Abiotrophie cérébelleuse

Abiotrophie cérébelleuse
Présentation
Type

L'abiotrophie cérébelleuse (CA), également dénommée abiotrophie corticale cérébelleuse (CCA), est une maladie neurologique génétique des animaux. Elle affecte plus particulièrement certaines races de chevaux et de chiens. Elle se développe lorsqu'un certain type de neurones, appelés cellules de Purkinje et situés dans le cervelet, commencent à mourir. Ces cellules affectent l'équilibre et la coordination. Elles ont un rôle crucial. La couche de Purkinje permet la communication entre les couches corticales granulaires et moléculaires dans le cervelet. Plus simplement, sans cellules de Purkinje, l'animal perd sa perception de l'espace et de la distance, ce qui rend l'équilibre et la coordination difficiles.

Abiotrophie signifie la perte d'un élément nutritif essentiel. La cause exacte de l’abiotrophie cérébelleuse n'est pas connue, mais elle est vraisemblablement due à un défaut métabolique intrinsèque[1]. Dans la plupart des cas, les cellules de Purkinje commencent à mourir peu de temps après la naissance de l’animal. La maladie apparaît avant six mois, bien que parfois l'apparition des symptômes soit progressive et l'animal beaucoup plus âgé avant que le propriétaire ou le gardien ne puisse déceler un problème. La maladie ne peut être évitée que par la reproduction sélective pour éliminer le gène responsable. Elle ne peut pas être guérie. Le dépistage génétique permet de détecter les animaux porteurs du gène. En plus des chiens et des chevaux, il y a aussi eu des cas d’abiotrophie cérébelleuse chez les chats de gouttière et les siamois ; chez les races de bovins Angus, Hereford, Charolaise et Holstein, les moutons mérinos et Wiltshire, et les porcs Yorkshire.

Terminologie

Chez les Terriers Kerry Blue, elle est parfois appelée abiotrophie neuronale progressive (ANP). Les autres termes utilisés pour décrire l'état chez les chiens sont atrophie cérébelleuse corticale et dégénérescence corticale cérébelleuse postnatale[2].

L’abiotrophie cérébelleuse chez le cheval a d'abord été considérée comme une forme d'hypoplasie cérébelleuse et a été décrite comme telle dans la littérature scientifique ancienne. Toutefois, on a découvert chez les chevaux que la mort des cellules de Purkinje apparaissait après la naissance de l’animal, plutôt qu'in utero. L’hypoplasie cérébelleuse est particulièrement fréquente chez les chats et présente des symptômes similaires.

Il existe d'autres maladies qui conduisent à la dégénérescence cérébelleuse, mais la perte de cellules de Purkinje est un moyen évident pour diagnostiquer la CA, et la combinaison des symptômes est suffisamment caractéristique pour que l'AC puisse être facilement diagnostiquée, même chez un animal vivant.

Symptômes

Les symptômes de l’abiotrophie cérébelleuse comprennent une ataxie ou un manque d'équilibre, un tremblement de la tête (tremblement intentionnel - chez le chien, des tremblements corporels se produisent aussi), une hyper-réactivité, l'absence de réflexe de menace et une allure raide ou élevant les jambes, une position large et maladroite des jambes, des balancements grossiers ou saccadés de la tête quand l'animal est en mouvement (ou chez les animaux très jeunes, lorsqu’ils tentent de téter), le manque apparent de prise de conscience de l'endroit où se trouvent les pieds (parfois, l’animal essaye de marcher avec un pied replié ou demeure debout), une faible perception de la profondeur et plus généralement de l’espace et des distances. Les symptômes, pris globalement, sont caractéristiques et ne sont pas propres à une autre maladie, bien que certains types de lésions neurologiques et infections doivent en être exclus [3].

Le diagnostic ne peut être confirmé en laboratoire que par l’examen post-mortem du cerveau afin de déterminer s’il y a eu une perte de cellules de Purkinje. La plupart des animaux atteints ont une intelligence normale et des animaux légèrement affectés peuvent, en théorie, avoir une espérance de vie normale. Toutefois, les animaux touchés sont très sujets aux accidents, et pour cette raison, beaucoup d'animaux qui développent des AC, notamment les chevaux, sont euthanasiés pour des raisons humanitaires. Les chevaux peuvent éprouver des difficultés à augmenter le pas et marcher sur des objets, se heurter aux barrières, chuter facilement, et même si on leur permet pleinement grandir, ils sont généralement considérés comme dangereux pour l'équitation.

Les chiens peuvent avoir besoin d’aide à vie pour effectuer certaines tâches, comme monter des escaliers. Chez les chevaux, les symptômes peuvent s’aggraver jusqu'à six à douze mois après la date de leur apparition mais s’ils ne sont pas assez graves pour nécessiter une euthanasie, ils se stabilisent avec le temps. Chez certaines races de chiens, les symptômes tendent à s’aggraver progressivement mais la recherche n’est pas cohérente sur ce point. Il est également prouvé que les animaux touchés compensent partiellement leur état par l’apprentissage cognitif via d’autres méthodes pour se déplacer ou pour apprécier les distances, et donnent ainsi l’impression de progresser parce qu’ils deviennent moins sujets aux accidents.

Abiotrophie cérébelleuse chez les chevaux

L’abiotrophie cérébelleuse (AC) est surtout connue comme une maladie affectant les chevaux arabes[4],[5].

Elle a également été observée chez le cheval miniature[6], le Gotland, l'Eriskay, ainsi que chez l'Oldenbourg. La plupart des poulains paraissent normaux à la naissance, les symptômes devenant visibles en moyenne à l’âge de quatre mois, bien qu'il y ait eu des cas où la maladie se soit manifestée peu après la naissance (voire intra-utero[7]>) et d'autres cas où les symptômes apparaissent chez les chevaux après leur première année[8].

Chez les chevaux, l'AC est censée être liée à un gène récessif autosomique. Cela signifie qu'elle n'est pas liée au sexe, et que l'allèle doit être porté et transmis par les deux parents pour qu'un animal soit atteint à sa naissance. Les chevaux qui portent une seule copie du gène peuvent le transmettre à leur descendance, mais eux-mêmes sont en parfaite santé, sans symptômes de la maladie. Parce qu'il est récessif, l'allèle de la CA peut passer plusieurs générations avant de se manifester. L'AC est parfois mal diagnostiquée. Bien que les symptômes soient tout à fait distincts des autres affections neurologiques, elle a été confondue avec le syndrome de Wobbler, le Protozoaire Myeloencephalitis Équin (EPM) et les blessures liées à des problèmes, par exemple une commotion cérébrale.

Un test ADN qui identifie les marqueurs associés à l’abiotrophie cérébelleuse est disponible[9]. Le test a été affiné pour identifier les mutations les plus probables puis un test de ces mêmes échantillons via un marqueur indirect développé par UCD montre un taux d'exactitude de 97 % pour la nouvelle version par rapport à l'ancien, et sans faux négatifs. La poursuite des recherches se fait au laboratoire de génétique vétérinaire de l'UC Davis School of Veterinary Medicine. Parmi les chercheurs qui travaillent sur ce problème, le Dr Cecilia Penedo et Leah Brault. La regrettée Dr Ann Bowling a également fait d'importantes contributions à la recherche génétique sur l'AC.

Abiotrophie cérébelleuse chez le chien

L'AC a été détectée chez l'Australian Kelpie, le Setter Gordon, le border collie, le Labrador retriever, l'Airedale, le Pointer anglais, le Terrier écossais[10],[11], le Terrier Kerry Blue, le Schnauzer nain, et d’autres races de chiens[12],[13]. Le délai d'apparition des symptômes est variable. Chez quelques races comme le Beagle, le Colley à poil long et le Caniche, les cellules de Purkinje commencent à mourir à la naissance ou peu de temps avant, et les chiots naissent avec ces symptômes ou les développent avant leur quatrième semaine[14]. La plupart des races sujettes à la maladie comme le Terrier Kerry Blue, le Border Collie, l'Australian Kelpie et le Labrador Retriever, commencent à montrer des symptômes entre six et seize semaines[14]. Chez quelques races, comme l'American Staffordshire Terrier, le Bobtail, l'épagneul breton, et le Setter Gordon, les symptômes n'apparaissent pas avant l'âge adulte, voire l'âge mûr[15].

Annexes

Liens externes

Liens externes vidéos

Bibliographie

  • [Baird et Mackenzie 1974] (en) J. D. Baird et C. D. Mackenzie, « Cerebellar hypoplasia and degeneration in part-Arab horses », Australian Veterinary Journal, vol. 50, no 1,‎ , p. 25–28 (ISSN 0005-0423 et 1751-0813, PMID 4819469, DOI 10.1111/j.1751-0813.1974.tb09367.x, lire en ligne, consulté le )
  • G. Barone, P. Foureman et A. deLahunta, « Adult-onset cerebellar cortical abiotrophy and retinal degeneration in a domestic shorthair cat », J Am Anim Hosp Assoc, vol. 38, no 1,‎ , p. 51-4 (PMID 11804315, lire en ligne)
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  • [DeBowes, Leipol et Turner-Beatty 1987] Richard M. DeBowes, Horst W. Leipold et Margret Turner-Beatty, « Cerebellar Abiotrophy », Veterinary Clinics of North America: Equine Practice, neurologic Diseases, vol. 3, no 2,‎ , p. 345–352 (ISSN 0749-0739, PMID 3497695, DOI 10.1016/S0749-0739(17)30677-6, lire en ligne, consulté le )
  • [De Lahunta 1983] Alexander De Lahunta, Veterinary neuroanatomy and clinical neurology, Philadelphie, W.B. Saunders, , 2e éd. (ISBN 978-0-7216-3029-8)
  • [De Lahunta 1990] A. de Lahunta, « Abiotrophy in domestic animals: a review », Canadian Journal of Veterinary Research = Revue Canadienne De Recherche Veterinaire, vol. 54, no 1,‎ , p. 65–76 (ISSN 0830-9000, PMID 2407332, PMCID 1255608, lire en ligne, consulté le )
  • [MacKay 2005] (en) Robert J. MacKay, « Neurologic Disorders of Neonatal Foals » [« Troubles neurologiques de poulains nouveau-nés »], Veterinary Clinics: Equine Practice, vol. 21, no 2,‎ , p. 387–406 (ISSN 0749-0739 et 1558-4224, PMID 16051055, DOI 10.1016/j.cveq.2005.04.006, lire en ligne, consulté le )
  • [Palmer et al. 1973] A. C. Palmer, W. F. Blakemore, W. R. Cook et H. Platt, « Cerebellar hypoplasia and degeneration in the young Arab horse: clinical and neuropathological features », The Veterinary Record, vol. 93, no 3,‎ , p. 62–66 (ISSN 0042-4900, PMID 4748678, DOI 10.1136/vr.93.3.62, lire en ligne, consulté le )
  • [Summers, Cummings et DeLahunta 1995] Brian Alan Summers, John F. Cummings et Alexander DeLahunta, Veterinary neuropathology, St. Louis, Mosby, (ISBN 978-0-8016-5063-5)
  • (en) « Cerebellar abiotrophy », Journal of Equine Veterinary Science, vol. 25, no 10,‎ , p. 452 (DOI 10.1016/j.jevs.2005.09.010, lire en ligne, consulté le )


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Notes et références

  1. (en) J. R. Sandy, R. F. Slocombe, R. W. Mitten et D. Jedwab, « Cerebellar Abiotrophy in a Family of Border Collie Dogs », Veterinary Pathology, vol. 39, no 6,‎ , p. 736–738 (ISSN 0300-9858 et 1544-2217, DOI 10.1354/vp.39-6-736, lire en ligne, consulté le )
  2. Aitken, Sarah "Listing de maladies héréditaires chez les animaux; Disorder: cérébelleuse abiotrophy», Université de Sydney. Site Web consulté mars 26, 2007
  3. CA - Cerebellar Abiotrophy - affected arabian horse filly - YouTube (El Acrisi en Suisse, 2010)
  4. E. Y. Scott, K. D. Woolard, C. J. Finno et M. C. T. Penedo, « Variation in MUTYH expression in Arabian horses with Cerebellar Abiotrophy », Brain Research, vol. 1678,‎ , p. 330–336 (ISSN 1872-6240, PMID 29103988, PMCID 5905334, DOI 10.1016/j.brainres.2017.10.034, lire en ligne, consulté le )
  5. DeBowes, Leipold et Turner-Beatty 1987.
  6. (en) J. Fox, R. Duncan, P. Friday et B. Klein, « Cerebello-Olivary and Lateral (Accessory) Cuneate Degeneration in a Juvenile American Miniature Horse », Veterinary Pathology, vol. 37, no 3,‎ , p. 271–274 (ISSN 0300-9858 et 1544-2217, PMID 10810993, DOI 10.1354/vp.37-3-271, lire en ligne, consulté le )
  7. R. O. Waelchli et F. Ehrensperger, « Two related cases of cerebellar abnormality in equine fetuses associated with hydrops of fetal membranes » [« Deux cas d'anomalie cérébelleuse liée chez les fœtus équins associés à des membranes d'anasarque fœtale »], The Veterinary Record, vol. 123, no 20,‎ , p. 513–514 (ISSN 0042-4900, PMID 3206793, DOI 10.1136/vr.123.20.513, lire en ligne, consulté le ).
  8. Cerebellar Abiotrophy Fact sheet, UC Davis Veterinary Genetics Laboratory
  9. Johnson, Robert S. "test permet Arabian Breeders pour rechercher des troubles neurologiques héréditaires" L'édition en ligne Horse, septembre 23 2008, article # 12746. Consulté le 23 septembre, 2008
  10. CA in Scottish Terrier "Wobbly Scotties:« Information sur le CA à Scottish Terrier
  11. Information sur le CA dju Scottish Terrier, Scottish Terrier Club of America information sur CA
  12. Canine Inherited Disorders Database | University of Prince Edward Island
  13. Breeder's Resource Center Informations générales sur la génétique, stratégies de reproduction, lutte contre les maladies et la diversité. Assez d'articles sur les chiens, mais qui sont pertinentes à d'autres espèces
  14. Une b Berry M, Blas-Machado U (2003). "Abiotrophy cérébelleuse chez un schnauzer miniature". Can. Vet. J. 44 (8): 657-9. PMID 13677598.
  15. Buijtels J, Kroeze E, G Voorhout, Schellens C, van Nes J (2006). "[Dégénérescence cérébelleuse corticale dans un Staffordshire terrier américain]». Tijdschrift voor diergeneeskunde 131 (14-15): 518-22. PMID 16916197.
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