeté. Il meurt au bagne de Toulon deux ans et demi plus tard, le .

L'instruction et le procès sont menés essentiellement à charge, dans un climat anticlérical passionné. Un avocat témoin du procès, Jean Cazeneuve, convaincu de l'innocence du frère, rédige cinq mémoires[3] entre 1848 et 1856 pour sa réhabilitation. Mettant en cause l'impartialité du président du tribunal et l'acharnement de l'avocat général, il fait trois mois d'emprisonnement pour diffamation.

Le véritable coupable est peut-être Jean-Joseph Aspe, en religion frère Ludolphe, également des Écoles chrétiennes et qui était le cuisinier du couvent au moment des faits. Il aurait avoué son forfait au curé de Miglos et ce dernier en mourant en aurait confié le secret à l'évêque de Pamiers. Par la suite, Jean-Joseph Aspe est condamné au bagne, mais pour un autre crime, commis en 1866, sans avoir consenti à se charger du premier forfait. Ainsi, Jean-Joseph Aspe n'ayant pas fait d’aveux publics, Léotade n'est jamais réhabilité[4].

Notes et références

Notes

  1. Bonafous (Louis), en religion frère Léotade, est-il coupable d'avoir, le 15 avril dernier, commis le crime de viol sur la personne de Cécile Combettes ? Non, l'accusé n'est pas coupable.
  2. Ledit Bonafous est-il coupable d'avoir commis, le 15 avril dernier, une tentative de viol sur la personne de Cécile Combettes, laquelle tentative, manifestée par un commencement d'exécution, n'a été suspendue ou n'a manqué sort effet que par des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur ? Oui, l'accusé est coupable à la majorité de plus de 9 voix.
  3. Ledit Bonafous est-il coupable d'avoir, le 15 avril dernier, commis volontairement un homicide sur la personne de Cécile Combettes ? Oui, l'accusé est coupable à la majorité de plus de 9 voix.

Références

  1. « Courrier de Tarn-et-Garonne : journal politique, littéraire, judiciaire, d'annonces et avis divers », sur Gallica, (consulté le ), p. 2
  2. « Affaire Céciles Combettes », Journal de Toulouse : politique et littéraire, 5 avril 1848, p. 2-3 (lire en ligne).
  3. Jean-Michel Cazeneuve, Abrégé de la "Relation historique de la procédure et des débats de la Cour d'assises de la Haute-Garonne dans la cause de Louis Bonafous, frère Léotade...", Toulouse, A. Labouisse-Rochefort, , 332 p. (lire en ligne).
  4. « Pourquoi un prêtre toulonnais a-t-il été condamné au bagne? », sur Var-Matin, (consulté le ).

Sources

  • Le forçat de Dieu par Jean-Pierre Fabre, éd. Presses de la Renaissance, 2002 (ISBN 978-2-85616-852-3).
  • La balance et la croix par Bernard Soulhol, éd. Les Presses du Midi, 2003.
  • Retranscription intégrale du procès dans le Journal de Toulouse - (changer la date dans la barre de navigation pour la suite du procès) pdf

Annexes

Bibliographie

Livres

  • Pierre Bouchardon, L'énigme du cimetière Saint-Aubin (procès du frère Léotade), Paris, Albin Michel, 1926, 316 p.
  • René Charvin, Un crime au couvent, Fleuve noir, coll. « Les drames de l'Histoire », 1992, 183 p., (ISBN 2-265-04679-5).
  • Jean-Pierre Fabre, Le forçat de Dieu, Paris, Presse de la Renaissance, 2002, 213 p., (ISBN 2-85616-852-3).
  • Pascal Gemelli, La chemise 562 ou l'affaire Cécile Combettes, Monaco, éditions du Rocher, coll. « Crimes et châtiments », 1985, 189 p., (ISBN 2-268-00357-4).

Articles

  • Henri Puget, « Du nouveau sur un vieux crime... Le frère Léotade était-il innocent ? », Historia, no 125, .
  • Henri Puget, « Le frère Léotade n'était pas coupable », Historia, no 126, .
  • Roger Merle, « Crime dans un collège toulousain 1. Le frère Léotade était-il coupable », Historia, no 371, , p. 84-91.
  • Roger Merle, « Crime dans un collège toulousain 2. Les procès du frère Léotade », Historia, no 372, , p. 78-83.
  • Gilbert Collard, « Les tests d'ADN auraient sauvé frère Léotade », Historia, no 608, , p. 18-22.

Lien externe

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