Élections législatives françaises de 1978
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| Élections législatives françaises de 1978 | ||||||||||||||
| 491 députés de l'Assemblée nationale (majorité absolue : 246 sièges) | ||||||||||||||
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| et | ||||||||||||||
| Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
| Inscrits au 1er tour | 34 457 706 | |||||||||||||
| Votants au 1er tour | 28 572 238 | |||||||||||||
| 82,92 % 1,6 | ||||||||||||||
| Votes exprimés au 1er tour | 28 094 571 | |||||||||||||
| Blancs et nuls au 1er tour | 477 667 | |||||||||||||
| Inscrits au 2d tour | 30 623 166 | |||||||||||||
| Votants au 2d tour | 25 966 818 | |||||||||||||
| 84,79 % 3 | ||||||||||||||
| Votes exprimés au 2d tour | 25 339 883 | |||||||||||||
| Blancs et nuls au 2d tour | 626 935 | |||||||||||||
| Majorité présidentielle – Raymond Barre | ||||||||||||||
| Voix au 1er tour | 13 250 113 | |||||||||||||
| 47,16 % | 6,4 | |||||||||||||
| Voix au 2e tour | 12 787 103 | |||||||||||||
| 50,46 % | 3,3 | |||||||||||||
| Députés élus | 291 | 51 | ||||||||||||
| Union de la gauche – François Mitterrand | ||||||||||||||
| Voix au 1er tour | 13 132 113 | |||||||||||||
| 46,74 % | 2,1 | |||||||||||||
| Voix au 2e tour | 12 552 780 | |||||||||||||
| 49,54 % | 3,4 | |||||||||||||
| Députés élus | 200 | 23 | ||||||||||||
| Députés élus par circonscription | ||||||||||||||
| Assemblée nationale élue Par groupes | ||||||||||||||
| Gouvernement | ||||||||||||||
| Sortant | Élu | |||||||||||||
| Barre II Majorité présidentielle (UDR, MR, RI, CDP, DVD) |
Barre III Majorité présidentielle (RPR, UDF) | |||||||||||||
| Législature élue | ||||||||||||||
| VIe (Cinquième République) | ||||||||||||||
Les élections législatives des et , marquée par la plus forte participation de l'histoire de la Cinquième République, ont pourvu les mandats de sa VIe législature.
La très courte victoire de la droite au second tour, par seulement 200 000 voix, est encore plus serrée qu'à l'élection présidentielle de 1974, gagnée par Valéry Giscard d'Estaing pour seulement 400 000 voix. Ce dernier avait pour cette raison préféré ne pas dissoudre l'Assemblée nationale.
Dès 1977, les sondages donnent la majorité sortante largement battue. Forte de la signature du programme commun de 1972, la gauche a multiplié les victoires, aux élections cantonales de 1976 puis aux élections municipales de 1977, mais ne présente toujours pas de candidats communs dans les circonscriptions, comme en 1973, à l'exception de 4 PSU et gaullistes de gauche soutenus par le le Parti communiste français. Ce dernier a profité moins que le PS, en voix comme en sièges, des victoires de 1976 et 1977, et réclame une réactualisation du programme commun sans l'obtenir, après des mois de discussions âpres, qui ont causé la rupture de l'union de la gauche en (). La gauche obtient 48,6% au soir du 1er tour, devant les 46,5% pour la majorité sortante, indique le journal de 20 heures [1]. La gauche a progressé fortement, mais il y a aussi une montée des petits partis, non inclus dans ces 48,6%.
La droite est divisée aussi, depuis la démission de Jacques Chirac de son poste de Premier ministre au cours de l'été 1976. Il critique le Plan Barre, lancé en septembre par son successeur Raymond Barre, qui peine à combattre le fort taux d'inflation et aboutit à une croissance molle[note 1], causant une hausse régulière et ininterrompue du chômage[note 2].
L'abstention est la plus faible de l'histoire de la Vème république, battant le précédent record, datant des législatives précédentes [2]. Elle diminue encore au second tour, à 15,2% contre 17,8% au 1er: les circonscriptions de 4 millions d'inscrits ont été pourvues dès le 1er tour et le suspense est plus important dans celles où il y a traditionnellement un second tour. La gauche est finalement battue de justesse et devra attendre l'élection suivante, en 1981, pour accéder au pouvoir. En sièges, le PCF et le PS obtiennent leur plus hauts scores depuis 1958, avec respectivement 86 et 104 députés. Au scrutin précédent, avec respectivement 73 et 89 députés, le PS détait déjà devant mais il avait alors recueilli 2,31% de moins que le PCF.
Régime électoral et candidatures communes
Le seuil pour se maintenir au second tour a été relevé de 10 % à 12,5 % de inscrits par la loi n° 76-665 du 19 juillet 1976, ce qui augmente le nombre de circonscriptions où le sort est jeté dès le 1er[3] et aboutit à une seule triangulaire[4].
Le programme commun de la gauche échoue à entrainer des candidatures communes pour l'élection des députés, qui se faisait encore à la proportionnelle jusqu'en 1958. Aux législatives de 1973, le Parti communiste a présenté des candidats dans chacune des 473 circonscriptions législatives de la France métropolitaine[5]. Le 12 mars 1978 il a présenté des candidats dans 470 des 474[5]. Dès le premier tour, il a soutenu des gaullistes de gauche et des candidats du PSU dans les quatre autres circonscriptions[5].
Contexte et enjeux
Deux blocs au lieu de trois
En 1978, le choix des électeurs est simple : la droite (alliance RPR-UDF) ou la gauche ((PCF-PS-MRG, les trois anciens partenaires du programme commun), contre trois blocs en 1973: gauche unie, majorité sortante (UDR-RI) élargie à une partie des centristes (le Centre démocratie et progrès de Jacques Duhamel), le troisième bloc étant le Mouvement réformateur (regroupant principalement le Parti radical et le centrisme d’opposition autour du Centre démocrate), jugé cependant proche de la majorité.
Depuis 1973 s'est produit le rassemblement des familles de la droite non-gaulliste au sein de l’Union pour la démocratie française (UDF) en , qui soutient le président de la République. La création de cette UDF regroupant les partis de la droite non gaulliste[note 3] créé e de vives tensions avec le RPR de Jacques Chirac. En effet, cette nouvelle situation remet en question les accords électoraux conclus en 1977 entre le RPR et d’une part le PR et d’autre part le CDS : le RPR présente alors des candidats dans des circonscriptions où il avait auparavant accepté de soutenir celles du PR ou du CDS. Jean Lecanuet résume l'esprit qui a présidé à la création de l'UDF : « les élections législatives de 1978 approchent. Nous [les futurs composantes de l'UDF] sommes alors en plein effort de rééquilibrage de la majorité face au RPR. […] Un jour que je recevais au CDS, des amis viennent me dire : « Vous avez vu comment on nous appelle, les non RPR, les non-gaullistes, nous n'avons pas de nom ! » Je suis moi aussi choqué de cette appellation négative. Nous étions loin de faire reposer la majorité qui soutenait le gouvernement sur deux piliers à peu près égaux, et nous étions de plus les non nommés, les sans nom, les sans famille[6]. »
Scénario de probable cohabitation
Les succès des partis de gauche aux cantonales de mars 1976 et aux municipales de mars 1977, ainsi que les sondages très favorables, leur permettent d'envisager un probable victoire et une cohabitation avec le président de la République Valéry Giscard d’Estaing, élu en 1974. Son prédécesseur Georges Pompidou avait refusé de dire s'il démissionnerait en cas de la victoire de la gauche aux législatives de [7]. François Mitterrand est le premier à utiliser le terme de cohabitation[8] alors que le commentateur giscardien Olivier Duhamel parle plutôt de contradiction des majorités[9].
Dès le , Valéry Giscard d'Estaing, lors de son discours dit du « bon choix », à Verdun-sur-le-Doubs explique qu'il cohabitera mais sans grands pouvoirs:
« Vous pouvez choisir l'application du programme commun. C'est votre droit. Mais si vous le choisissez, il sera appliqué. Ne croyez pas que le président de la République ait, dans la Constitution, les moyens de s'y opposer »
— Valéry Giscard d'Estaing, Discours de Verdun-sur-le-Doubs[10]
Cette déclaration illustre une lecture parlementariste de la constitution de 1958, ce dont le constitutionnaliste Georges Vedel convenait :
« À partir du moment où le chef de l'État n'est plus le maître du gouvernement et le chef de la majorité, plus question de lire la Constitution, selon la pratique de la Cinquième République, comme si tous les pouvoirs attribués au Gouvernement par les textes étaient en réalité à la disposition du président de la République. Mais pas question davantage de la lire, selon la version de Jules Grévy ou d'Armand Fallières, comme si tous les pouvoirs du président de la République étaient en réalité exercés par le Gouvernement. C'est d'une autre lecture qu'il s'agit : là où la Constitution confère une attribution au Gouvernement, il faut lire le Premier ministre ou le Gouvernement ; là où elle confère une attribution au président de la République, il faut lire le président de la République. Chacun chez soi... »
Dimensions inégales des circonscriptions
L'inégalité de peuplement des circonscriptions a été calculée[4]. Dans celles qui ont élu un candidat de la majorité il avait en moyenne 70222 inscrits par circonscription, soit 10% environ de moins que dans celles qui ont élu un député communiste il avait en moyenne 77531 inscrits[4].
Accords électoraux
Le nombre de duels progresse par rapport au second tour des élections législatives de 1973, car depuis centre et majorité son alliés[12]. Il y a des duels dans 99% des seconds tours contre un cinquième en 1958, année où un quart des seconds tours étaient des quadrangulaires[13], puis 60% en 1962, 80% en 1967, 85% en 1968 et 84% en 1973 [14]. Le PCF avait profité de pour accroitre son implantation locale et se doter d un réseau de solides notables qui contribueront à sa résistance dans les décennies suivantes[15].
Un accord électoral de la gauche pour le second tour est conclu dans la soirée du 12 mars, jour du premier tour, peu après 21 heures, Georges Marchais ayant acceptant de reporter la relance de la réactualisation du programme commun, notamment sur les nationalisations davantage de pouvoir aux syndicats au sein des entreprises nationalisées[16], à l’issue des élections, les reports de voix seront cependant meilleurs à droite[1]. Roger Gicquel, présentateur du 20 heures, précise que le "bon accord" présenté par Georges Marchais n’est "plus du tout de même nature que le bon accord qu’il exigeait encore la semaine dernière" et que la participation des communistes au Gouvernement se fera ou au "prorata des voix, ou au prorata des sièges, on ne le dit pas"[1].
L'électorat socialiste et l'électorat communiste étaient jugés différents, beaucoup plus que les électeurs de droite UDF et RPR[16]. Un sondage SOFRES de l'époque a estimé que dans le cas d'un duel Parti Communiste/UDF, sur 100 électeurs socialistes, 65 avaient voté pour le candidat communiste et 23 pour celui de l'UDF[16].
Le politologue Jean-Luc Parodi avait montré que lors des scrutins précédents, l'affrontement gauche-droite du deuxième tour tendait le plus souvent être plus proche de 50-50 que celui du premier tour: aux cantonales de mars 1976 cette règle s'était vérifiée 8 fois sur 10[17].
Campagne électorale
La campagne débute réellement dès les lendemains des élections municipales de , gagnées par la gauche et son programme commun, qui « aura été, pendant six ans, à la fois la carte d’identité de la gauche, un engagement passé avec le peuple, un slogan et une promesse de changement démocratique », selon Pierre Mauroy[18].
Valéry Giscard d'Estaing reprend sa thématique de l'élection présidentielle de 1974 en insistant sur les risques encourus par la France en cas de victoire de la gauche. Selon lui, « l'application en France d'un programme d'inspiration collectiviste plongerait la France dans le désordre économique. » Il fustige ainsi selon lui « la démagogie, qui veut vous faire croire que tout est possible tout de suite. » Cette dramatisation du scrutin trouve son point d'orgue avec l'intervention télévisée du président de la République, le , veille du scrutin, depuis la mairie de Chanonat. Il rappelle une nouvelle fois le « désastre » économique que représenterait l'application du programme commun. Le président de la République sort-il pour autant de son rôle d'arbitre par ces deux interventions ? Valéry Giscard d'Estaing donne la justification suivante : « J'agis en tant que chef de l'État et selon ma conscience, et ma conscience me dit ceci : le président de la République n'est pas un partisan, il n'est pas un chef de parti. Mais il ne peut pas rester non plus indifférent au sort de la France. Il est à la fois arbitre et responsable. Sa circonscription, c'est la France. Son rôle, c'est la défense des intérêts supérieurs de la nation[19]. »
Cette implication directe du président de la République conduit à de vives critiques de la part de l'opposition, estimant que le chef de l'État est au-dessus des partis, étant président de tous les Français, et qu'à ce titre, il ne peut se conduire en chef de parti, en chef de la majorité parlementaire. François Mitterrand déclare à ce propos : « On ne peut pas jouer les deux rôles à la fois, […] l'arbitre sur le terrain et le capitaine d'une équipe […]. Si Monsieur Giscard d'Estaing entend - très bien, qu'il le fasse ! - être le capitaine d'une équipe, le capitaine de l'équipe apparemment mal placée, peut-être battue, celle de la droite et des partis conservateurs, alors il ne peut pas réclamer devant les Français le statut de l'arbitre qui parle au nom de tous »[20].
Le rôle joué par l'Élysée n'est néanmoins pas nouveau. Ainsi, le , à la veille du second tour des élections législatives, après la clôture de la campagne officielle, Georges Pompidou, intervenait à la télévision de manière à guider le choix des électeurs[note 4].
L'Union pour la démocratie française (UDF) est d'abord un cartel électoral - répondant ainsi à une gestion commune d'une échéance électorale spécifique - engagée par trois formations politiques :
- Le Parti républicain (créé en 1977 pour remplacer la Fédération nationale des républicains indépendants dont est issu Valéry Giscard-d'Estaing) ;
- Le Centre des démocrates sociaux ;
- Le Parti radical (dit valoisien).
Valéry Giscard d'Estaing ne dispose pas à l'Assemblée nationale de parti à vocation majoritaire pour soutenir sa politique. Et cela d'autant moins qu'il doit faire face à l'opposition grandissante des gaullistes depuis la démission de Jacques Chirac du poste de premier ministre en août 1976. Un franc succès de l'UDF face au RPR offrirait au gouvernement Barre une plus grande latitude pour gouverner. 405 candidats se réclament de l'UDF, à l'exclusion de leur propre étiquette, initiative déplorée par le RPR[réf. nécessaire].
La création de l'UDF est également une réponse à la montée de la gauche et au risque de victoire. « Nous tentons également d'attirer dans cette même majorité des citoyens qui se sentent quelque peu attirés par une gauche qui serait douce[6]. » Les premières réunions ont lieu en . Une série de réunions se tient à l'hôtel de Clermont, rue de Varenne, en présence de représentants de l'Élysée, de Matignon et du ministère de l'Intérieur, avant d'être transférées dans le pavillon à Musique, au fond du parc de l'hôtel Matignon. Le parti, dont le nom s'inspire de l'ouvrage du président de la République, Démocratie française (paru en 1976), est officiellement constitué le et Jean Lecanuet en devient le premier président.
Divisions de la majorité sortante
Sur la question de la cohabitation, seul le président du Rassemblement pour la République (RPR), Jacques Chirac, ne partage pas l'interprétation donnée par le président de la République et François Mitterrand. Il estime que le mandat du président de la République serait compromis en cas de victoire de l'opposition et qu'il devrait démissionner[21]. Ainsi, il se singularise - y compris au sein du RPR - puisque, par exemple, Michel Debré soutient l'avis contraire[22]. Lors de sa campagne officielle, le RPR choisit la solution du référendum en cas de cohabitation, solution gaulliste de l'appel au peuple :
« Le président de la République agira selon la manière qui paraîtra le plus digne et il appliquera la constitution, et cette constitution lui donne tous les moyens de faire intervenir le peuple pour trancher un hypothétique conflit »
— François Morice, universitaire à Nanterre et porte-parole du RPR[23]
Jacques Chirac et le RPR mènent une campagne vigoureuse. Le RPR développe une rhétorique de la peur en agitant la menace que représenterait l'arrivée de la gauche au pouvoir. Il estime les institutions menacées en cas de retour de ce qu'il considère être les vieux partis de la Quatrième République que seraient le Parti socialiste et le Parti communiste français. Le parti évoque même une menace pour les libertés :
« On peut se poser des questions sur ce qu'il adviendra de la liberté individuelle »
Si on considère souvent que le tournant libéral du RPR commence à s'opérer lors de la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 1981, il est possible néanmoins d'en déceler certains signes à l'occasion de cette campagne législative. Ainsi, Patrick Devedjian explique que « la liberté d'entreprendre et l'initiative individuelle doivent être réhabilitées. Il n'est plus possible de laisser à notre administration le soin de développer une réglementation fantastique qui, tous les matins par cinquante pages, se déverse au profit ou pour le malheur de notre économie […]. La technocratie, c'est comme cela qu'on peut l'appeler[25]. » Le parti gaulliste réclame ainsi l'abrogation de l'ordonnance de 1945 sur les prix considérée comme un carcan.
En somme, les gaullistes entendent incarner la défense des institutions, des libertés et la loi (en matière de sécurité notamment). Le parti de Jacques Chirac prend le risque d'apparaître comme autoritaire.
Le Premier ministre Raymond Barre mène la campagne pour la majorité, secondé par Jean Lecanuet, président de l'Union pour la démocratie française.
Opposition de gauche (PS/MRG, PCF)
Au Parti communiste français, Georges Marchais appelle à la signature d'un nouveau programme commun, sur la base de ses seules propositions[26]. Il réclame une politique sociale et économique vigoureuse : le SMIC à 2 400 francs, des droits nouveaux pour les salariés, des nationalisations immédiates. La CGT apporte son soutien à la position communiste. Le , le bureau exécutif du syndicat rappelle que « la base de l'union existe : c'est le programme commun de 1972 […]. Les travailleurs ont tout fait pour qu'il soit signé […]. Ils doivent tout faire pour qu'il soit actualisé en tenant compte de l'aggravation de la crise ». Le , le bureau confédéral confirme sa critique du programme social du Parti socialiste et affirme la « nécessité d'un programme clair, sans équivoque dans ses engagements sociaux. »
Les recompositions advenues à gauche entre 1973 et 1977 au profit du Parti socialiste ont conforté le PCF dans une relecture de la stratégie qu’il avait initiée, devenue à ses yeux « référence négative », à l’origine de son affaiblissement. Les progrès socialistes ont avivé les inquiétudes de la direction communiste. Les succès électoraux du Parti socialiste lors des élections présidentielles de 1974, cantonales de 1976 et municipales de 1977 soulignent le risque que le PCF ne devienne une force seconde à gauche. Ce qui pose la question du renoncement à une stratégie unitaire, attendue par l’électorat, et de l'affaiblissement du PS. Ce dilemme a nourri les préoccupations des dirigeants communistes et a fini par devenir un piège mortel. Le 21e congrès extraordinaire du PCF, tenu en , a inauguré une critique du PS qui ne s’est pas démentie dans les années suivantes, avant de connaître un dénouement dans la crise de l’automne 1977. Ce conflit majeur se compliqua de vives controverses au sein même du PS.
François Mitterrand mène la campagne pour le Parti socialiste en tant que premier secrétaire. Il se montre suffisamment habile pour ne pas répondre directement aux attaques du Parti communiste français. Au terme de la campagne du 1er tour, le leader socialiste se félicite que son parti ait « su refuser la démagogie et la surenchère »[27]. L'axe essentiel de la campagne du parti est de montrer qu'il incarne le changement face à la majorité parlementaire et une alternative crédible. « Nous sommes le changement, nous sommes le mouvement »[27]. Le cœur du projet socialiste est une application rapide, dès l'été, de l'essentiel du programme commun : la hausse des salaires, la retraite à 55 ans, un plan de lutte contre le chômage, un plan pour les logements sociaux, l'indexation de l'épargne taxation. Dans le même temps, le PS prend soin de rassurer l'électorat, notamment sa frange la plus modérée. En effet, les socialistes sont pour l'heure pris dans une contradiction : ils ont besoin d'une alliance avec le Parti communiste français, du concours des suffrages communistes, pour l'emporter ; mais en même temps, ils cherchent à s'en démarquer en raison de l'image négative qu'il draine dans l'opinion, d'autant plus que celui-ci multiplie les surenchères au cours de cette campagne. Cette attitude des communistes peuvent sembler légitimer les attaques du RPR sur le thème des libertés. François Mitterrand exprime ainsi la position de son parti : « nous sommes aussi la permanence […]. L'héritage démocratique reçu de 1789, les libertés publiques […] sera maintenu, agrandi, élargi. C'est la garantie que sera maintenu le tissu national qui fait que nous sommes tous des Français dans la même patrie[27]. »
Montée des petits partis
Des scores plus élevés qu'en 1973
De nombreux petits partis situés hors des deux blocs présentent des candidats et drainent un nombre de voix beaucoup plus élevé qu'en 1973. Ainsi le PSU, les écologistes et l'extrême-gauche totalisent 5,34% des voix, soit 1,5 million de voix, qui viennent s'ajouter aux 46,74% de la gauche parlementaire au premier tour, soit 52%. En 1973, le PSU, inclus dans l'Union de la gauche, et n'avait obtenu que 1,95%, et l'extrême gauche seulement 1,24%. Mais entre les deux tours, les reports de voix sont très mauvais du côté gauche de l'échiquier politique: ils sont meilleurs à droite, qui l'emporte de justesse en nombre de voix total au second tour malgré un réservoir extra-parlementaire plus faible: l'extrême droite n'a totalisé que 0,76% au 1er tour. Entre les deux tours, la proportion de suffrages blancs et nuls est passé de 1,67% à 2,41%.
- L'écologie politique apparaît pour la première fois aux législatives avec près de 250 candidats, sous l'étiquette Ecologie 78, dans le sillage de la candidature de René Dumont à la présidentielle 1974[28]. Aucun candidat écologiste n'est toutefois présent au second tour[28].
- Le PSU soutient, aux côtés de diverses personnalités et représentants de courants écologistes, féministes, régionalistes, un « Front autogestionnaire ». Dans la la 6e circonscription du Rhône, le Parti communiste appelait à voter pour le candidat du Front autogestionnaire, Claude Bourdet[29].
- Les royalistes de gauche, de la Nouvelle Action française, de Bertrand Renouvin, ont huit candidats[30].
- Les gaullistes de gauche sont représentés par deux formations :
- Le Mouvement des démocrates (MDD), de Michel Jobert et Henri Fouquereau, veut « combattre la politique giscardienne et la dérive du mouvement gaulliste », avec une centaine de candidats.
- La Fédération des républicains de progrès (FRP), fondée par Jean Charbonnel en 1976.
- L'extrême gauche est présente dans toutes les circonscriptions, via des candidats de Lutte ouvrière (LO) et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), alliée à l'Organisation communiste des travailleurs (OCT) et les Comités communistes pour l'autogestion (CCA, pabliste) sur le thème de l’« Unité ouvrière » et d'un appel lancé le à "désavouer la politique de division du Parti socialiste et du Parti communiste".
- L'extrême droite est présente dans une centaine de circonscriptions, via le Front national (FN) et le Parti des forces nouvelles (PFN). Le FN renvoie dos-à-dos la gauche et la droite et veut lutter contre l'immigration, et contre l'insécurité. Jean-Marie Le Pen demande aussi une lutte sans pitié contre l'inflation, selon lui moyen d'escroquerie des citoyens par l'État bureaucratique[31].
Renouvellement des candidats
La montée des petits partis a permis un renouvellement des candidats. Leur nombre, 4 268, dépasse d'un tiers celui du scrutin de 1973 (3 121). Seulement un sur deux, soit 1812, est présenté par les deux grandes coalitions[32], avec un fort renouvellement : 61,6 % d'entre eux n'étaient pas présents en 1973 dans leur circonscription.
Le PC et surtout le PS ont cependant renouvelé leur confiance à beaucoup de battus de 1973, en particulier des candidats jeunes. La droite a de son côté remplacé quelques grandes figures et des sortants ont préféré briguer un siège plus stable au Sénat. Au PCF, Virgile Barel ou Étienne Fajon ont passé la main, mais 78 des sortants se représentent dans la même circonscription. Au PS et MRG, 75,7 % des sortants briguent un nouveau mandat. En revanche, les proportions sont moins importantes à droite (74 % pour le PR, 61,8 % pour les centristes, 69 % pour le RPR).
On notera enfin la présence de nombreux petits partis se situant en dehors de ceux deux blocs présentent des candidats :
- Les gaullistes de gauche sont représentés par deux formations :
- Le Mouvement des démocrates (MDD), animé par Michel Jobert et Henri Fouquereau et destiné à « combattre la politique giscardienne et la dérive du mouvement gaulliste ». Il présente une centaine de candidats.
- La Fédération des républicains de progrès (FRP), fondée par Jean Charbonnel en 1976.
- L'extrême gauche, bien que dispersée entre les candidats de Lutte ouvrière (LO) et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), est présente dans toutes les circonscriptions. Le PSU fait le choix de ne pas apparaître en tant que tel à ces élections, mais de se fondre aux côtés de diverses personnalités et représentants de courants écologistes, féministes, régionalistes dans un « Front autogestionnaire ». La LCR, dont les candidats à ces élections se présentent avec l'Organisation communiste des travailleurs (OCT) et les Comités communistes pour l'autogestion (CCA, pabliste) sous l’étiquette commune « Pour le socialisme, le pouvoir aux travailleurs », axe sa campagne sur le thème de l’« Unité ouvrière ». Un appel sur ce thème est lancé le , par le comité central de la LCR : « vous pouvez désavouer la politique de division du Parti socialiste et du Parti communiste ».
- L'extrême droite présente des candidats sous l’étiquette Front national (FN) ou Parti des forces nouvelles (PFN), deux formations rivales ; elle est visible dans une centaine de circonscriptions. Le FN renvoie dos-à-dos la gauche et la droite. Il articule son discours autour de la lutte contre l'immigration, l'insécurité. À cela s'ajoute un thème hérité du poujadisme : un État réduit à ses fonctions régaliennes. Ainsi, Jean-Marie Le Pen explique que le FN « refuse à la fois les solutions socialo-communistes du marxisme et refuse à la fois la continuation de la politique menée jusqu'alors par la majorité. Le Front national désire faire porter son effort sur quatre points qu'il estime fondamentaux : réduire le fléau économique et social du chômage par la réduction massive de l'immigration étrangère […], mais aussi une lutte contre l'insécurité publique […]. Nous demandons de la même manière que soit engagée une lutte sans pitié contre l'inflation, moyen d'escroquerie des citoyens par l'État bureaucratique. Nous demandons que soient réduites les dépenses de cet État et le nombre pléthorique des fonctionnaires dont il s'entoure […][31]. »
- L'écologie politique apparaît pour la première fois dans un scrutin avec près de 250 candidats, sous l'étiquette Ecologie 78. La candidature de René Dumont à l'élection présidentielle de 1974 a permis de populariser les thèmes de l'écologie politique. L'écologie entre ainsi dans le débat public[28]. Aucun candidat écologiste n'est toutefois présent au second tour[28].
- On notera la présence symbolique des royalistes de la Nouvelle Action française de Bertrand Renouvin, puisque le mouvement présente huit candidats[30].
Ces mouvements restent très marginaux et ne recueillent qu’un faible écho dans l’opinion.
Slogans de campagne
- Barre : « Barre confiance » – équipe pub : Jacques Bille (SID) et Michel Bongrand.
- Soisson : « La majorité aura la majorité » – équipe pub : Jacques Séguéla et Philippe Maraninchi.
- Mitterrand : « la victoire en votant » – JP Audou.
- Chirac : « oui à la France qui gagne, oui à la France qui invente » – équipe pub : Bernard Brochand, DG Eurocom et Jean-Michel Goudard (co président de RSC&G).
Sociologie des candidats
Femmes
Au total, on compte 15,9 % de candidates, contre 6,9 % en 1973, grâce aux petits partis, qui présentent 557 femmes. Il n'y a que 122 femmes candidates pour les grandes formations, dont la moitié de communistes. Sur ces 122, la plupart (88,5%) se présentent pour la première fois dans leur circonscription.
Jeunes
En 1973 la moitié des candidats communistes avaient pas 45 ans il en plus de 60% en 1978, mais sans recourir non plus aux très jeunes. Le rajeunissement provient pour essentiel des tranches âge moyennes. En 1978, ce sont les 30-34 ans qui fournissent les effectifs les plus nombreux pour le PCF contre les candidats âgés de 45-49 ans en 1973[5].
Ouvriers, fonctionnaires et professions libérales
La part des hauts fonctionnaires est plus élevée dans les partis de la majorité[note 5], la candidature politique étant parfois une étape de carrière.
Au PCF, les ouvriers représentent à eux seuls 33 % candidats, mais ils ne sont presque pas représentée dans les autres grandes formations politiques. Ce parti présente beaucoup plus d'ouvriers, de femmes, et de jeunes que les autres. Concernant les enseignants, ils sont très représentés dans les candidats du PCF (27,5 %) et surtout au PS (39,8 %). Les professions libérales forment le principal bataillon des candidats du RPR (21,8 %), du PR (28,8 %), du CDS (27,2 %) et du MRG (29,3 %) et les cadres supérieures, le second vivier[note 6]. Ainsi, le RPR, l'UDF et le MRG sont marqués par une forte homogénéité socio-professionnelle.
Sondages
Les 3 à 7 points d'avance de la gauche a deux semaines du vote
Selon trois enquêtes convergente, Le Figaro-Sofres, L'Aurore-Publimétrie et Le Matin-Louis Harris, publiées les 3 et 4 mars, l'avance pour la gauche qui varie, pour le premier tour, entre trois points (Publimétrie), six (Sofres) et même sept (Louis Harris)[33]. La majorité stagne à 45 % des intentions de vote. La gauche est donnée entre 50 % et 52 %[33], contre 46,7 % de suffrages exprimés au premier tour de 1973[33].
La gauche pourrait ainsi gagner entre 0,8 et 1,5 million de suffrages par rapport au scrutin précédent et se confirme comme la "favorite pour le premier tour", une "situation tout à fait inédite sous la Ve République", observe Alain Duhamel, dans Le Monde[33]. La progression a lieu malgré le fait que le PS a "été attaqué de toutes parts" et la "stagnation" du parti communiste français, 21 % en 1973, 21 % dans les trois derniers sondages, sur fond d'image faible de son leader: si 39,7% des sondés disent avoir confiance en François Mitterrand, c'est seulement 26,2 % en Georges Marchais. Ces sondages reflètent le contexte de "l'apparition de la crise économique", constate Alain Duhamel[33]. Le contexte est l'impopulaire « plan Barre » d'austérité budgétaire de l'automne 1976, qui a déjà suscité un raz-de-marée de la gauche aux municipales de 1977 [34], raflant 61 % des villes de plus de 30000 habitants. Le PS en gagne 37 et le PCF seulement 22, alors que le second avait obtenu un demi-million de voix de plus que le PS aux législatives de 973[35], ce qui « intensifie la concurrence » et les divisions au sein de la gauche[36]: dès mai 1977, le PCF a demandé une renégociation du programme commun[36].
Alors que le gaullisme se "distinguait" des conservateurs britanniques et les chrétiens-démocrates d'Allemagne fédérale par une plus forte proportion d'électeurs de condition modeste, ce n'est plus le cas du giscardisme, constate Alain Duhamel, en observant "une bipolarisation sociologique des électorats sans précédent sous la Ve République"[33].
Ces sondages donnent au RPR de Jacques Chirac 22% des intentions de vote, beaucoup plus que ne lui en accordaient ceux de la fin de 1974 au milieu de 1976[33]. Ils le placent devant l'UDF (Union pour la démocratie française), constituée en cours de campagne, créditée de 20 % à 21 % des voix[33].
La gauche ne semble cependant pas assurée de l'emporter au second tour, pour lequel les mêmes enquêtes incitent à la prudence", dans un paysage où "depuis six mois les relations entre communistes, socialistes et radicaux de gauche ne paraissent pas mobilisatrices"[33] et où la campagne du PCF a "consolidé" la "méfiance habituelle" de l'électorat socialiste à son égard. Cependant, la percée du PS dans les sondages fait que non communistes seront les candidats de gauche probablement les mieux placés deux fois sur trois au second tour[33].
A droite au contraire, malgré les chamailleries et les rivalités, la majorité a "ressoudé les électorats", avec neuf sur dix de ses électeurs prêts à voter pour le candidat en tête au premier tour[33].
L'opinion et la possibilité d'une cohabitation
Concernant la possibilité d'une cohabitation, l'opinion publique[note 7] considère que la responsabilité de la politique menée relèverait du gouvernement et non du président de la République. À la question « Si la Gauche l'emporte et que M. V. Giscard d'Estaing reste à l'Élysée, dans chacun des domaines suivants, à votre avis, qui devrait prendre la décision ? », les sondés estiment que le gouvernement devrait prendre les décisions en matière de politique économique (64 %) et de politique sociale (68 %[note 8]). Cependant, c'est dans le domaine des affaires extérieures que l'on évoque un partage des responsabilités entre chef de l'État et gouvernement. Ainsi, 45 % des Français souhaitent que le gouvernement assure la politique étrangère, mais 36 % souhaitent que cela relève de la compétence du président de la République. Les Français ont visiblement assimilé la pratique gaullienne des institutions qui fait de la politique étrangère le « pré carré » du président de la République.
L'image des principaux leaders
Si l'on observe l'image des principaux leaders, on observe que les Français font confiance aux deux têtes de l'exécutif : 52 % de confiance au premier ministre, 69,2 % au président de la République. Jacques Chirac, leader du RPR, pourtant membre de la majorité parlementaire, semble payer le prix de son image autoritaire : seuls 38,6 % des Français lui font confiance. Bien que la gauche soit bien placée pour l'emporter, les leaders du PS et du PCF semblent à la peine. Ainsi seuls 39,7 % des sondés disent avoir confiance en François Mitterrand, et 26,2 % en Georges Marchais[note 9].
Résultats
Résultats en métropole
| Parti | En métropole | France entière | |||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Premier tour | Second tour | Sièges[39] | |||||
| Voix | % | Voix | % | ||||
| Rassemblement pour la République | 6 350 528 | 22,60 | 6 565 281 | 25,91 | 148 | ||
| Union pour la démocratie française | 5 834 744 | 20,77 | 5 766 063 | 22,75 | 137 | ||
| Divers droite (dont PSD) | 1 064 841 | 3,79 | 455 759 | 1,80 | 6 | ||
| Majorité présidentielle | 13 250 113 | 47,16 | 12 787 103 | 50,46 | 291 | ||
| Parti socialiste (et MRG) | 7 040 561 | 25,06 | 7 788 076 | 30,73 | 113 | ||
| Parti communiste français | 5 818 245 | 20,71 | 4 764 704 | 18,80 | 86 | ||
| Gaullistes d'opposition (dont FRP, UGP et MDD) | 174 536 | 0,62 | 0 | ||||
| Divers gauche | 98 771 | 0,35 | 1 | ||||
| Gauche parlementaire | 13 132 113 | 46,74 | 12 552 780 | 49,54 | 200 | ||
| Extrême gauche (LO, LCR et OCI) | 611 345 | 2,18 | 0 | ||||
| Divers écologiste | 597 963 | 2,13 | 0 | ||||
| Front autogestionnaire | 289 011 | 1,03 | 0 | ||||
| Extrême droite | 214 026 | 0,76 | 0 | ||||
| Inscrits | 34 457 706 | 100,00 | 30 623 166 | 100,00 | 491 | ||
| Abstentions | 5 885 468 | 17,08 | 4 656 348 | 15,21 | |||
| Votants | 28 572 238 | 82,92 | 25 966 818 | 84,79 | |||
| Blancs et nuls | 477 667 | 1,67 | 626 935 | 2,41 | |||
| Exprimés | 28 094 571 | 98,33 | 25 339 883 | 97,59 | |||
| Source : Data.gouv.fr | |||||||
Le taux de participation très élevé ne correspond pas nécessairement à une image très positive de la politique. En effet, le sondage post-électoral réalisé par la Sofres indique que 61,4 % des sondés considèrent que s'occuper de la politique, c'est nécessaire pour se faire entendre. Une forte minorité (38,6 %) pense que « ça ne sert pas à grand-chose »[réf. nécessaire].
Analyse des résultats du premier tour
Alain Lancelot[40] analyse la ventilation des suffrages au sein des composantes de l'UDF comme suit :
| Parti | Premier tour | ||
|---|---|---|---|
| Voix | % | ||
| Parti républicain | 2 968 014 | 10,56 | |
| Centre des démocrates sociaux | 1 452 025 | 5,17 | |
| Parti radical | 533 405 | 1,90 | |
| Parti social-démocrate | 116 235 | 0,41 | |
| Divers droite (Maj. prés.) | 186 467 | 0,66 | |
| CNIP[note 10] | 259 911 | 0,93 | |
L'extrême gauche stagne par rapport aux élections législatives de 1973 (-0,04 %), mais il s'agit en réalité d'une perte d'influence dans la mesure où elle a été présente dans beaucoup plus de circonscriptions en 1978. Le PSU connaît en particulier un net repli en totalisant 209 700 voix contre 337 927 en 1973. La LCR recueille 94 257 voix, soit 0,34 % du total des suffrages exprimés tandis que LO totalise 474 401 voix[41].
Le Parti communiste français connaît également un tassement (-0,67 %) tandis que la gauche non-communiste (PS-MRG) progresse nettement (+3,27 %). Cependant, le gain est inférieur à celui espéré puisque François Mitterrand fondait un succès pour le PS à 7 millions de voix[42]. Or, il se situe en deçà de 6,5 millions de voix. Le score peut être jugé assez décevant. Néanmoins, pour la première fois de l'histoire de la Ve République, la gauche est majoritaire en voix dans le pays : elle obtient 52,24 % des voix.
Du côté de la majorité, le bloc UDF-RPR subit un recul assez important : si l'on se rapporte à l'ensemble formé par le Mouvement réformateur et la majorité sortante (UDR-RI-PDM), le bloc UDF-RPR passe de 50,69 % à 46,42 %.
Enfin, les petites formations progressent de 2,79 % à 4,52 %. Ouvrons à propos une brève parenthèse au sujet du vote écologiste. Les études publiées ont montré que "l'électorat écologiste pourrait être schématiquement défini comme politiquement centriste et culturellement ou moralement extrémiste. Il correspondrait ainsi à l'image de ces couches sociales dont le libéralisme se limite la sphère de la morale, c'est-à-dire de cet univers de valeurs qui ne concerne pas directement les intérêts sociaux."[43] Sur la plupart des questions, l'électorat écologiste se situe à mi-chemin entre la gauche non-communiste et la droite. Les étudiants, les célibataires sont proportionnellement plus nombreux que dans l'électorat de gauche ou de droite. « L'ensemble de ces observations paraît confirmer un des mécanismes qui associe la sympathie pour l’écologisme certains types de situations sociales : parce qu'il se présente comme une idéologie extérieure aux clivages sociaux fondamentaux, l'écologisme exerce une attraction sur ceux qui, faute de posséder certaines identifications, ne sont pas en mesure de se déterminer socialement. »[43]
68 candidats sont élus députés à l'issue de ce premier tour de scrutin, chiffre à peu près équivalent à celui de, 1973 (60). Ce chiffre est en revanche en repli par rapport aux années 1960, période où le parti gaulliste était largement dominant[note 11].
Pour le second tour, François Mitterrand appelle à un désistement sans condition en faveur du candidat de gauche arrivé en tête : « Il reste maintenant à répondre à l’espérance de la majorité des Français. Cette espérance tient en un seul mot : « union ». Il convient de rassembler tous les suffrages de la gauche sur celui de ses candidats le mieux placé pour l’emporter […][44]. »
Un accord est réalisé à la hâte entre les trois anciens partenaires (PS, PCF, MRG) le , Georges Marchais acceptant finalement que la question de l'actualisation du programme commun soit repoussé après les législatives en cas de victoire de la gauche. François Mitterrand, lors d'une conférence de presse commune, le , explique : « L'objet essentiel, vous l'avez parfaitement deviné, […] est d'assurer la dynamique du mouvement populaire, des militants et des candidats des partis de gauche qui seront présents au deuxième tour le . » Georges Marchais parle lui-même de « bon accord. »
Analyse des résultats du second tour
| Suffrages | % | |
|---|---|---|
| Exprimés | 28 366 135 | 100 |
| Gauche | 13 778 792 | 48,57 |
| Droite | 14 483 954 | 51,06 |
| Divers | 103 389 | 0,36 |
La majorité sortante l'emporte et progresse sensiblement, gagnant 1 436 850 voix tandis que la gauche connaît un léger effritement. La victoire de la majorité sortante s'explique par le bon report des voix des candidats éliminés sur celui restant en lice, mais aussi par l'accroissement des suffrages exprimés qui lui a nettement profité. Au contraire, la gauche perd 6 départements dans lesquels elle avait la majorité au 1er tour. La discipline de vote des électeurs de gauche a été bien moindre que celle des électeurs de droite. Ce mauvais report de voix est d'autant plus marqué dans les circonscriptions où un candidat communiste est présent au second tour. L'aversion de l'opinion vis-à-vis du Parti communiste français a joué un rôle notable dans l'échec de la gauche. Une aversion que l'union de la gauche et l'infléchissement des positions du PCF avaient atténuées mais que la rupture de l'union de la gauche en 1977 avait ravivée. Attaqué sur sa gauche par le PCF, le PS a surtout cherché à rassurer son ancien partenaire, notamment par une série de concessions (notamment concernant la hausse du SMIC), éloignant de lui une partie de l'électorat qui l'avait rallié à l'occasion de l'élection présidentielle de 1974. Cette frange marginale de l'électorat, notamment gaulliste, a eu le sentiment que le PS risquait de subir la volonté du PCF plutôt que lui imposer la sienne.
Le scrutin aboutit à l'élection de 18 femmes à l'Assemblée (contre 7 dans la législature précédente). La majorité sont issues du Parti communiste (12), et les autres venant du PS (1), du RPR (2), de l'UDF (1) et 2 classées comme divers droite (Marie-Madeleine Dienesch et Florence d'Harcourt)[46].
Géographie électorale
Analyse par parti
| Parti | Éléments d'analyse | |
|---|---|---|
| PCF | Ses bastions demeurent le Nord, la France méditerranéenne, et la bordure nord et ouest du Massif central. Le Parti communiste français enregistre le meilleur score de son histoire en valeur absolue[réf. nécessaire]. Après la victoire de la gauche unie aux élections cantonales de 1976 et municipales de 1977, et une forte progression de l'influence communiste à la faveur du Programme commun, la rupture avec le Parti socialiste en septembre rend responsable le Parti communiste français de la division à gauche. Cependant, même si le PS devance le PCF, il n'en reste pas moins que le nombre de députés communistes augmente, avec 13 nouveaux élus. S'il n'y a pas de sclérose du vote communiste, les transformations de la société et les nouveaux électeurs issus du baby-boom obligent le PCF à adapter son discours et le moderniser. Le Parti communiste français enregistre donc une nouvelle progression tant numérique que territoriale : les Alpes de Haute-Provence, les Ardennes, la Charente, les Côtes-du-Nord, la Loire, l'Oise, la Sarthe, le Vaucluse se dotent d'un député communiste, et l'Allier, la Meurthe-et-Moselle et la Somme envoient à l'Assemblée plusieurs députés communistes gagnés dans de nouvelles circonscriptions. De plus, on assiste à un renouvellement des élus, avec 28 députés communistes qui ne sont pas reconduits, et 37 nouveaux députés qui font leur entrée dans l'hémicycle : c'est le cas de François Asensi, Alain Bocquet, Jacques Brunhes, Charles Fiterman, Jacqueline Fraysse, Maxime Gremetz, André Lajoinie, Antoine Porcu, Pierre Zarka. Par ailleurs, les résultats en pourcentages contrastent ce succès : en effet, dans 46 départements, les résultats obtenus par le PCF ont varié, en hausse ou en baisse, de moins d'un point, par rapport aux élections législatives de 1973. Dans 17 départements seulement, la progression est supérieure à 1 % tandis que dans 26, la baisse est supérieure à 1 %. Si l'on tente une comparaison avec la carte électorale communiste en 1956, on remarque que le recul affecte aussi bien l'étendue de ses bastions traditionnels et le niveau de suffrages obtenus dans les départements où il est le plus fort [à préciser]. | |
| PS | La carte électorale du Parti socialiste révèle qu'il est traditionnellement bien implanté dans le Sud-Ouest, mais aussi dans une série de départements qui prend la France en écharpe, du Poitou aux Alpes du Nord, et enfin dans une partie de la Franche-Comté, de la Lorraine, ainsi que de la France du Nord. Pareille distribution n'a que peu de rapports avec celle de la classe ouvrière. En 1978, le PS apparaît plus comme un parti susceptible de recruter dans toutes les catégories de la société. | |
| UDF | La géographie électorale du parti de centre droit correspond nettement à la carte électorale de la droite depuis le début du siècle et que caractérisent trois zones principales de forces : la France de l'Ouest, la France de l'Est, le Massif central, avec des pointes vers les Alpes (Ain, Savoie, Hautes-Alpes) et la Méditerranée (Hérault). | |
| RPR | La carte diffère sensiblement de celle de l'UDF. Plusieurs zones de forces correspondent à des régions où jadis la droite avait renoncé à la lutte électorale ou bien était présente pour l'honneur sans espoir de l'emporter. Il en est ainsi de plusieurs départements du centre-ouest (Creuse, Charente, Tarn, Tarn-et-Garonne), de terres radicales-socialistes (Saône-et-Loire, Haute-Marne, Yonne, Seine-et-Marne, Oise, Loiret, Savoie) voire socialistes (Ardennes). En certains cas, le RPR obtient de moins bons résultats que l'UDR en 1973 pour des raisons qui tiennent essentiellement aux personnes : perte d'influence de Maurice Herzog en Haute-Savoie, départ d'Olivier Stirn au profit de l'UDF (Calvados). | |
| Écologie 78 | Les candidats d'Écologie 1978 réalisent leurs meilleurs scores en région parisienne, dans certaines villes de provinces comme Strasbourg, Nice ou Lyon et à proximité des centrales nucléaires, notamment dans la Manche (La Hague, Flamanville), en Rhône-Alpes (Creys-Malville) et dans le Haut-Rhin (Fessenheim)[28]. Le meilleur score d'une liste écologiste (12.6%) est obtenu dans la quatrième circonscription de la Manche[47]. | |
Analyse par région
En région parisienne, la montée du PS est importante en Seine-Saint-Denis, où la gauche totalise comme en 1967 près de 58% des voix mais avec un PCF qui passe de 45% à 38%, un phénomène proche se produisant dans les deux autres départements de la proche banlieue[48].
| Région | Départements | Éléments d'analyse |
|---|---|---|
| Alsace | 67 • 68 | |
| Aquitaine | ||
| Auvergne | ||
| Basse-Normandie | ||
| Bourgogne | ||
| Bretagne | 22 • 29 • 35 • 56 | La Bretagne reste une terre de mission pour la gauche même si elle progresse en voix par rapport à 1973. En sièges, elle reste stable partout, sauf dans le Finistère où la socialiste Marie Jacq remporte la circonscription de Morlaix face au député sortant Jean-Claude Rohel (PR). La droite conserve cependant la majorité des sièges dans les quatre départements bretons : en Ille-et-Vilaine, elle remporte même les six circonscriptions à pourvoir. |
| Centre | ||
| Champagne-Ardenne | ||
| Corse | ||
| Franche-Comté | ||
| Guadeloupe | ||
| Guyane | ||
| Haute-Normandie | ||
| Île-de-France | ||
| La Réunion | ||
| Languedoc-Roussillon | 11 • 30 • 34 • 48 • 66 | |
| Limousin | ||
| Lorraine | ||
| Martinique | ||
| Midi-Pyrénées | ||
| Nord-Pas-de-Calais | 59 • 62 | |
| Pays de la Loire | ||
| Picardie | ||
| Poitou-Charentes | ||
| Provence-Alpes-Côte d'Azur | ||
| Rhône-Alpes |
Composition de l'Assemblée nationale
| RPR | 153 | |
| UDF (PR) | 69 | |
| UDF (CDS) | 35 | |
| UDF (PSD) | 1 | |
| Parti radical | 9 | |
| CNIP | 7 | |
| Divers droite (Maj. prés.) | 16 | |
| PS | 104 | |
| MRG | 10 | |
| Divers gauche | 1 | |
| PCF | 86 | |
| Total | 491 | |
|---|---|---|
Bien que n'étant pas majoritaires, les partis de gauche progressent par rapport à 1973. La majorité sortante est suffisamment étoffée pour gouverner. Les résultats du second tour offrent un écart assez mince entre la gauche et la droite (700 000 voix), mais le système électoral amplifie la victoire de la droite. Ainsi, le bloc UDF-RPR dispose d'une majorité de 277 députés, alors que l'opposition PS-PCF ne compte que 199 élus. La gauche est ainsi largement dominée à l'Assemblée nationale. L'échec est patent.
En revanche, l'équilibre des forces au sein de la majorité ne profite guère aux giscardiens. Le pari du président de la République a échoué puisqu'il n'a pas réussi à faire de l'UDF le premier groupe parlementaire. Le gouvernement issu des élections devra composer avec un RPR frondeur.
| Groupes | 1973 | 1978 | Écart | |
|---|---|---|---|---|
| Gaullistes | 183 | 154 | -29 | |
| Centristes et libéraux | 119 | 123 | +4 | |
| Socialistes | 102 | 113 | +11 | |
| Communistes | 73 | 86 | +13 | |
| Non-inscrits | 13 | 15 | +2 | |
| Total | 491 | 491 | = | |
Conséquences
La majorité sortante est confortée, et Raymond Barre reconduit dans ses fonctions de Premier ministre. Comme aux lendemains des élections de , Valéry Giscard d'Estaing opère un vaste remaniement ministériel (). C'est le gouvernement Barre III qui gouvernera jusqu'à l'élection présidentielle de 1981. Ce nouveau gouvernement Barre déçoit le RPR qui espérait traduire sa prédominance au sein de la majorité par un rééquilibrage de l'équipe gouvernementale en sa faveur. Dans les mois qui suivent, les tensions vont grandir entre RPR et UDF notamment autour de la question européenne.
L'échec de la gauche aux élections législatives met un terme à l'aventure du Programme commun. Désormais, Parti socialiste et Parti communiste français poursuivent des trajectoires distinctes. Le PCF s'isole davantage en rompant avec l'eurocommunisme, en réaffirmant l'exemplarité de l'Union soviétique (soutien à l'intervention russe en Afghanistan en 1979, condamnation du boycott des JO de Moscou en 1980). Le Parti socialiste devient la première formation de gauche en France devant le PCF pour la première fois depuis 1945. Cependant, l'échec de la gauche aboutit à une remise en cause de la stratégie d'union de la gauche promue par François Mitterrand depuis le congrès d'Epinay (1971). Une opposition se développe au sein du Parti socialiste autour de Michel Rocard qui incarne le mieux cette deuxième gauche. Les tensions culminent au congrès de Metz (1979). D'autre part, la rupture de l'union de la gauche conduit le PS à renoncer au programme commun et adopte « Le projet socialiste pour la France des années 1980. »
Cette élection marque la fin d'une période de l'histoire de la Ve République, celle dans laquelle la majorité sortante est systématiquement reconduite. À partir de 1981, les majorités sortantes seront quasi-systématiquement sanctionnées, la pratique de l'alternance l'emportant. Pourtant, les élections de 1978 sont déjà annonciatrices de la période suivante dans la mesure où le pouvoir en place a été sanctionné et a failli perdre sa majorité parlementaire. Ces élections symbolisent ainsi le passage d'un vote de reconduction à un vote sanction.
Voir aussi
Articles connexes
Notes et références
Notes
- ↑ La croissance du PIB, s'après l'INSEE, est de 6,3 % en 1973. Elle est nettement inférieure en 1974 (4,3 %). Après une récession en 1975 (-1 %), elle s'établit à 4,3 % en 1976 puis 3,5 % en 1977.
- ↑ D'après l'INSEE, le taux de chômage s'établit à 1,9 % en mars 1973. À la fin de l'année, 1977, il est de 4,3 %.
- ↑ L’UDF est une confédération faisant cohabiter principalement la droite libérale (Parti républicain (PR) de Jean-Pierre Soisson qui a succédé aux Républicains indépendants en mai 1977) et le courant centriste (Centre des démocrates sociaux de Jean Lecanuet fondé en mai 1976, fusionnant ainsi le CD et le CDP). À ce couple fondamental, s’ajoutent trois petites formations : le Parti radical « valoisien » de Jean-Jacques Servan-Schreiber, les Clubs Perspectives et Réalité (fondés en 1966) et le Mouvement démocrate socialiste de France autour d’Émile Müller, candidat à l’élection présidentielle de 1974.
- ↑
« La campagne électorale s'achève. Demain vous remplirez votre devoir de citoyen et ferez votre choix. Ce choix est simple... Ici le communisme marxiste et les alliés qu'il s'est assurés ; là tous les autres... Dans le premier cas, il va de soi que la France est destinée à se couper de ses alliés et à cesser de participer activement à une véritable construction européenne, combien difficile, mais qui reste notre meilleure chance d'assurer notre indépendance et de préserver notre prospérité ; comme nous le constatons en ce moment même où c'est le seul moyen de défendre notre monnaie et notre plein emploi. »
— Georges Pompidou, le
- ↑ 10,4 % au RPR, 10,6 % au PR, 13,7 % au Parti radical, alors que la proportion est de 4,3 % au PS et nulle au PCF.
- ↑ 15,9 % des candidats RPR, 12,1 % des candidats PR, 15,8 % des candidats CDS, 14,7 % des candidats MRG, à égalité avec les cadres moyens pour ce dernier parti.
- ↑ Les données présentées sont extraites d'une étude de la SOFRES[37]
- ↑ Seule une petite minorité estime que la politique économique (16 %) et sociale (13 %) doit être l'apanage du chef de l'État. Les autres restant sans opinion.
- ↑ L'ensemble de ces résultats sont issus d'une enquête post-électorale réalisées par la SOFRES entre le 20 et le 30 mars 1978, sur un échantillon de 4 507 personnes. Les chiffres donnent certes une indication mais sont à relativiser car les réponses peuvent être influencées par les résultats du scrutin[38].
- ↑ Certains candidats CNIP ont été investis par l'UDF, bien que ce parti n'en soit pas une composante
- ↑ 103 candidats élus députés en 1962 dès le premier tour, 81 en 1967, 166 en 1968.
Références
- Accord électoral de la gauche pour le second tour des élections. Archives INA, lancement de Roger Gicquel, présentateur du 20 heures, texte de contextualisation de Judith Bonnin [1].
- ↑ Statista [2]
- ↑ Connaissance de l'Assemblée N° 8 : L'élection des députés (Octobre 1997), consulté le 12 juin 2022.
- "Les élections législatives de mars 1978 en métropole", par Nicolas Denis, dans la Revue française de science politique en 1978 [3]
- "Les candidats communistes aux élections législatives de 1973 et 1978", par Philippe Broyer, Didier Cassan,et Olivier Da Lage, dans la Revue française de science politique en 1979 [4]
- Interview de Jean Lecanuet, in Marianne - Le magazine de l'Union, octobre 1991, p. 62.
- ↑ Conférence de presse du 9 janvier 1973
- ↑ Déclaration reprise dans Le Monde des 4 et 22 mars 1978.
- ↑ Olivier Duhamel, « L’hypothèse de la contradiction des majorités », in Les Régimes semi-présidentiels
- ↑ « Texte du discours de Verdun-sur-le-Doubs », sur vie-publique.fr, (consulté le ).
- ↑ Le Point, 6 février 1978
- ↑ "Mémoires de nos années sombres", par La Blanche Hermine · 2020 aux Editions Librinova [5]
- ↑ "Gaullisme électoral et Ve République. Les élections en France depuis 1958 et la mutation du système politique", par Robert Ponceyri, en 1985 aux Presses de l'Institut d'études politiques de Toulouse [6]
- ↑ "La nostalgie de l'impuissance" par Maurice Duverger en 1988 aux Editions Albin Michel [7]
- ↑ "L’union sans unité Le programme commun de la gauche, 1963-1968", sous la direction de Danielle Tartakowsky et Alain Bergounioux, en 2019 aux Presses universitaires de Rennes [8]
- "Les élections législatives de 1978. Les années Giscard d'Estaing", Politique.net [9]
- ↑ "Note sur une règle peu connue du deuxième tour en régime majoritaire bipolaire", par Jean-Luc Parodi, dans la Revue française de science politique en 1978 [10]
- ↑ Témoignage de Pierre Mauroy extrait du Colloque « L’union sans l’unité. Le Programme commun de la gauche, 1963-1978 », Pantin, 19-20 mai 2010.
- ↑ Discours du « bon choix », 27 janvier 1978, Verdun-sur-le-Doubs
- ↑ Émission télévisée L'Événement, le 28 janvier 1978. François Mitterrand est interviewé par le journaliste Patrice Duhamel au sujet du discours du président de la République à Verdun-sur-le-Doubs.
- ↑ « De l'alternance à la cohabitation ou l'énigme résolue de la constitution », Olivier Duhamel, in Revue française de science politique, 1984
- ↑ Lettre de Michel Debré, mai 1977
- ↑ Campagne télévisée officielle, le 2 mars 1978.
- ↑ Campagne électorale officielle à la télévision, le 9 mars 1978
- ↑ Déclaration de Patrick Devedjian lors de la campagne électorale officielle à la télévision, le 9 mars 1978.
- ↑ Émission Cartes sur table, le 1er février 1978.
- Campagne électorale officielle télévisée, le 10 mars 1978.
- (en) Jeff Bridgford, « The ecologist movement and the French general election 1978 », Parliamentary Affairs, vol. XXXI, no 3, , p. 314–323 (ISSN 1460-2482 et 0031-2290, DOI 10.1093/oxfordjournals.pa.a054268, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Alain Lancelot, analyse Cevipof, septembre 2009[11]
- Stéphane Monet, Bertrand Renouvin, Nicolas Lucas, le philosophe et essayiste Gérard Leclerc, Régine Denis-Judicis, Philippe Cailleux, Michel Giraud, Patrick Simon.
- Meeting au Havre, le 15 février 1978, en soutien aux dix candidats présentés sous l'étiquette Front national en Seine-Maritime.
- ↑ Ces chiffres, et les suivants sont extraits de l'article "Sociologie des candidats aux élections législatives de mars 1978", (Gilles Fabre-Rosane, Alain Guédé), Revue française de science politique, 28e année, no 5, 1978. p. 840-858.
- "Les sondages et l'avance de la gauche" par Alain Duhamel, dans Le Monde du 13 mars 1978 [12]
- ↑ Le Monde du 22 mars 1977
- ↑ "Vigreux, Jean. « Le PCF et les élections municipales de 1977 ». Les élections municipales de 1977, édité par Matthieu Boisdron et Michel Catala, Presses universitaires de Rennes, 2020 [13]
- "Les intellectuels contre la gauche. Chapitre V. Le triomphe de l’antitotalitarisme. Les « nouveaux philosophes » et leurs interlocuteurs", par Michael Scott Christofferson, professeur d’histoire contemporaine à Adelphi University (New York) en 2014 [14]
- ↑ SOFRES, L'opinion française en 1977, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1978
- ↑ Capdevielle J., Dupoirier E., Grunberg G. et al, France de gauche, vote à droite ?, Paris, Presses de la Fondation nationale de sciences politiques, 1988, 2e éd. 368 p.
- ↑ « La répartition des sièges selon le Ministère de l'Intérieur », Le Monde, , p. 5
- ↑ Les Élections sous la Ve République, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1983
- ↑ D'après Lutte de classe no 52, avril 1978, revue de Lutte ouvrière. L'ensemble des chiffres concernant les scores de l'extrême gauche proviennent de cette source.
- ↑ Émission Cartes sur table, 15 février 1978
- Daniel Boy, Le vote écologiste en 1978. Revue française de science politique, 31e année, no 2, 1981. p. 394-416.
- ↑ Soirée électorale Antenne 2, le 12 mars 1978, en direct de Château-Chinon
- ↑ « Les élections législatives de mars 1978 en métropole », Nicolas Denis, in Revue française de science politique (1978)
- ↑ « Dix-huit femmes dans la nouvelle assemblée », Le Monde, , p. 11
- ↑ « Les données des élections - data.gouv.fr », sur www.data.gouv.fr (consulté le )
- ↑ "Seine-Saint-Denis. Chantiers et mémoires" en 1998 aux Editions Jacques Girault [15]
- ↑ Le Monde du 21 mars 1978, p. 1
Voir aussi
Bibliographie
- Dominique Albertini et David Doucet, Histoire du Front national, Tallandier,
- Serge Bernstein et Jean-François Sirinelli, Les Années Giscard : 1978-1981 : les institutions à l'épreuve ?, (Armand Colin,
- (en) Raymonde A. Bulger, « The Defeat of the Left in the French Elections of 12 and 19 March 1978 », Proceedings of the Western Society for French History, vol. 7, , p. 178–184 (lire en ligne).
- Revue française de science politique, vol. 28, , chap. 6.
- Cahiers du communisme : Élections - 1re analyse des résultats, , chap. 4
- Les Élections législatives de mars 1978 : La Défaite de la Gauche, Le Monde, Dossiers et documents
- Les élections législatives vues par la presse régionale, Parole et société, , chap. 2
- Jacques Capdevielle, Élisabeth Dupoirier, Gérard Grunberg et Colette Ysmal, France de gauche, vote à droite ?, Presses de Science Po,
- Annie Collovald, Jacques Chirac et le gaullisme, Belin,
- Maurice Duverger (dir.), Les régimes semi-présidentiels, PUF,
- Laurent Jalabert, Gaullistes dans l'Ouest atlantique : Dans les élections législatives de 1958 à 1981, Presses universitaires de Rennes,
- Alain Lancelot, Les Élections sous la Ve République, coll. « Que sais-je ? »,
- Danielle Tartakowsky (dir.) et Alain Bergounioux (dir.) (préf. Claude Bartolone), L'union sans unité : le programme commun de la gauche, 1963-1978, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 307 p. (ISBN 978-2-7535-1974-9, lire en ligne).
- Alexis Massart, L'Union pour la démocratie française (UDF), L'Harmattan,
Articles connexes
- Assemblée nationale
- Élections législatives en France
- Résultats par département des élections législatives françaises de 1978
Liens externes
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