Abbaye d'Hauterive

Abbaye d'Hauterive
Vue de l'abbaye
Diocèse Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg
Patronage Sainte-Marie
Numéro d'ordre (selon Janauschek) CXXIII (123)[1]
Fondation 25 février 1138
Dissolution 1848-1939
Abbaye-mère Abbaye de Cherlieu
Lignée de Abbaye de Clairvaux
Abbayes-filles 472 - Kappel (1185-1527)
Congrégation Cisterciens
Coordonnées 46° 45′ 51″ N, 7° 07′ 05″ E[2]
Pays Suisse
Royaume Bourgogne transjurane
Canton Fribourg
District Sarine
Commune Hauterive
Site http://www.abbaye-hauterive.ch
Géolocalisation sur la carte : canton de Fribourg
Géolocalisation sur la carte : Suisse

L'abbaye d'Hauterive est une abbaye cistercienne fondée en 1138 par Guillaume, seigneur de Glâne, à Hauterive, aujourd'hui en Suisse dans le district de la Sarine du canton de Fribourg[3]. C'est la plus ancienne abbaye cistercienne de Suisse romande qui soit encore vivante[4],[5]. Les trois autres abbayes sont celles de la Maigrauge fondée en 1255[6], de la Fille-Dieu fondée vers 1239-1240[7] et des cisterciennes-bernardines de Sierre fondée en 1935[8].

Histoire

Fondation

L'abbaye d'Hauterive (« Altaripa » : la haute rive) est fondée par Guillaume de Glâne, seigneur de Villars-sur-Glâne et d'Arconciel, avec l'accord de l'évêque de Lausanne (1137). Une pancarte, datée de 1139, énumère les donations faites par le seigneur Dominus Wilhelmus de Glana, avec le consentement du comte de Genève, Amédée Ier, et souscrites par Guillaume de Glâne, Thorin et Jorran de Gruyère et Raoul/Rodolphe de Ponte[9].

Entre 1131 et 1137, Guillaume de Glâne fait venir des religieux de l'abbaye de Cherlieu à qui il offre les terrains nécessaires. À cet effet, il fait démolir son château et réemploie les matériaux pour la construction de l'abbaye où il mourra en ou 1143 en qualité de frère convers et sera inhumé dans le chœur.

Les moines en provenance de l'abbaye de Cherlieu vont s'installer pendant une vingtaine d'années aux abords du site qui verra s'élever l'abbaye. Entre 1150 et 1160, l'église, le cloître et les bâtiments communautaires sont érigés avec le bois de la proche forêt. Un siècle plus tard, le mur d'enceinte, la chapelle des hôtes, le moulin et la ferme[10] sont construits. Sous la direction de l'abbé Pierre Dives le cloître, une partie des bâtiments et l'église sont reconstruits en pierre entre 1310 et 1330 par une trentaine de tailleurs venus du chantier de la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg[11].

Les terres de l'abbaye provenant de l'héritage de Guillaume de Glâne, celle-ci sera, dans ses premières années, en conflit avec les comtes de Gruyère. En effet, un des membres de cette famille, en l'occurrence Rodolphe Ier de Gruyère, avait épousé la sœur de Guillaume et hérité d'une partie des biens de ce dernier. L'abbaye n'aura de cesse de réclamer ces biens qu'elle obtiendra en partie[12].

L'église abbatiale, consacrée en présence de l'évêque Guido de Maligny, date du XIIe siècle et le cloître est gothique.

Ses armoiries sont : « parti, au premier de sable à la bande échiquetée de gueules et d'argent (qui est de Bernard de Clairvaux) ; au deuxième de gueules semé de croisettes d’argent au lion d'or brochant (qui est de Guillaume de Glâne) »[13].

L'abbaye possédera des maisons à Fribourg dès 1180 ainsi que la seigneurie d'Ecuvillens (siège supposé des seigneurs de Glâne) avec les terres, dîmes et cens dès sa fondation. Elle saura s'allier la protection de Berthold IV de Zähringen puis de Hartmann V de Kibourg, en remplacement d'Hugues III de Chalon.

L'abbaye d'Hauterive n'aura qu'une seule « fille » qui est l'abbaye de Kappel am Albis, fondée en 1185.

Fermeture

Elle fut fermée en 1848 par décision du gouvernement radical fribourgeois, à la suite de la guerre du Sonderbund. Les locaux furent utilisés comme école d'agriculture, puis comme école normale où enseigna notamment l'abbé Bovet.

Retour des moines

Une communauté cistercienne venue de l'abbaye autrichienne de Wettingen-Mehrerau, et dirigée par le R.P. Kleiner, y reprit la vie monastique en 1939. Actuellement, la liturgie est chantée en partie en latin (empruntant au répertoire du chant grégorien cistercien traditionnel), et en partie en français (selon une harmonisation étroitement inspirée du plain chant).

Dix-huit moines cisterciens vivent à l'abbaye d'Hauterive.

Architecture et description

Orgues

Depuis le XIVe siècle les orgues sont utilisées dans les abbayes cisterciennes pour soutenir le chant de l'office divin. Ainsi en fut-il aussi à Hauterive. Au XVIIe siècle, l'abbaye possédait même deux orgues.

Au XIXe siècle, le facteur d'orgues Aloys Mooser (1770-1839) y créa un instrument d'une sonorité exceptionnelle, à une époque où l'église était utilisée à d'autres fins que monastiques[14].

En 1954, pour des raisons de gestion du patrimoine culturel, les orgues furent transférées à l'église Saint-Michel de Fribourg.

Un petit orgue[15] le remplaça à partir de 1957, mais il s'avéra inadapté au renouveau liturgique et musical qui suivit le concile Vatican II ; les moines se mirent donc à la recherche d'un nouvel instrument. Construit par la manufacture Kuhn SA, il a été béni et inauguré le [16].

Filiation et dépendance

Hauterive est fille de l'abbaye de Cherlieu et mère de Kappel.

Liste des anciens abbés

Les abbés du XIIe siècle à 1849

Liste non complète

  • 1139 : Etienne[17]
  • 1142/1143 - 1157 : Girard[18],[19]
  • après 1157 - avant 1162 : Richard[20]
  • avant 1162 : Guillaume[21]
  • 1162 : Ponce[22]
  • après 1162 - avant 1172 : Astralabe[22],[23]
  • après 1162 - avant 1172 : Hugues de Port[22]
  • après 1162, ... - avant 1172 : Ulrich de Matran[24]
  • 1172 - 1179 : Guillaume le Provincial[25]
  • 1181/1182 - après 1188 : Hugues de Corbières[25]
  • 1190 - 1200 : Guillaume de la Roche[26]
  • 1201 - 1229 : Jean de Releport[27]
  • 1230 - 1233/1234 : Hugues de Yeguestorf[28]
  • 1234, ... - 1241/1242 : Ulrich de Prunio[29]
  • 1242 - 1248 : Henricus de Pruuino[30]
  • 1251 - 1257 : Pierre de Gruyère[31]
    fils du comte Rodolphe II de Gruyère
  • 1258 - 1268 : Wibert de Fribourg[32]
  • 1268? - 1295? : Guy de Cherlieu[33]
  • 1296 - 1300/1301 : Hugues[34]
  • 1309 - 1318/1319 : Ulrich de Lausanne[35]
  • 1320 - 1328 : Pierre Dives[36],[37]
  • 1330 - 1336/1337 : Aymon de Dompierre[38]
  • 1337 - 1347 : Albert de Prez[39]
  • 1348 - 1355/1356 : Jacques de Corpataux[40]
  • 1357/1358 - 1368 : Rodolphe de Blonay[41],[42]
  • 1370 - 1391/1392 : Nicolas de Bertigny[43]
  • 1393? : Jean d'Avry[43]
  • 1393 - 1394? : Jean Grosset[44]
  • 1394 - 1404 : Conon de Treyvaux[45],[46]
  • 1404 - 1449 : Pierre d'Affry/Avrie[47],[48]
  • 1449 - 1472 : Pierre Masaleir[49]
  • 1472 - 1488 : Jean Philibert[50]
  • 1488 - 1500 : Jean Renauld[51]
  • 1500 - 1511 : Jean Speglin[52],[53]
  • 1511 - 1519 : Jean Taverney[54]
  • 1519 : Rolet Fruyo[55]
  • 1519 - 1535 : Jean Schiely[56]
  • 1535 - 1559 : Jean Gribolet[57]
  • 1559 - 1568 : Jean Berner[58]
  • 1569 - 1578 : Jacques Mullibach[59]
  • 1578 - 1604 : Antoine Gribolet[60]
  • 1604 - 1609 : Pierre Python[61]
  • 1609 - 1614 : Antoine Dupasquier[62],[63]
  • 1614 - 1616 : Pierre Deytard[64]
  • 1616 - 1640 : Guillaume Moënnat[65],[66]
  • 1640 - 1659 : Clément Dumont[67]
  • 1659 - 1670 : Dominique Buman[68]
  • 1670 - 1700 : Candide Fivaz[69]
  • 1700 - 1703 : Antoine de Reynold[70],[71]
  • 1703 - 1715 : Clément Morat[72]
  • 1715 - 1742 : Henri de Fivaz[73]
  • 1742 - 1754 : Constantin de Maillardoz[74]
  • 1754 - 1761 : Emmanuel Thumbé[75]
  • 1761 - 1795 : Bernard-Emmanuel de Lenzbourg[76],[77]
  • 1795 - 1812 : Robert Gendre[78],[79]
  • 1812 - 1831 : Jean-Joseph Girard[80]
  • 1831 - 1849 : Aloys Dosson[81]

Abbés (1939 à nos jours)

premier prieur de la communauté restaurée
nommé Abbé Général de l'Ordre Cistercien à Rome le ).

Notes et références

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 143.
  2. « Hauterive », sur cistercensi.info, Ordre cistercien (consulté le ).
  3. « Histoire de l'abbaye d'Hauterive »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur www.abbaye-hauterive.ch (consulté le ).
  4. « Liste des communautés masculines en Suisse », sur kath.ch (consulté le ).
  5. « Liste des communautés féminines en Suisse », sur kath.ch (consulté le ).
  6. « Histoire de l'abbaye de Maigrauge », sur maigrauge.ch (consulté le ).
  7. « Histoire de l'abbaye Notre Dame, Fille-Dieu », sur fille-dieu.ch (consulté le ).
  8. « Histoire des cisterciennes-bernardines de Sierre »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur kath.ch (consulté le ).
  9. Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 86, REG n°298.
  10. Nommée en premier lieu « Combes » elle prendra le nom de Grangeneuve en 1263
  11. Vivre au monastère Hauterive
  12. Mémoires et documents, volume 10
  13. L'Abbaye de la Maigrauge, page 30 [1] et A-F, page 67 [2]
  14. « Abbaye Hauterive, anciens orgues, Posieux FR », sur Catalogue des orgues de Suisse (consulté le ).
  15. « Abbaye d'Hauterive, orgue 1957, Posieux FR », sur Catalogue des orgues de Suisse (consulté le ).
  16. « Abbaye d'Hauterive, orgue 2011, Posieux FR », sur Catalogue des orgues de Suisse (consulté le ).
  17. Renard 1982, p. 199.
  18. Renard 1982, p. 199 - 200.
  19. Ernst Tremp (trad. Florence Piguet), « Girard » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  20. Renard 1982, p. 200.
  21. Renard 1982, p. 200 - 201.
  22. Renard 1982, p. 201.
  23. Ernst Tremp (trad. Pierre-G. Martin), « Girard » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  24. Renard 1982, p. 201 - 202.
  25. Renard 1982, p. 202.
  26. Renard 1982, p. 203.
  27. Renard 1982, p. 203 - 204.
  28. Renard 1982, p. 204.
  29. Renard 1982, p. 204 - 205.
  30. Renard 1982, p. 205 - 206.
  31. Renard 1982, p. 206.
  32. Renard 1982, p. 206 - 207.
  33. Renard 1982, p. 207.
  34. Renard 1982, p. 207 - 208.
  35. Renard 1982, p. 208.
  36. Renard 1982, p. 208 - 209.
  37. Ernst Tremp (trad. André Naon), « Pierre Dives » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  38. Renard 1982, p. 209.
  39. Renard 1982, p. 209 - 210.
  40. Renard 1982, p. 210.
  41. Renard 1982, p. 210 - 211.
  42. Kathrin Utz Tremp (trad. André Naon), « Rodolphe de Blonay » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  43. Renard 1982, p. 211.
  44. Renard 1982, p. 212.
  45. Renard 1982, p. 212 - 213.
  46. David Blanck (trad. Danièle Vuilleumier), « Conon de Treyvaux » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  47. Renard 1982, p. 213 - 214.
  48. Ernst Tremp (trad. Thérèse Forbes-Jaeger), « Pierre d'Affry » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  49. Renard 1982, p. 214 - 215.
  50. Renard 1982, p. 215 - 216.
  51. Renard 1982, p. 216 - 217.
  52. Renard 1982, p. 217 - 219.
  53. Kathrin Utz Tremp (trad. Monique Baud-Wartmann), « Johann Speglin » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  54. Renard 1982, p. 219 - 220.
  55. Renard 1982, p. 220.
  56. Renard 1982, p. 220 - 221.
  57. Renard 1982, p. 221 - 222.
  58. Renard 1982, p. 222 - 223.
  59. Renard 1982, p. 223.
  60. Renard 1982, p. 223 - 224.
  61. Renard 1982, p. 224 - 225.
  62. Renard 1982, p. 225 - 227.
  63. Pierre Surchat (trad. Florence Piguet), « Anton von der Weid » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  64. Renard 1982, p. 227 - 228.
  65. Renard 1982, p. 228 - 230.
  66. Marie-Anne Heimo, « Guillaume Moënnat » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  67. Renard 1982, p. 230 - 231.
  68. Renard 1982, p. 231 - 232.
  69. Renard 1982, p. 232.
  70. Renard 1982, p. 233.
  71. Damien Bregnard, « Antoine de Reynold » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  72. Renard 1982, p. 234.
  73. Renard 1982, p. 234 - 235.
  74. Renard 1982, p. 235 - 236.
  75. Renard 1982, p. 236 - 237.
  76. Renard 1982, p. 237 - 240.
  77. Marie-Anne Heimo, « Bernard-Emmanuel de Lenzbourg » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  78. Renard 1982, p. 240 - 242.
  79. Urban Fink (trad. Walter Weideli), « Robert Gendre » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  80. Renard 1982, p. 242 - 243.
  81. Renard 1982, p. 243 - 244.
  82. Renard 1982, p. 244.
  83. Walter Heim (trad. Walter Weideli), « Sighard Kleiner » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  84. Renard 1982, p. 244 - 245.

Voir aussi

Bibliographie

  • Catherine Waeber-Antiglio, Hauterive - La construction d'une abbaye cistercienne au Moyen Âge, Fribourg Suisse, Éditions universitaires, (ISBN 2-8271-0118-1)
  • Dominique de Buman (photogr. Paul Joos), Vivre au monastère Hauterive, Fribourg, La Sarine, (ISBN 978-2-88355-095-7, lire en ligne)
  • Núria Delétra-Carreras, L'Abbaye de la Maigrauge, 1255-2005, Fribourg, La Sarine, (lire en ligne)
  • Jean-Joseph Hisely, Histoire du comté de Gruyère, vol. 1, Lausanne, Georges Bridel, coll. « Mémoires et documents de la Société d'histoire de la Suisse romande, Volume 10 », (lire en ligne)
  • Louis-Joseph Lalive d'Epinay, Étrennes fribourgeoises, Jos. Schmidt, (lire en ligne), p. 99, 120, 121
  • Ernst Tremp (éd.), Liber Donationum Altaeripae. Cartulaire de l'Abbaye cistercienne d’Hauterive (XIIe – XIIIe siècles)., Lausanne, Société d'histoire de la Suisse romande, Mémoires et documents, Série 3, 15,
  • Jean-Pierre Renard, « Hauterive », dans Helvetia Sacra, vol. III/3 : Die Zisterzienser und Zisterzienserinnen, die reformierten Bernhardinerinnen, die Trappisten und Trappistinnen und die Wilhelmiten in der Schweiz, Bern, (lire en ligne), p. 176-245

Liens externes

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