Adrienne Lecouvreur

Adrienne Lecouvreur
Charles Antoine Coypel, Portrait d'Adrienne Lecouvreur dans le rôle de Cornélie (1721-1724).

Naissance
Damery (Marne)
France
Décès (à 37 ans)
Paris, France
Nationalité française
Activité principale Actrice
Style
Lieux d'activité Comédie-Française
Années d'activité 1715-1730
Collaborations Voltaire

Adrienne Lecouvreur est une comédienne française née le à Damery, près d'Épernay (Marne), et morte le à Paris.

Biographie

Fille d'une blanchisseuse et d'un ouvrier chapelier - Robert Couvreur, homme violent et alcoolique[1] - Adrienne Couvreur grandit à Fismes où son père exerce, avant de s'installer avec lui à Paris, dans le voisinage de la Comédie-Française[1]. Après avoir été confiée aux Filles de l'instruction chrétienne, elle intègre une petite troupe de comédiens. Elle séduit un officier de la garnison, Philippe Le Roy, avec qui elle a une petite fille, Élisabeth-Adrienne, baptisée le . Elle entretient ensuite une liaison avec François-Joseph de Klinglin, fils du plus haut magistrat de Strasbourg, et futur préteur royal, dont elle aura une fille, Françoise Catherine Ursule.

Adrienne se fait remarquer à ses débuts à la cour de l'hôtel de Sourdéac, rue Garancière à Paris. C'est à cette occasion que le doyen de la Comédie-Française, Le Grand, s'entiche d'elle, lui donne des cours de diction et ajoute un article à son patronyme (Lecouvreur)[2]. Elle entre dans la troupe de la Comédie-Française et y joue pour la première fois dans Mithridate de Jean Racine le . Elle veut jouer Célimène dans Le Misanthrope mais doit y renoncer, le public refusant de la voir dans un rôle de comédie tant elle excelle dans la tragédie. Elle innove dans ce domaine en renonçant à la diction chantante traditionnelle et adopte une déclamation « simple, noble et naturelle[3] ».

Elle enchaîne les amants : elle entretient ainsi des liaisons amoureuses avec le maréchal de Saxe (ce qui lui vaut la haine fatale de sa rivale, la duchesse de Bouillon, épouse d'Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne), Voltaire dont elle interprète plusieurs tragédies, ou encore le chanteur Denis-François Tribou[4].

En 1730, sa santé se délabre ; elle s'évanouit pendant une représentation. Elle fait encore l'effort d'interpréter Jocaste dans l'Œdipe de Voltaire, mais meurt peu après. Le bruit court qu'elle a été empoisonnée à l'instigation de la duchesse de Bouillon. Voltaire demande une autopsie, dont les résultats ne sont pas concluants. Les comédiens étant frappés d'excommunication, l'Église lui refuse un enterrement chrétien. Elle est donc enterrée à la sauvette par des amis du maréchal de Saxe et de Voltaire, dans le marais de la Grenouillère (actuel Champ-de-Mars)[5]. Voltaire, scandalisé, exprime son indignation dans le poème La Mort de Mlle Lecouvreur :

Et dans un champ profane on jette à l'aventure
De ce corps si chéri les restes immortels !
Dieux ! Pourquoi mon pays n'est-il plus la patrie
Et de la gloire et des talents ?

L'une de ses filles épousa le musicien François Francœur (1698-1787)[réf. nécessaire].

Postérité

Littérature

  • Dans Louis XV et sa cour, Alexandre Dumas raconte l'affaire de la duchesse de Bouillon et d'Adrienne Lecouvreur.
  • Dans Candide ou l'Optimisme, Voltaire fait référence à l'enterrement d'Adrienne Lecouvreur (sous le nom de « mademoiselle Monime »).
  • Dans Le Mythe de Sisyphe, Albert Camus fait référence à Adrienne Lecouvreur lorsqu'il évoque l'exemple du comédien comme « homme absurde ». Après avoir expliqué que le comédien, par la multiplication des destins joués grâce à son art, par l'exagération des sentiments et l'importance du temps présent, incarne l'absurdité, Camus rappelle que c'est pour cela que l’Église condamnait les comédiens qui niaient ainsi « tout ce qu'elle enseigne ». C'est alors qu'il évoque Adrienne Lecouvreur qui « sur son lit de mort, voulut bien se confesser et communier, mais refusa d'abjurer sa profession »[6].

Gravure

Théâtre

La fin tragique d'Adrienne Lecouvreur a inspiré à Eugène Scribe et Ernest Legouvé une comédie-drame en cinq actes, Adrienne Lecouvreur[8], créée le 14 avril 1849 au théâtre de la République[9].

Musique

Cinéma

Télévision

Hommages

Le souvenir d'Adrienne Lecouvreur est perpétué par une allée du 7e arrondissement de Paris, une rue du Havre et une avenue de Maisons-Laffitte.

Notes et références

  1. Alexandre Dumas, Louis XV et sa cour, op. cit..
  2. Christiane Marciano-Jacob, Adrienne Lecouvreur : l'excommunication et la gloire, éd. Coprur, , p. 41.
  3. René Pomeau, Voltaire en son temps, t. 1, p. 135.
  4. Arthur Pougin, « Un chanteur de l'Opéra au XVIIIe siècle : Pierre Jélyotte », Le Ménestrel,‎ (lire en ligne).
  5. Marie Laurence Netter, Du Théâtre à la Liberté: Dans les coulisses des Lumières, Armand Colin, 2012.
  6. Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, Paris, Gallimard, coll. « Folio/essais », (réimpr. 2024), 190 p. (ISBN 978-2-07-032288-6), p. 114 - 115
  7. Gravures par Eugène Leguay dans les collections sur le site du Harvard Art Museum.
  8. Adrienne Lecouvreur sur Google Books.
  9. Critique de Gustave Planche publiée dans la Revue des Deux Mondes en 1849.

Voir aussi

Bibliographie

  • Catherine Clément, Adrienne Lecouvreur, ou Le Cœur transporté, Éditions J'ai Lu, 1997 (ISBN 2-277-23957-7)
  • Alexandre Dumas, Louis XV et sa cour, 1866, p. 54 et suivantes sur Google Books
  • Léonor-Jean-Christine Soulas d’Allainval, Mémoires sur Molière et sur Mme Guérin, sa veuve, suivis de Mémoires sur Baron et sur Mlle Lecouvreur, Ponthieu libraire, Paris (1822).
  • Pierre Germain, Adrienne Le Couvreur : tragédienne, Fernand Lanore, Paris, 1983 (OCLC 70715377)
  • Christiane Marciano-Jacob, Adrienne Lecouvreur, l'excommunication et la gloire, Éditions Coprur, 2003 (ISBN 2-84208-111-X) édité erroné (BNF 39063513)

Correspondance

Articles connexes

Liens externes

  • Portail du théâtre
  • Portail du XVIIIe siècle
  • Portail du royaume de France