Édith Fuchs
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 (à 82 ans) 14e arrondissement de Paris | 
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Édith Fuchs, née le à Amiens et morte le à Paris[1], est une philosophe française spécialiste de la pensée allemande[2]. Elle a proposé la notion d'« idéologie philosophique »[1] pour étudier les productions intellectuelles ayant contribué au triomphe du nazisme et à la mise en œuvre à la Shoah et dont l'aura persiste au sein de la pensée contemporaine[3].
Elle a également consacré une partie importante de son travail à la réfutation des contestations des droits de l'homme et s'est livrée, à l'instar de Francis Wolff, à une vigoureuse défense de l'universalisme[4]. Enfin, elle a fourni, dans la lignée de Mireille Delmas-Marty[5], une analyse rigoureuse des catégories du droit pénal international[6].
Biographie
Édith Fuchs est née le à Amiens et morte le à Paris[7]. C'est une rescapée[8]. Normalienne et agrégée de philosophie, elle a été professeur en classes préparatoires. Avant de terminer sa carrière au lycée Claude Monet à Paris, elle a enseigné aux écoles normales d'Amiens et des Batignolles, aux lycées de Rethel et de Gaillac, un an à Toulouse puis en classes préparatoires à Antony et Saint-Germain-en-Laye. Elle a conjointement été maîtresse de conférence à l'IEP de Paris pendant 7 ans[9]. Elle s'est consacrée, à partir des années 2000, à un retour sur son histoire et sur l'ensemble des questions liées à la destruction des juifs d'Europe selon ce qu'elle considérait comme un « devoir de piété »[10].
Travaux
Édith Fuchs s’est plus particulièrement consacrée à l’étude des racines intellectuelles et morales du nazisme dans la pensée allemande[11], notamment dans l’œuvre de Friedrich Nietzsche et de Oswald Spengler et à la persistance dans ce courant dans la pensée de Martin Heidegger et Hannah Arendt, objet dorénavant d'une forme d'adulation[12].
Elle a activement participé à la discussion autour de l'expression « banalité du mal »[13] et insisté sur l’étude du contenu des formations idéologiques et notamment de Mein Kampf[14]. Elle commente des extraits de ce dernier ouvrage, soutenant qu'il mobilise une « rhétorique recyclée » et qu'il est un « instrument contre l'esprit des Lumières »[15].
Le 21 janvier 2017, elle intervient à la suite d'une conférence d'Elhanan Yakira sur la philosophie de Spinoza et son rapport à la religion. Elle publie dans le même temps sa traduction de l'ouvrage Spinoza : La cause de la philosophie, écrit par Elhanan Yakira[16].
En octobre 2017 paraît le numéro 207 de la Revue d'histoire de la Shoah, coordonné par Édith Fuchs, sur le thème « Des philosophes face à la Shoah »[17].
En 2021, elle a republié une présentation raisonnée et analytique du Mein Kampf d'Hitler avec traduction d'extraits significatifs publiée en 1933 par Charles Appuhn[18].
Elle s’est intéressée au rôle de l’écriture littéraire et de la philosophie dans l’appréhension de la Shoah[19].
Elle a, en réponse, livré enfin une défense de l’humanisme[20] à travers une défense des Humanités et du rôle crucial de l’Instruction publique[9], et de la défense et de l'explicitation des fondements universels du droit international pour la prévention des génocides et des crimes contre l’humanité[21].
Distinction
- Prix Osiris 2011 de l'Académie des sciences morales et politiques de l’Institut de France présidée alors par Jean Baechler pour son livre Entre chiens et loups[22].
Publications
- Édith Fuchs (préf. Bernard Bourgeois), Entre chiens et loups : Dérives politiques dans la pensée allemande du XXe siècle, Paris, Éditions du Félin, 539 p. (ISBN 9782866457112).
- Édith Fuchs, « Entre témoignage et histoire : Saint-Denis-lès-Sens, 1940-1942 », Revue d'Histoire de la Shoah, vol. 2, no 199, , p. 445-456 (ISSN 2111-885X, e-ISSN 2553-6141, lire en ligne, consulté le ).
- Édith Fuchs (préf. Emmanuel Faye), Écritures d'Auschwitz : Défiguration et transfiguration de l'histoire, Paris, Delga, , 252 p. (ISBN 9782915854626).
- Édith Fuchs, L'humanité et ses droits, Paris, Kimé, , 160 p. (ISBN 9782841749799).
- Édith Fuchs, « Des philosophes face à la Shoah », L'Enseignement philosophique, vol. 3, no 68, , p. 49-54 (ISSN 0986-1653, e-ISSN 2801-216X, lire en ligne, consulté le ).
- Préface et traduction
- Charles Appuhn (préf. Édith Fuchs), Hitler par lui-même, Paris, Kimé, coll. « Philosophie en cours », (1re éd. 1933), 162 p. (ISBN 9782380720075).
- Elhanan Yakira (trad. Édith Fuchs), Spinoza : La cause de la philosophie, Paris, Vrin, coll. « Bibliothèque d'histoire de la philosophie », , 376 p. (ISBN 9782711627318).
Notes et références
- ↑ Relevé des fichiers de l'Insee
- ↑ Franck Lelièvre, « Édith Fuchs, la cause de la philosophie », dans Défendre l'humanité après la Shoah, une invitation à la lecture d’Édith Fuchs, Paris, Pont-9, , 332 p., p. 235 à 287.
- ↑ Emmanuel Faye, « Humanité et philosophie, deux défenses conjointes », dans F Lelièvre (collectif), Défendre l'humanité, Pont-9, p. 74 à 93.
- ↑ Lelièvre 2021.
- ↑ Mireille Delmas-Marty, Le relatif et l'universel, Paris, Le Seuil, , 437 pages.
- ↑ Gérald Sfez, « Droits et devoirs de l’humanité : partir de l’inhumain ? », dans F. Lelièvre (collectif), Défendre l'humanité, p. 156 à 195.
- ↑ « Édith Fuchs. Hommage », sur www.tribunejuive.info, (consulté le ).
- ↑ Fuchs 2013.
- Jean-Michel Muglioni, « Édith ou le courage de philosopher », dans F. Lelièvre (collectif), Défendre l'humanité, p. 49 à 61.
- ↑ Georges Bensoussan, « Pour Édith », dans F. Lelièvre (collectif), Défendre l'humanité (lire en ligne), p. 13 à 18.
- ↑ Sidonie Kellerer, « Reinhart Koselleck : critique rationaliste du rationalisme critique ou stratège de l’hégémonie culturelle ? », dans F. Lelièvre (coll), Défendre l'humanité, p. 94 à 132.
- ↑ Bernard Bourgeois, « Préface », dans Édith Fuchs, Entre chiens et loups, Paris, Le Félin, , 541 p., p. 9 à 11.
- ↑ Michelle-Irène Brudny (dir.) et Jean-Marie Winkler (dir.), Destins de « la banalité du mal », Paris, Éditions de l'éclat, coll. « Bibliothèque des fondations », , 208 p. (ISBN 9782841622283).
- ↑ Les philosophes face au nazisme. Avant, pendant, après Auschwitz.
- ↑ Édith Fuchs, « Mein Kampf : extraits commentés », sur www.philomag.com, (consulté le ).
- ↑ Elhanan Yakira, « Spinoza : l'énigme », sur www.sofrphilo.fr, (consulté le ).
- ↑ « Des philosophes face à la Shoah », sur www.memorialdelashoah.org, (consulté le ).
- ↑ Franck Lelièvre, « Spinoza et la connaissance du nazisme par les causes », dans Défendre l'humanité, p. 258 à 267.
- ↑ Robert Lévy, « Vladimir Jankélévitch, l'exception », dans F. Lelièvre (collectif), Défendre l'humanité, p. 19 à 32.
- ↑ Francis Wolff, « Figures de l’anti-humanisme », dans F Lelièvre (collectif), Défendre l'humanité, p. 137 à 155.
- ↑ « Captation vidéo, Journée d'hommage Maison Heine, 2 octobre 2023. »
- ↑ « Prix Osiris décerné à Édith Fuchs par l'Académie des Sciences morales et politiques ».
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Franck Lelièvre (dir.), Défendre l'humanité après la Shoah : Une invitation à la lecture d'Édith Fuchs, Paris, Au Pont 9, , 336 p. (ISBN 9782494675230, lire en ligne).
- Franck Lelièvre, « Édith Fuchs 2020, L'humanité et ses droits », sur philosophie.ac-normandie.fr, (consulté le ).
- « Édith Fuchs. Hommage », sur Tribune Juive, (consulté le ).
Liens externes
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