Élections législatives trinidadiennes de 2025

Élections législatives trinidadiennes de 2025
41 sièges de la Chambre des représentants
(majorité absolue : 21 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 153 876
Votants 622 181
53,92 %  4,2
Votes exprimés 620 176
Blancs et nuls 2 031
Coalition des intérêts – Kamla Persad-Bissessar
Voix 351 021
56,60 %
 9,5
Sièges obtenus 26  7
Mouvement national du peuple – Stuart Young
Voix 224 403
36,18 %
 12,9
Sièges obtenus 13  9
Parti populaire de Tobago – Farley Chavez Augustine
Voix 13 857
2,24 %
Sièges obtenus 2  2
Premier ministre
Sortant Élue
Stuart Young
PNM
Kamla Persad-Bissessar
UNC

Les élections législatives trinidadiennes de 2025 ont lieu le afin d'élire les 41 représentants de la Chambre des représentants de Trinité-et-Tobago.

Elles sont remportées par la coalition menée par le Congrès national uni sous la direction de Kamla Persad-Bissessar qui redevient Premier ministre de Trinité-et-Tobago après l'avoir été entre 2010 et 2015.

Contexte

Élections législatives de 2020

Les élections législatives d' voient la victoire du Mouvement national du peuple (PNM) au pouvoir qui conserve, malgré un léger recul, sa majorité absolue à la Chambre des représentants avec 22 sièges sur 41. Cependant, le scrutin est marqué par une demande de recomptage des bulletins dans plusieurs circonscriptions par le parti d'opposition du Congrès national uni, ce qui retarde la proclamation des résultats définitifs[1]. Keith Rowley est reconduit au poste de Premier ministre et prête serment le [2].

Vague de violence et démission de Keith Rowley

En 2024, le pays est confronté à une grave crise sécuritaire, marquée par une hausse des assassinats liés aux bandes criminelles de narcotrafic avec 623 homicides enregistrés en 2024 contre 577 en 2023. Le , après une nouvelle fusillade entre gangs rivaux devant un commissariat, le gouvernement décide, le , de décréter l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire pour tenter d'enrayer cette situation de violence[3],[4]. Le , ce dernier est finalement levé après quatre mois en ayant permis plus de 3 000 arrestations et une baisse de 30 % du taux d'homicide sur la même période par rapport à l'année précédente. Des critiques émergent cependant sur le respect des droits civiques pour les personnes arrêtés[5].

Le , Keith Rowley annonce son intention de démissionner de ses fonctions avant les élections législatives prévues dans l'année. Le , il annonce que sa démission sera effective à partir du [6],[7]. Le , Stuart Young est élu par le groupe parlementaire du PNM face à Pennelope Beckles par 11 voix contre 9 pour devenir le futur Premier ministre[8]. Il prend ses fonctions le 17 mars et devient le huitième Premier ministre de l'histoire du pays[9].

Le , la présidente de la République Christine Kangaloo, sur l'avis du Premier ministre Stuart Young, décide de dissoudre le Parlement et convoque des élections anticipées pour le [10].

Système électoral

La Chambre des représentants est la chambre basse du Parlement bicaméral de Trinité-et-Tobago. Elle est composée de 41 sièges pourvus pour cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions. Le président de la chambre peut éventuellement être choisi en dehors de ses membres, auquel cas, il en devient membre ex officio[11].

Le chef du parti qui obtient la majorité des voix à la Chambre des représentants est appelé par le président de la République à former un gouvernement en tant que Premier ministre, tandis que le chef du plus grand parti ou de la plus grande coalition ne faisant pas partie du gouvernement devient le chef de l'opposition[12].

Forces en présence

Les partis politiques enregistrés auprès de la Commission des élections et des circonscriptions (EBC) peuvent se présenter aux élections générales en tant que parti. Le Mouvement national populaire (PNM) et le Congrès national uni (UNC) sont les deux plus grands partis, en plus de fournir tous les Premiers ministres depuis 1991[13].

En décembre 2024, l'UNC forme avec le Congrès du peuple (COP) et le Parti progressiste de l'autonomisation (PEP), une alliance politique nommée la Coalition des intérêts (CoI) soutenu notamment par cinq syndicats du pays afin de concurrencer le PNM pour le scrutin de 2025[14].

Au total, cent cinquante-huit candidats représentant dix-sept partis et trois candidats indépendants se présentent aux élections législatives de 2025[15].

Principaux partis
Partis Positionnement et idéologie Dirigeant Résultats
en 2020
Mouvement national du peuple
People's National Movement (PNM)
Centre gauche
Social-libéralisme, nationalisme
Stuart Young 49,05 % des voix
22 députés
Coalition des intérêts
Coalition of Interests (CoI)
Centre gauche
Social-démocratie, Démocratie chrétienne multiculturalisme
Kamla Persad-Bissessar Nouveau
Congrès national uni
United National Congress (UNC)
Centre gauche
Social-démocratie, socialisme démocratique, troisième voie
Kamla Persad-Bissessar 47,14 % des voix
19 députés
Parti progressiste de l'autonomisation
Progressive Empowerment Party (COP)
Centre gauche
Réformisme
Phillip Edward Alexander 0,90 % des voix
0 députés
Congrès du peuple
Congress of the People (COP)
Centre gauche
Réformisme
Prakash Ramadhar 0,08 % des voix
0 députés[a]
Parti populaire de Tobago
Tobago People's Party (TPP)
Autonomiste Tobago Farley Chavez Augustine Nouveau

Résultats

Résultats des élections législatives trinidadiennes de 2025[16]
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Congrès national uni (UNC) 335 161 54,04  6,90 26  7
Parti progressiste de l'autonomisation (PEP) 9 379 1,51  0,61 0
Congrès du peuple (COP) 6 481 1,05 n/a 0
Total Coalition des intérêts (CoI) 351 021 56,60 Nv 26  7
Mouvement national du peuple (PNM) 224 403 36,18  12,87 13  9
Front patriotique (PF) 21 232 3,42 Nv 0
Parti populaire de Tobago (TPP) 13 857 2,23 Nv 2  2
Alliance nationale de la transformation (NTA) 5 860 0,94 Nv 0
Patriotes progressistes démocrates (PDP) 1 396 0,23  1,36 0
Parti du peuple (APP) 655 0,11 Nv 0
Mouvement pour le développement national (MND) 556 0,09  0,07 0
Nouvelle vision nationale (NNV) 268 0,04  0,04 0
Alliance démocratique innovante (IDA) 143 0,02 Nv 0
Campagne humanitaire à Trinidad (THC) 84 0,01  0,05 0
Coalition nationale pour la transformation (NCT) 55 0,01  0,02 0
Unité du peuple (UP) 37 0,01 Nv 0
Mouvement Hyarima (HM) 24 0,00 Nv 0
Mouvement de réforme de l'action collective (CARM) 22 0,00 Nv 0
Indépendants 563 0,09  0,03 0
Votes valides 620 176 99,67
Votes blancs et nuls 2 031 0,33
Total 622 181 100 41
Abstentions 531 695 46,08
Inscrits / participation 1 153 876 53,92

Analyse et conséquences

Les résultats donnent lieu à une alternance politique avec une large victoire de l'UNC qui remporte la majorité absolue avec 26 sièges sur 41, soit sept de plus qu'au précédent scrutin en 2020, et revient au pouvoir après dix ans passé dans l'opposition. Au pouvoir depuis 2015, le PNM ne conserve que dix-neuf sièges. Il perd ses circonscriptions les plus sûr de La Brea à Trinité et deux à Tobago, où ses dernières sont remportées par le Parti populaire de Tobago (TPP), qui devient le premier parti depuis 2013 à remporter un siège au Parlement en dehors de l'UNC et du PNM[17],[18]. Un recomptage des voix est cependant demandé par l'UNC dans trois circonscriptions — celle de Fernando East, Malabar/Mausica et Arouca/Lopinot[19].

Le chef du PNM Keith Rowley reconnaît la défaite de son parti le soir même et annonce sa démission de la tête de celui-ci le . Le Premier ministre Stuart Young devient la personne ayant exercé la fonction le moins longtemps de l'histoire du pays[17],[20]. Kamla Persad-Bissessar lui succède le , en redevenant à la tête de l'exécutif après l'avoir occupée de 2010 à 2015[21]. Son retour est accueilli favorablement par des responsables politiques régionaux et internationaux, notamment le Premier ministre de la Jamaïque Andrew Holness, la Première ministre de la Barbade Mia Mottley, la Communauté caribéenne et le secrétaire d'État américain Marco Rubio[22].

Certains analystes considèrent la victoire de l'UNC comme le résultat du rejet par les électeurs de l'ancien Premier ministre Keith Rowley et de sa manœuvre consistant à nommer Stuart Young avant le scrutin[17]. La victoire de l'UNC est également perçu comme un meilleur signe dans les relations de Trinité-et-Tobago avec l'administration américaine de Donald Trump. Selon l'analyste politique de l'université des Indes occidentales Hamid Ghany, une potentielle victoire du PNM aurait été beaucoup plus surveillée par l'administration américaine du fait de la proximité de Stuart Young avec le Venezuela voisin de Nicolás Maduro, au contraire de celle de Persad-Bissessar, réputée plus favorable à l'égard de Trump[18].

Notes et références

Notes

  1. En 2020, le Congrès du peuple est en coalition avec le Parti démocratique de Trinité-et-Tobago et le Front démocratique de Trinité-et-Tobago.

Références

  1. (en) Nneka Parsanlal, « 22-19: UNC defeated in General Election », sur loopnews.com, Loop, (consulté le ).
  2. (en) Darren Bahaw, « Rowley's new Cabinet », sur newsday.co.tt, Trinidad and Tobago Newsday, (consulté le ).
  3. « Trinité-et-Tobago déclare l'état d'urgence face à une "épidémie" d'assassinats », sur france24.com, France 24, (consulté le ).
  4. « Trinité-et-Tobago: l'état d'urgence déclaré pour faire face à la violence des gangs », sur RFI, Radio France internationale, (consulté le ).
  5. « Violence: Trinidad-et-Tobago lève l'état d'urgence », sur la1ere.francetvinfo.fr, Outre-mer La Première, (consulté le ).
  6. (en) « Stuart Young picked to be PM », sur newsday.co.tt, Trinidad and Tobago Newsday, (consulté le ).
  7. (en) Kejan Haynes, « PM announces resignation date as March 16 », sur guardian.co.tt, Guardian Media, (consulté le ).
  8. (en) Akash Samaroo, « 11-9 vote in favour of Young confirmed by PNM party official », sur guardian.co.tt, Guardian Media, (consulté le ).
  9. (en) Chester Sambrano, « Stuart Young is the new Prime Minister, Camille Robinson-Regis is AG », sur guardian.co.tt, Guardian Media, (consulté le ).
  10. Caroline Popovic, « À Trinidad-et-Tobago, les élections législatives se tiendront le lundi 28 avril 2025 », sur https://la1ere.francetvinfo.fr/, (consulté le ).
  11. Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: TRINITE-ET-TOBAGO (House of Representatives), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  12. (en) Parlement de Trinité-et-Tobago, « Glossary of Parliamentary Terms », sur ttparliament.org.
  13. (en) Camille Hunte, « Who will lead us out of the pandemic? », sur trinidadexpress.com, Daily Express, (version du sur Internet Archive).
  14. (en) Dareece Polo, « Kamla in alliance with 3 political parties, 5 trade unions », sur guardian.co.tt, Guardian Media, (consulté le ).
  15. (en) Roger Jacob, « 17 parties, 161 candidates to contest April 28 general election », sur guardian.co.tt, Trinidad and Tobago Guardian, (consulté le ).
  16. (en) Commission des circonscriptions et des élections de Trinité-et-Tobago, « 2025 Parliamentary Elections : Detailed Preliminary Results » [PDF], (consulté le ).
  17. (en) Jacqueline Charles, « Kamla Persad-Bissessar returns to power in 'decisive victory' in Trinidad and Tobago », sur miamiherald.com, The Miami Herald, (consulté le ).
  18. (en) Natricia Duncan et Kejan Haynes, « Former PM Kamla Persad-Bissessar wins election in Trinidad and Tobago », sur theguardian.com, The Guardian, (consulté le ).
  19. (en) Akash Samaroo, « UNC requests three recounts », sur cnc3.co.tt, CNC3, (consulté le ).
  20. (en) Carolyn Kissoon, « Rowley to quit: Former prime minister resigning as PNM leader », sur trinidadexpress.com, Daily Express, (consulté le ).
  21. (en) AFP, « Trinidad leader sworn in, vows fresh start for violence-weary state », sur france24.com, France 24, (consulté le ).
  22. (en) Janine Mendes-Franco, « Trinidad & Tobago votes for change as country’s first woman prime minister makes a triumphant return », sur globalvoices.org, Global Voices, (consulté le ).
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